Thèmes philosophiques
Thèmes philosophiques
Ressources pédagogiques pour l'enseignement de la religion protestante au niveau secondaire
DROIT R-P, « Philosophies d’ailleurs. Tome 1. Les pensées indiennes, chinoises et tibétaines », éd. Hermann, 2009
Son nom vient du grec ancien, mais la philosophie n’est pas une spécificité unique de la culture de la Grèce antique. Au contraire, les Grecs eux-mêmes considéraient que la philosophia venait d’ailleurs, et qu’ils n’étaient pas les inventeurs de cette forme de pensée. Tout au long de l’histoire occidentale s’est maintenue cette conviction : les autres aussi sont philosophes. C’est seulement à la fin du XIXe siècle que la pensée occidentale s’est refermée sur elle-même, délaissant les perspectives théoriques étrangères au profit de la seule tradition gréco-latine. Cette anthologie rassemble des extraits de textes philosophiques essentiels des grandes civilisations indienne, chinoise, tibétaine, juive, arabe, persane et égyptienne. Ces textes, presque tous traduits pour la première fois en français et regroupés selon leur langue d’origine, permettent de découvrir les lignes de force de ces philosophies d’ailleurs tout en révélant leur tonalité particulière.
Présentés par d’éminents spécialistes internationaux réunis spécialement sous la direction de Roger-Pol Droit, ces corpus sont éclairés par des études de synthèse et accompagnés de notes, glossaires et références mettant à disposition du lecteur les moyens d’approfondir les sujets de son choix.
BALLANFAT Marc, “Introduction aux philosophies de l'Inde”, Ellipses, 2002
Qu'attendre d'une introduction aux philosophies de l'Inde ? D'abord, qu'elle donne des repères, qu'on appelle ici « plans », qu'elle fournisse des outils, les « concepts », et qu'elle fasse penser en posant des « problèmes ». On prend conscience alors de l'unité et de la diversité des argumentations indiennes, unité parce qu'elles utilisent des schémas conceptuels communs, dont certains sont présentés ici dans leurs grandes lignes, diversité parce que cela n'exclut pas que différents points de vue demeurent possibles et légitimes. Enfin, les extraits de textes traduits et commentés complètent cette présentation en permettant au lecteur de se confronter à la difficulté d'une pensée autre.
LALOUETTE Chr., “Sagesse sémitique. De l’Egypte ancienne à l’Islam”, Albin Michel, 1998
Parlant des langues aux racines identiques, les Sémites ont développé des conceptions très proches du monde, de la divinité et de la société dans des textes qui déploient un même imaginaire, un même sens poétique. Dans cet ouvrage, Claire Lalouette essaye de définir, autour de grands thèmes spirituels (création, homme, divinité, etc.) ce qui constitue la conscience générale sémitique ; elle tente d'établir le large fonds commun de pensées inhérent à tous les peuples du Proche-Orient ancien, descendants de Sem, fils de Noé. Claire Lalouette est ancien membre scientifique de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire et professeur émérite à la Sorbonne. Elle est l'auteur d'un grand nombre de livres sur l'Egypte, qui font autorité.
MEYNET R., L. Pouzet, N. Farouki et A. Sinno, « Rhétorique sémitique : Textes de la Bible et de la Tradition musulmane », éd. du Cerf, 1998
L'analyse rhétorique est une nouvelle méthode exégétique qui s'attache à relever les figures de composition proprement sémitiques mises en oeuvre dans les textes de la Bible, parce qu'elles ouvrent la porte du sens. C'est la première fois qu'elle est appliquée à des textes de la tradition islamique.
LASZLO Pierre, “Terre & eau, air & feu”, éd. Le Pommier, (2000) 2009, 244p. (version poche)
Pourquoi l’eau est-elle bleue ? la terre a-t-elle une mémoire ? le sable chaud sent-il bon ? Les quatre éléments nous sont familiers et pourtant que savons-nous de leur histoire, de leur composition chimique, et de toutes les merveilles qu’ils ont inspiré aux artistes, aux philosophes et aux scientifiques ? Eau, air, terre et feu, voici de vieux compagnons. Depuis Empédocle et Aristote, ils structurent nos tentatives d’explications de la nature et nos perceptions les plus diverses. Après les philosophes, les scientifiques ont décrypté les ressources et les qualités du monde réel pour répondre à nos interrogations : qu’est-ce qu’une flamme ? d’ou provient l’odeur de terre fraîchement remuée ? comment découvre-t-on de nouveaux antibiotiques pour combattre les microbes ? comment s’effectue la lente élaboration d’un sol ? et tant d’autres questions aussi fondamentales ! L’auteur raconte de vraies histoires, toujours inattendues, souvent palpitantes car nourries de faits surprenants au sujet de la nature et des particules qui la peuplent. L’ouvrage, paru en 2000 au Pommier, dans une version illustrée, est épuisé. Cette version est très largement augmentée (1/3 environ) avec des thèmes comme l’odeur de la pluie ou l’eau changée en air. Pierre Laszlo est docteur en chimie. Professeur honoraire de l’université de Liège, il a enseigné dans un grand nombre de pays, et notamment à Paris, à l’École polytechnique. Il est l’auteur de nombreuses publications scientifiques à l’intention du grand public, notamment, au Pommier, Le Phénix et la Salamandre (2004), Copal, Benjoin (2007), et plusieurs Petites Pommes dans la collection « Les Petites Pommes du Savoir ». Il a reçu plusieurs distinctions scientifiques, en particulier le prix de l’Académie des Sciences (1981) et le Prix Maurice Pérouse de la Fondation de France pour l’ensemble de son œuvre de popularisation de la science (1999).
DELRUELLE Edouard, « Métamorphoses du sujet. L'éthique philosophique de Socrate à Foucault », 2e éd., éd. De Boeck, 2004, 323p. (Le point philosophique)
Quelles sont les formes par lesquelles un individu se pense et se reconnaît comme sujet ? A travers quelles modalités part-il à la recherche de soi-même ? Quelles expériences opère-t-il sur lui-même pour donner sens à son existence ? Telles sont les questions soulevées par l'éthique philosophique, auquel cet ouvrage propose d'introduire le lecteur. Métamorphoses du sujet : ce titre doit donc s'entendre au double sens où chaque philosophie est l'expérience d'une métamorphose intérieure du sujet, et où l'histoire de la philosophie est l'histoire des différentes métamorphoses du sujet dans notre culture, de Socrate et Platon à Nietzsche et Sartre.
Cette histoire est celle du passage de notre culture de l'hétéronomie à l'autonomie. Avec l'invention de la philosophie, le sens de l'existence ne provient plus d'une source radicale d'altérité (Dieu ou les dieux), mais s'alimente à une libre recherche fondée sur le dialogue ... Quelles sont les formes par lesquelles un individu se pense et se reconnaît comme sujet ? A travers quelles modalités part-il à la recherche de soi-même ? Quelles expériences opère-t-il sur lui-même pour donner sens à son existence ? Telles sont les questions soulevées par l'éthique philosophique, auquel cet ouvrage propose d'introduire le lecteur. Métamorphoses du sujet : ce titre doit donc s'entendre au double sens où chaque philosophie est l'expérience d'une métamorphose intérieure du sujet, et où l'histoire de la philosophie est l'histoire des différentes métamorphoses du sujet dans notre culture, de Socrate et Platon à Nietzsche et Sartre.
Cette histoire est celle du passage de notre culture de l'hétéronomie à l'autonomie. Avec l'invention de la philosophie, le sens de l'existence ne provient plus d'une source radicale d'altérité (Dieu ou les dieux), mais s'alimente à une libre recherche fondée sur le dialogue et la critique.
Mais est-il vraiment possible, sans garantie transcendante, de donner sens à notre vie ? Ne sommes-nous pas alors condamnés à une existence médiocre, limitée à la satisfaction des intérêts de notre ego ? L'éthique philosophique fait le pari qu'il est possible de s'arracher à la médiocrité de la vie de tous les jours, sans céder à la tentation de faire de ce travail la quête d'une transcendance illusoire. Ni platitude ni transcendance, tel est l'enjeu de la philosophie.
La nouvelle édition de cet ouvrage qui embrasse toute l'histoire de la philosophie intéressera particulièrement les étudiants des 1er et 2e cycles universitaires ainsi que les élèves du secondaire supérieur.
TALEB Nassim Nicholas, « Le Cygne noir. La puissance de l'imprévisible », éd. Les Belles Lettres, 2008, 496p.
Quel est le point commun entre l'invention de la roue, Pompéi, le krach boursier de 1987, Harry Potter et Internet ?
Pourquoi ne devrait-on jamais lire un journal ni courir pour attraper un train ? Que peuvent nous apprendre les amants de Catherine de Russie sur les probabilités ? Pourquoi les prévisionnistes sont-ils pratiquement tous des arnaqueurs ? Ce livre révèle tout des Cygnes Noirs, ces événements aléatoires, hautement improbables, qui jalonnent notre vie : ils ont un impact énorme, sont presque impossibles à prévoir, et pourtant, a posteriori, nous essayons toujours de leur trouver une explication rationnelle. Dans cet ouvrage éclairant, plein d'esprit et d'impertinence, Taleb nous exhorte à ne pas tenir compte des propos des « experts », et nous montre comment cesser de tout prévoir ou comment tirer parti de l'incertitude.
Libano-américain, Nassim Nicholas Taleb est écrivain et philosophe des sciences du hasard. Depuis 2007, il est l'essayiste le plus lu et le plus traduit dans le monde. Ancien trader des marchés, Taleb se consacre aujourd'hui à l'écriture et enseigne les rapports entre l'épistémologie et les sciences de l'incertitude à l'Institut polytechnique de la New York University où il a reçu le titre prestigieux de distinguished professor. Best-seller traduit en vingt-cinq langues, son premier ouvrage, Le Hasard sauvage a paru aux Belles Lettres en 2005.
DROIT R-P, « dernières nouvelles des choses », éd. Odile Jacob, 2003
Avez-vous déjà remarqué qu'un trousseau de clés ou un réverbère peuvent parler d'amour ? Saviez-vous que le lave-linge enseigne la migration des âmes, et le chariot de supermarché la confusion des sentiments ? Avez-vous jamais entrevu la métaphysique de la poubelle, la sagesse du parapluie, la révolution de l'aspirateur ? Regardez autour de vous. Il n'y a pas que les êtres humains dans la vie ! Faites l'expérience philosophique des choses ordinaires. Découvrez qu'elles sont capables d'étonner, d'affoler, d'apaiser. De l'attention, un certain humour, un rien de folie vous indiqueront un chemin pour voir les choses autrement.
BOIA Lucian, "L’Occident. Une interprétation historique », Les Belles Lettres, 2007
Il y a mille ans, la civilisation occidentale naissait de l’anarchie provoquée par la chute de l’Empire romain d’Occident. Quelles chances avait ce monde frustre de paysans et de guerriers, loin de l’éclat raffiné de la Chine et de Byzance ? Apparemment, aucune. L’Occident pauvre et grossier a pourtant conquis le monde, inventé la technologie et changé le destin de l’humanité.
Lucian Boia raconte les raisons multiples, fortuites et parfois incongrues d’un triomphe inespéré, de l’aménagement agraire à la philosophie chrétienne et au mythe du Progrès. La grande originalité du modèle occidental ? Privilégier le changement et le perfectionnement. Dès les premières innovations technologiques du Moyen-Âge, en passant par les grandes découvertes et la Révolution industrielle, et jusqu’à l’actuelle mondialisation, l’Occident n’a pas cessé de diversifier, synthétiser et accélérer ses propres composants, réunissant l’intérêt et l’idéal, l’espérance et le désespoir, le mépris de l’autre et l’affirmation de la dignité humaine. De ces contradictions est né le monde où nous vivons.
ANDRIEU Bernard, « La neurophilosophie », PUF / Que sais-je ?
La " neurophilosophie " - néologisme apparu dans les années 1980- recherche la fusion entre les sciences exactes et les sciences humaines. Ce faisant, elle semble souvent réduire l'homme à son cerveau. Cette approche réductrice ne doit pas empêcher le philosophe de dégager un autre matérialisme : celui qui, depuis Diderot, comprend l'homme comme un corps dynamique et sensible au monde. Le rêve de la science unifiée, s'il est une illusion, vise notre analyse de la matière vivante, notre manière de comprendre comment la matière produit de l'homme. Cet ouvrage, en menant l'étude critique de la notion de " neurophilosophie " établit les conditions d'un dialogue fécond entre la philosophie et les neurosciences.
STUCKI Pierre-André, « Les leçons de l'existentialisme », Labor et Fides, 1992, 100 p.
Notre vie ne peut recevoir son sens que par un changement qui se produit en nous, soudain, et par lequel nous nous trouvons, pour un temps, libérés du désespoir. Ce sont les existentialistes qui ont rendu attentif l’auteur à l’importance de la question du sens.
Pierre-André Stucki enseigne la philosophie à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Neuchâtel. Il a également publié chez Labor et Fides : “Le protestantisme et la philosophie”, 1999.
RICOEUR Paul, « Le Mal. Un défi à la philosophie et à la théologie », Labor et Fides, 2004, 72 pages
D’où vient le mal ? D’ou vient que nous fassions le mal ? Chez Paul Ricœur, méditer le mal, c’est dire une faille. Car la liberté de l’homme est sommée à exister devant le mal. Ce petit texte, issu d’une conférence donnée à Lausanne en 1985, compte dans l’immense œuvre de ce philosophe qui ne se dit pas théologien, mais dont la pensée fait volontiers quelques cousinages avec certains aspects du protestantisme. Un homme qui a pensé la vulnérabilité au mal moral avec une profondeur et une délicatesse exemplaires.
DUBOS Nicolas, « Le mal extrême. La guerre civile vue par les philosophes », CNRS, 2010, 374p.
La guerre civile est-elle encore, pour reprendre Pascal, « le plus grand des maux » ? Après l’expérience des génocides, a-t-elle perdu la primauté dans l’échelle du malheur ? Est-elle le signe de la barbarie ou simplement l’effet d’institutions délétères ? Crime contre la cité, théâtre d’une cruauté qui se déchaîne, peut-elle aussi prendre la forme d’un engagement civique ? Ne faut-il pas, en effet, préférer la guerre civile au despotisme ? De Thucydide à Carl Schmitt en passant par Platon, Aristote, Cicéron, Machiavel, Bacon, Hobbes, Rousseau, Kant, Marx, les auteurs réunis dans ce volume interrogent la guerre civile dans ses dimensions philosophiques, morales et théologiques. Mais ils questionnent aussi, par-delà bien et mal, l’aptitude des hommes à construire des communautés de vie et à les faire durer. Une anthologie stimulante des pages noires de la pensée politique. Le premier recueil de textes philosophiques sur un mal qui n’en finit pas d’interroger notre inhumaine humanité.
JACOB Pierre, « L'Intentionnalité. Problèmes de philosophie de l’esprit », éd. O. Jacob, 2004, 304p.
Le concept d’intentionnalité désigne la capacité de viser mentalement des objets et de se représenter mentalement des états de choses. Ce livre analyse les problèmes soulevés par l’introduction du concept d’intentionnalité dans la philosophie contemporaine. Il montre d’abord comment la philosophie du langage du XXe siècle a tenté de résoudre les énigmes logiques et ontologiques engendrées par la définition de l’intentionnalité. Il montre ensuite que la question centrale de la philosophie de l’esprit du XXe siècle a été de savoir si l’intentionnalité est la caractéristique distinctive des phénomènes mentaux et d’eux seuls.
BENOIST Jocelyn, « Sens et sensibilité. L'intentionalité en contexte », éd. du Cerf, 2009, 327p.
Un livre d'exercices de détermination de l'intentionnalité en contexte où l'on voit l'auteur suivre les traces de Merleau-Ponty. Compte-rendu par Hicham-Stéphane AFEISSA sur http://www.nonfiction.fr/article-2280-p4-le_monde_en_un_regard.htm
AUFFRET Frédéric, « L’incompréhensible est-il inconcevable ? », éd. Pleins Feux, 2009, 48p. (Lundi philo)
L'auteur dresse un état des lieux des limites de la connaissance humaine à travers les trois expressions grandioses caractéristiques de la créativité : l'art, la religion et la littérature.
DAMASIO Antonio R., « L' Autre moi-même. Les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des émotions », éd. Odile Jacob, 2010, 416p.
« Mon âme est un orchestre caché, écrivait le poète Fernando Pessoa. Je ne me connais que comme symphonie. » D’où vient donc cette musique si particulière qui se joue en nous et nous accompagne à chaque moment ? D’où vient que nous soyons des êtres conscients, éprouvant toujours, dès que nous ouvrons les yeux et quoi que nous fassions, le sentiment inébranlable d’être toujours les mêmes ? Et quels sont, au tréfonds de nos cellules, les mécanismes qui permettent l’émergence de ce qu’il y a de plus humain en nous, nos sentiments, nos pensées, nos créations ?
GOLDBETER Albert, « La Vie oscillatoire. Au cœur des rythmes du vivant », éd. Odile Jacob, 2010, 368p.
Respiration, battements du cœur, cycle du sommeil, ovulation… La vie serait-elle rythme avant toute chose ? Une valse à trois temps qui se danserait sur des tempos plus ou moins lents dans chaque recoin de l’organisme ? Albert Goldbeter présente dans ce livre la première synthèse des connaissances sur les rythmes observés aux différents niveaux de l’organisation biologique et médicale. De l’horloge circadienne qui permet l’adaptation à l’alternance du jour et de la nuit jusqu’à la floraison ou aux migrations qui se synchronisent avec le cycle des saisons. De l’horloge qui contrôle le cycle de division cellulaire jusqu’aux oscillations qui assurent le succès de la fécondation et du développement embryonnaire. Du cerveau qui produit les rythmes neuronaux et sécrète des hormones de manière pulsatile jusqu’aux troubles bipolaires ou aux variations cycliques du poids. Par-delà les différences de mécanisme et de période, Albert Goldbeter met en lumière la profonde unité des rythmes du vivant. En prolongeant les recherches d’Ilya Prigogine, il contribue à élucider le mystère de la vie, qui ne cesse de se produire et de se reproduire. Albert Goldbeter est professeur à la faculté des sciences de l’Université libre de Bruxelles et membre de l’Académie royale de Belgique, dont il dirige actuellement la classe des sciences. Il vient d’obtenir le Prix quinquennal du Fonds national de la recherche scientifique belge pour les sciences exactes fondamentales.
MORALES Gérald, « L'Écriture du réel. Pour une philosophie du sujet », éd. du Cerf, 2010, 192p. (La Nuit Surveillée)
La préoccupation de l'auteur est ici de démontrer qu'il est possible de conceptualiser une écriture du réel qui ne doit rien à ce que l'on entend communément par « réalité ». Si la réalité se définit comme « ce qui est », le réel, lui, est hors monde, avant l'émergence du signifiant et du langage. Les études des œuvres de Pierre Guyotat et de Bernard Réquichot soutiennent qu'une écriture est possible sans céder à une signification immédiate. Elle s'origine dans le corps et se fabrique à partir d'un impensé dont la coloration est l'angoisse. Ce n'est donc pas un hasard si un rapport s'établit entre le trait de la lettre et la consistance d'un sujet. Deux extrêmes fondent ce rapport : les premiers signes écrits des grottes préhistoriques et la production esthétique rencontrée dans la clinique de la psychose. De tout cela, il ressort une théorie du sujet qui doit plus à une ontologie de l'accident qu'à une permanence de l'être.
GUARDINI Romano, « La Polarité. Essai d'une philosophie du vivant concret », éd. du Cerf, 2010, 208p. (La Nuit Surveillée)
Après que nous avons longtemps vécu de formules, la réalité nous redevient aujourd'hui visible. Un monde de qualités, de figures et d'événements. Le monde de la chose. Tout dépend de notre capacité à nous ouvrir pleinement aux choses, en les contemplant, les sentant, les saisissant, et de notre capacité à réellement rencontrer le monde, par la connaissance, l'évaluation, la décision, l'action et la création. Mais si les systèmes mécaniques de concepts s'effondrent, nous pouvons craindre de nous perdre dans la profusion des choses. Il importe certes de se débarrasser du système mécanique qui nous éloigne de la réalité, mais surtout de découvrir son équivalent plus noble et vivant : le sens du charnel. À condition d'être comprise en toute sa profondeur, l'idée de polarité peut y parvenir. Grâce à elle, le réel devient pour nous un espace habité par une profusion de figures de sens que nous pouvons nous approprier, sans pour autant nous y égarer. À côté de ses écrits théologiques et spirituels, Romano Guardini (1885-1968) a laissé une importante œuvre philosophique qu'on redécouvre aujourd'hui. Lui-même n'a cessé d'affirmer que son esquisse d'une philosophie du vivant-concret, dont on trouve ici la première traduction en langue française, est la meilleure introduction au cœur de sa pensée.
PONNIER Jacques, « L’Autre en question. Approches philosophiques et psychanalytique de la différence », éd. Economica, 2010, 224p.
L’autre, à côté de moi ou face à moi, maître de moi ou soumis à moi, m’aimant ou me haïssant, a pris, en philosophie, tous les visages : simple corps dans la nature (matérialisme), sujet raisonnable comme moi (idéalisme), centre de perspective « apparié » et complétant mon monde (Husserl), regard absolument autre me chosifiant (Sartre), ou visage offert et insaisissable me signifiant le commandement éthique (Levinas). Plus on s’éloignait de la source grecque, plus l’autre se faisait absolu. Elle, surtout, à sa place imposée par lui, entre divinité de glace et chair obscène. Mais comment me penser sans un semblable capable de me reconnaître ? Penser avec Freud, c’est traverser la reprise lacanienne du motif de l’absolument Autre et en revenir à la notion d’un « non moi » différent de moi mais d’une altérité relative et réductible par la connaissance et d’un autrui, elle ou lui, qui ne cesse de se faire, par son histoire, également semblable et également autre. Parcours à méditer par nos joyeux postmodernes de l’ère du vide qui méprisent l’idée d’humanité au nom de l’individu incomparable et proclament le droit à l’altérité pour mieux se moquer des autres.
KARLI Pierre, « Le Besoin de l’autre. Une approche interdisciplinaire de la relation à l’autre », éd. O. Jacob, 2011, 272p.
La relation à l’autre, avec sa dynamique affective, a joué un rôle essentiel dans la co-évolution biologique et socioculturelle de notre espèce et anime tout autant le développement bio-psycho-social de chacun de ses membres. L’homme est à la fois créature et créateur de la culture, car il s’en nourrit en même temps qu’il l’alimente et qu’il la transmet de génération en génération. Dans ce dialogue du singulier et du collectif, le cerveau humain joue le rôle d’agence centrale de médiation, d’intégration, d’unification et d’adaptation.
PATOU-MATHIS Marylène, « Le Sauvage et le Préhistorique, miroir de l’homme occidental. De la malédiction de Cham à l’identité nationale », éd. O. Jacob, 2011,
« Vu d’Occident, l’Autre a deux visages : le Sauvage – l’Autre dans l’espace – et le Préhistorique – l’Autre dans le temps. Ce livre entend montrer comment ces « imaginaires cousins », qui se sont rejoints et superposés au XIXe s., se sont forgés dans les cercles érudits à partir des récits de voyageurs et des théories scientifiques, puis diffusés dans les milieux populaires grâce aux magazines illustrés, aux romans, aux expositions universelles ou coloniales et aux musées. Avec toujours en contrepoint l’Homme occidental, à la fois fasciné et rempli de préjugés.
MERLINI Fabio, « L'Époque de la performance insignifiante. Réflexions sur la vie désorientée », éd. du Cerf, 2011, 208p.
Nous nous trouvons, aujourd'hui, face à un incroyable renforcement des moyens mis à notre disposition pour communiquer, travailler, produire, accroître, renforcer et améliorer la gamme de nos prestations. C'est comme si, pour la première fois de notre histoire, se frayait un chemin l'idée selon laquelle il n'y a plus aucun obstacle à la possibilité de disposer de façon inconditionnée non seulement du monde, mais encore de nous-mêmes. Pourtant, dans cette prolifération sans bornes de dispositifs fonctionnels, quelque chose semble paradoxalement ne pas fonctionner comme cela devrait. La « machine » tourne à une vitesse inouïe, mais dans ce tourbillon — que notre quotidien subit comme un destin inévitable — nous peinons à trouver une position capable de donner sens à nos actions. La désorientation est totale. Culture de l'éphémère, hyperactivité effrénée, communication sans contenus sont quelques-uns des phénomènes analysés dans les pages de ce livre, avec pour objectif d'esquisser le profil de l'époque dans laquelle nous vivons, et de nous aider à comprendre « où nous avons fini ». Mais aussi à partir d'où, peut-être, il est possible de recommencer. Ce volume constitue une réflexion désenchantée sur l'idéologie contemporaine et sur ses mécanismes de dissimulation ; chaque page laisse transparaître l'embarras à l'égard d'une culture résignée et opportuniste, incapable d'assumer la responsabilité d'une projectualité de long terme.
BAECHLER Jean, « La Perfection », éd. Hermann, 2011, 320p.
L'espèce humaine est libre, au sens où devenir humain n'est pas l'application d'un programme génétique, mais le produit d'un apprentissage effectué tout au long de la vie. De fait, l'humanité n’est pas infaillible: elle échoue toujours plus ou moins dans la poursuite de ses fins et dans la réalisation de ses activités. L'imperfection et son lot original. Pourtant, l'aspiration à la perfection lui est tout aussi naturelle. Cette contradiction fonde trois régimes de la perfection : la réforme, la révolution et l'utopie. Si l'utopie est toujours irrationnelle et calamiteuse, la réforme ou la révolution, à privilégier selon les contextes et les circonstances, sont des devoirs et des défis à soutenir de manière à donner aux affaires humaines des assises convenables et des chances raisonnables de ne pas trop échouer. Entre perfection et imperfection, le centre de gravité de l'espèce humaine, des sociétés et des individus ne serait-il pas une médiocrité supportable ?
« La Philosophie arabe Textes choisis et présentés par Pauline Koetschet », Seuil Points, 2011,
Dès le IXe siècle, le monde islamique connut une période d'intense renouveau intellectuel. Tout en s’inscrivant dans la continuité des auteurs grecs, dont ils se considéraient comme les héritiers, les philosophes arabes proposèrent des solutions originales et n’eurent de cesse de répondre aux questionnements de leur époque. Leurs écrits influencèrent profondément la philosophie médiévale latine. Cette anthologie de près de cinquante textes embrasse l’essentiel de la philosophie arabe du IXe au XIVe siècle. Elle constitue une introduction claire et complète pour lire des auteurs qui continuent d’exercer leur influence dans le monde arabe et la pensée contemporaine, autour de questions fondamentales :
- la logique et le langage;
- la philosophie naturelle;
- la métaphysique
- l’éthique;
- la politique.
Liliane Fainsilber, « La fonction du père et ses suppléances. Sous la plume des poètes - Rilke, Kafka, Mallarmé, Tournier, Flaubert », De Boeck, 2011 (Oxalis)
La figure du père est vitale pour l’être humain. Si le père est là pour poser un interdit sur le corps de la mère, son rôle ne se limite pas à cela : il doit également devenir un guide précieux et averti sur le chemin des désirs, un modèle quant à l’amour qu’un homme peut porter à une femme. Pour que cet accomplissement se produise, il faut qu’un temps le père soit préféré à la mère comme étant celui qui détient le signifiant du phallus. Ce passage, nommé par Lacan « père-version » ou version vers le père, ne peut s’effectuer que si la mère a été dépossédée de ce qu’elle n’a jamais eu, un phallus imaginaire, et si l’enfant a renoncé à venir combler ce manque. Pour franchir cette étape, la mère doit exprimer les sentiments d'amour et d'estime qu'elle éprouve pour le père. Ce transfert assuré, il arrive toutefois que le père ne soit pas à la hauteur de cette haute fonction symbolique. D’où la nécessité de venir l’étayer, la conforter. Les poètes y parviennent et devancent donc, à ce titre, les psychanalystes. Ils nous exposent à travers leurs oeuvres ce qu’est une version vers le père réussie et nous éclairent ainsi sur ce que l’on peut attendre de l’issue d’une analyse. Prenant appui sur les oeuvres de poètes et écrivains parmi lesquels Rilke, Kafka, Zola et Mallarmé, cet ouvrage analyse les défaillances de la fonction paternelle ainsi que les moyens d’y suppléer. À l’aide de trois fictions littéraires ensuite, La légende de Saint Julien l’Hospitalier de Gustave Flaubert, Les Mémoires d’un névropathe de Daniel Paul Schreber et Le Roi des Aulnes de Michel Tournier, l’auteur étudie ce que Lacan a appelé les trois modes d’instauration de la fonction paternelle dans la névrose, la psychose et la perversion. Ces approches littéraires éclairent le regard de Lacan sur l’oeuvre de Joyce qu’il a nommé « Joyce-le-symptôme ». Plus que cela, elles permettent de saisir toute la question du malaise de la civilisation aujourd'hui.
Stanislas Breton, « La Passion du Christ et les philosophies », éd. du Cerf, (1954) 2011, 144p.
La « Passion du Christ » est aussi une question posée à la philosophie. Éminemment. Qu'elle y fut traitée en sympathie, dans l'hostilité ou par indifférence, elle constitue une donnée éclatante de l'histoire des idées dont Hegel, Nietzsche, Blondel et Simone Weil ont été, à cet égard, les jalons prestigieux. Mais le Christ en croix, scandale pour les juifs, folie pour les païens, sagesse de Dieu, ne cesse pas de décliner en écho aux mots privilégiés de saint Paul son ambivalence fondatrice. Par-delà le débat de la philosophie chrétienne des années 1930, le signe de contradiction interroge plus que jamais sur ce qu'il fait à la philosophie, à son exercice et à ses objets. Dans son ouvrage de 1954 ici réédité, Stanislas Breton en répond de manière anticipée et avec un incomparable génie. Par les thèmes et les concepts qu'il y déploie — mort de Dieu, croix et absolu, malédiction et vie, raison et mystère, obéissance et consentement, pensée et « agapè » — c'est une des plus extraordinaires méditations philosophiques contemporaines qu'il nous aura léguée
DENNETT Daniel C., « De beaux rêves. Obstacles philosophiques à une science de la conscience », Folio essais, 2012, 320p.
La conscience est un champ de bataille où s’affrontent les idées, en un tumulte sur lequel continuent de planer les ombres du Théâtre Cartésien. Les certitudes en apparence les plus fortes, ancrées dans des notions qui tendent à préserver l’esprit de tout modèle qui nous en délivrerait, continuent de dispenser un brouillard que Daniel Dennett s’efforce allègrement de dissiper en s’attaquant aux contresens ou aux pseudo-évidences dont la plupart des débats sont inutilement encombrés. Abandonnant le rêveur à ses rêves et le magicien à sa magie, Daniel Dennett poursuit ici, avec brio, une entreprise de clarification qui tourne le dos aux convictions les plus tenaces, en faisant appel à un modèle qui ne s’en laisse pas conter, celui de la « célébrité cérébrale » : « Dans le cerveau, pas de Roi, pas de Contrôleur Officiel des programmes de la Télévision d’État », écrit-il. La démocratie, l’anarchie y sont autrement plus actives et efficaces. La conscience n’est pas un « médium de représentation » : « Elle a bien plus d’affinités avec la notoriété qu’avec la télévision ».
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