Auteurs philosophiques
Auteurs philosophiques
Ressources pédagogiques pour l'enseignement de la religion protestante au niveau secondaire
ROVELLI Carlo, « Anaximandre de Milet ou la naissance de la pensée scientifique », éd. Dunod, 2009, 192p.
On raconte que ce fut Anaximandre de Milet qui le premier ouvrit les portes de la Nature. Anaximandre, né voici vingt-six siècles dans la cité grecque de Milet en Anatolie, était probablement l'élève de Thalès. Bien moins connu que son illustre prédécesseur, il est pourtant à l'origine d'un double bouleversement conceptuel qui donna naissance à la science telle que nous la connaissons. Il est en effet le premier à avoir traqué les causes des phénomènes naturels dans la nature elle-même, et non dans les caprices des dieux. De plus, et surtout, il n'hésita pas à remettre en doute ce que tous les hommes de son temps croyaient vrai. Ainsi, il émit l'idée que la Terre " flotte " dans un espace qui se prolonge de tous côtés, quand toutes les cosmologies de l'époque la faisaient reposer sur un support (des colonnes, voire des tortues !). Réflexion sur la pensée scientifique, ce livre écrit par un des grands physiciens de notre temps éclaire pour nous l'irréductible originalité de cette pensée présente chez Anaximandre comme chez Newton, Galilée et Einstein et jusqu'à la physique quantique.
JAMBLIQUE, « Vie de Pythagore. Introduction, traduction et notes par Luc Brisson et Alain Philippe Segonds », éd. Les Belles Lettres, 2011, 247p.
La Vie de Pythagore par Jamblique n'a pas grand chose à voir avec ce que l'on appelle aujourd'hui une biographie : il s'agit en réalité d'un éloge de Pythagore, accompagné d'une longue description du genre de vie pratiquée par la communauté rassemblée autour de Pythagore au VIe s. ACN, et dès lors commence l'histoire souterraine du Pythagorisme. Sept siècles plus tard, Jamblique, un philosophe néoplatonicien du début du IVe siècle, entreprend de faire revivre cette philosophie dans un grand ouvrage (partiellement perdu), L'École de Pythagore, dont notre Vie est le premier livre. Chez lui, Pythagore devient une sorte de saint païen, dont les vertus et les miracles valent bien ceux des chrétiens. Dans une importante préface, les deux traducteurs examinent particulièrement la façon dont Jamblique entreprend de construire le mythe d'une continuité historique entre Orphée, Pythagore et Platon, mythe qui dominera toute la philosophie occidentale jusqu'au XVIIe siècle et même au-delà.
BREMAUD Pierre, « Le dossier Pythagore. Du chamanisme à la mécanique quantique », éd. Ellipses, 2010, 336p. (Biographies et mythes historiques)
Le nom de Pythagore résonne dans l’histoire de la pensée depuis 2 500 ans. Peu de personnages historiques ont engendré un mythe d’une telle ampleur et dont la persistance est d’autant plus remarquable qu’aucune institution n’entretient sa mémoire. Mais de larges zones d’ombre subsistent et un grand nombre de questions viennent à l’esprit. N’était-il qu’un chamane doué d’un immense charisme ou bien, au contraire, un penseur profond aux intuitions prophétiques ? Quelle fut la réelle contribution de l’école du sage de Samos aux mathématiques, à la musique et à l’astronomie ? Pourquoi fait-il partie de la légende des francs-maçons, fascine-t-il les sectateurs du nombre d’or et séduit-il les théosophes de tous les temps ? Que signifient les innombrables références à son nom sous la plume des esprits les plus audacieux de l’histoire scientifique, parmi lesquels Kepler et Newton ? Pourquoi l’Église qui avait combattu ses idées, puis tenté de l’intégrer dans son cortège de saints laïques, décida-t-elle enfin de l’exclure de son iconographie alors qu’il figurait dans les sculptures des cathédrales gothiques et dans les fresques des chapelles de la Renaissance ? En faisant le point sur ce que l’histoire, l’archéologie et la philologie ont à dire sur ces questions, cet essai déroule l’histoire du pythagorisme et des controverses qui l’accompagnent, symptômes d’une bipolarisation propre à l’Occident où coexistent dans une tension créatrice raison et foi, rationalisme et empirisme, élitisme et démocratie.
MERTENAT Thierry et GIRARDIN Magali, « La vie secrète de Diogène. Accumuler à l'infini », Labor & Fides, 2009 160p. (Echos du réel)
Le syndrome de Diogène qualifie un rapport aux objets radicalement différent de celui entretenu par la majorité des gens. Autour de nous, dans nos villes et parfois nos villages, des individus entassent de façon compulsive des objets de toutes sortes, au point de rendre leur lieu d’habitation quasiment invivable. On en perçoit parfois la réalité suite à un incendie, des odeurs ou des perquisitions rendues obligées par des débordements d’objets ou des attitudes dont la société doit à un moment s’occuper. Du nom du célèbre philosophe cynique dans son tonneau qui avait choisi de vivre en marge des usages sociaux convenus, les Diogènes s’en distinguent par leur inclination à la discrétion, voire au secret. Accumuler à l’infini est ainsi un livre unique qui ouvre, pour la première fois à cette échelle, la porte d’un univers déroutant. Pendant trois ans, le journaliste Thierry Mertenat et la photographe Magali Girardin ont enquêté sur des Diogènes. 60 photos, 13 situations réelles accompagnées d’une recherche menée auprès d’assistants sociaux, de médecins, d’îlotiers, de nettoyeurs, de gérants d’immeubles et de policiers donnent toute la mesure d’une réalité qui interroge le rapport aux objets de notre société. Thierry Mertenat est journaliste à la Tribune de Genève. Il est co-auteur, chez Labor et Fides, de l’ouvrage Levées de corps, 2008. Magali Girardin est photographe. Elle collabore à plusieurs médias en Suisse et à l’étranger. Elle a obtenu un Swiss Press Photo Award en 2008.
COLARDEAU Théodore, « Étude sur Épictète », éd. Encres marines, 334p.
Epictète (env. 50-125) fut l’un des derniers grands philosophes stoïciens de l’Antiquité. Ses entretiens furent recueillis par son disciple Arrien. Grâce à l’analyse des Entretiens, et à d’autres témoignages, l’Étude sur Épictète présente de façon extrêmement vivante ce que furent cet enseignement et la personnalité d’Épictète. Le lecteur peut ainsi se retrouver dans la situation des disciples d’Épictète et suivre à son tour son enseignement. C’est la vie quotidienne d’une école de philosophie dans l’Antiquité qui resurgit sous nos yeux, et l’on peut ainsi comprendre et revivre ce que fut l’activité philosophique à cette époque, et l’actualité qu’elle peut conserver pour nous. Loin des caricatures sur l’insensibilité et l’orgueil des philosophes stoïciens, on découvre un philosophe qui ne veut pas « être insensible comme les statues » mais apprend à ses élèves, avec modestie et patience, comment vivre en philosophes. Rééditée ici pour la première fois, l’Étude sur Épictète est l’un des meilleurs et des rares ouvrages consacrés à Épictète. Comme l’écrit Pierre Hadot dans sa préface, « il n’y a pas de meilleure introduction, de meilleure initiation aux Entretiens d’Épictète que ce livre de Colardeau.
Pic de la Mirandole Jean, « 900 conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques. Bertrand Schefer, éditeur et traducteur », éd. Allia, 2002, 285p.
Saluons comme elle doit l'être la réédition d'un ouvrage aussi légendaire que difficile. Les 900 conclusions de Pic de la Mirandole sont en effet une des premières tentatives de pensée globale du savoir global. Entendons par là une volonté de dresser un panorama de toutes les thèses savantes analysées selon tous les axes de la foi et du savoir, et ce aux fins de (ré)concilier les hommes. L'artisan de cette tentative est, à l'image de l'ouvrage, un être mythique. Né en 1463 dans le nord-est italien, le comte Jean Pic de la Mirandole meurt à trente ans, en 1493 ; entre-temps, il a usé de sa fortune et de ses fabuleuses capacités intellectuelles pour, outre devenir l'encyclopédie vivante de son époque, maniant toutes les langues, débâtant de toutes les sciences et doctrines, tenter de penser et de réconcilier en leur source les différentes connaissances. Tentative qui lui vaudra prison, persécution inquisitoriale et excommunication. Quel est l'enjeu de ce livre que brûla l'Église en 1491 ? Partant de la discorde savante qui règne, en cette fin du Moyen Âge, entre les différents courants et écoles, Pic tente de retrouver la source unique qui jaillit à l'orée de la pensée. Refusant l'éloquence, il recourt à un style "âpre mais vrai" pour exposer toutes les "conclusions" auxquelles sont arrivés tous les savants, qu'ils soient cabalistes, platoniciens ou aristotéliciens. Trouver un lieu de l'esprit où toutes les idées sont confrontées sans être discordantes, un lieu de contemplation intellectuelle, d'échanges et de circulation où toutes conceptions se confrontent pacifiquement. Â l'arrivée, un ouvrage semblable au dieu des mystiques dont "le centre est partout et la circonférence nulle part".
ENTHOVEN Raphaël, « Montaigne : La voie du milieu », éd. Hatier, 2009, 2 CD audio +livret (Les Vendredis de la Philosophie)
Pour cette présente oeuvre, la participation d'André Comte-Sponville, spécialiste de Montaigne. Consacré aux Essais, ce volume met à jour les principes humanistes élaborés par l'inventeur de l'introspection : justice, liberté, respect de l'homme, droit au bonheur... "Il faut se prêter à autrui et ne se donner qu'à soi-même" écrivait Montaigne.
ENTHOVEN Raphaël, « Kant : la tête dans les nuages », éd. Hatier, 2009, 2 CD audio +livret (Les Vendredis de la Philosophie)
Pour cette présente oeuvre, la participation de Jacques Darriulat, professeur d'esthétique à l'université de Paris IV, et de Luc Ferry philosophe. "Dans la tête dans les nuages", deux émissions, l'une consacrée à la Critique de la faculté de juger et l'autre, à la Critique de la raison pure. Dans la première, Enthoven et Darriulat interrogent le sentiment de beau : le sujet, quand il juge qu'une chose est belle, prétend trouver la même satisfaction en autrui. De quels droits, chacun parle au nom de tous quand il dit ces simples mots : "C'est beau" ? La seconde émission concerne la métaphysique (entendue comme connaissance de l'âme, de la liberté, et de Dieu) et s'attache à la notion kantienne de science que commentent Enthoven et Ferry. Opérant la fameuse révolution copernicienne, Kant fait du sujet le fondement de la connaissance, toute connaissance étant en partie indépendante de l'expérience. Il explique son projet général : permettre à la métaphysique de ne plus être un champ de bataille entre philosophes et écoles opposés les uns aux autres.
OSMO Pierre et FOESSEL Michaël (dir), « Lectures de Kant », éd. Ellipses, 2010, 304p.
« Il n’y a pas d’auteur classique en philosophie. » C’est en Aufklärer que parle Kant lorsqu’il refuse de concéder à quelque doctrine que ce soit un statut d’autorité. Si le présent de son écriture coïncide avec le « siècle de la critique », il faut s’habituer à ne plus s’abriter derrière les monuments de la tradition qui sont comme autant de prétextes pour ne pas commencer à penser. Kant nous instruit d’un nouveau commencement, une manière d’envisager la philosophie et son histoire à partir de la rupture opérée par le geste critique. Ni Platon et Leibniz, ni Aristote et Locke ne sortent indemnes d’un questionnement qui porte sur les sources de la connaissance, et non sur la somme des vérités à mettre au compte des progrès de l’esprit humain.
DUPEYRIX Alexandre, « Comprendre Habermas », éd. A. Colin, 2009, 196p. (Lire et comprendre)
Jürgen Habermas (1929) est un philosophe et sociologue allemand, qui s’est fait connaître grâce à ses travaux sur l’espace public et sur la philosophie du langage. Ses théories les plus importantes sont discutées dans le monde entier. Il a combiné la tradition continentale et la philosophie nord-américaine. L’auteur nous offre ici une introduction complète à l’une des oeuvres les plus débattues de la pensée contemporaine. Alexandre Dupeyrix est maître de conférences à l’université Paris IV-Sorbonne.
ONFRAY Michel et Le ROY Maximilien, « Nietzsche. Se créer liberté. bande dessinée », Le Lombard, 2010
Après avoir donné un grand coup de pied dans le dogmatisme intellectuel français, le philosophe Michel Onfray offre un nouvel outil à tous les esprits curieux et désireux de s'initier à la libre pensée, avec cette biographie bédessinée de Friedrich Nietzche, l’un de ses maîtres à penser. Au fil de ces 120 planches, superbement illustrées du trait sensible de Maximilien Leroy, le lecteur découvre la vie d'un homme absorbé par sa recherche d'un absolu, tourné vers l'homme et sa quête de bonheur. La vie d'un penseur prêt à payer le prix de sa pensée révolutionnaire et sans concessions.
BONTEMS Vincent, « Bachelard », Les Belles Lettres, 2010, 246p. (Figures du savoir).
Gaston Bachelard (1884-1962), figure exemplaire de l'école laïque — boursier d'origine modeste, il finira par occuper la chaire d'histoire et de philosophie des sciences de la Sorbonne — est un penseur non conventionnel : s'appuyant sur une physique, une chimie et des mathématiques en pleine révolution, mais aussi sur Freud et Jung (réinterprétés), il a construit une épistémologie d'un rationalisme subtil qui a largement fait école, comprenant le progrès de la science comme une suite de discontinuités ; métaphysicien, il s'est opposé à Bergson sur le problème du temps, défendant une philosophie de l'instant contre sa philosophie de la durée ; il a aussi renouvelé l'approche de la poésie, en donnant une importance inédite à l'Imaginaire. On examine ici l'œuvre foisonnante de Bachelard : son épistémologie, depuis l'Essai sur la connaissance approchée jusqu'au Matérialisme rationnel en passant par La Philosophie du non et Le nouvel esprit scientifique ; sa « métaphysique », ramassée dans L'Intuition de l'instant et La Dialectique de la durée ; sa poétique, depuis La Psychanalyse du feu jusqu'à La Poétique de la rêverie en passant par L'Eau et les rêves et La Poétique de l'espace. On s'intéresse enfin à la nombreuse postérité de Bachelard.
JUNG Carl Gustav, « Réponse à Job », éd. Buchet-Chastel, 2009
Clément de Rome professait que Dieu régentait le monde avec une main droite et une main gauche. La main droite signifiait le Christ et la gauche Satan. La conception de Clément est manifestement monothéiste puisqu’il réunit les principes opposés dans un Dieu. Plus tard, toutefois, le christianisme devint dualiste dans la mesure où la part des éléments opposés se trouve dissociée et où Satan se trouve banni dans un état d’éternelle malédiction. Le voilà, le problème central. Il est d’une signification essentielle et il est à l’origine de la doctrine chrétienne du salut. Si le christianisme a la prétention d’être une religion monothéiste, il ne peut se passer de l’hypothèse que les contraires sont unifiés dans un Dieu. Mais cela pose un grave problème religieux : celui de Job. Le but de mon livre est d’en montrer le développement historique à travers les siècles, depuis l’époque de Job jusqu’aux événements symboliques les plus récents. Pendant plusieurs années, j’hésitais à publier ma Réponse à Job, car je me rendais compte, d’avance, des conséquences de cette démarche et de la tempête qu’elle déclencherait. Mais j’étais possédé par l’urgence et par la lourde signification du problème, et je ne pouvais pas m’en détacher. Aussi je me vis contraint d’accueillir le problème dans son entier, et je le fis en décrivant mon expérience personnelle où figuraient toutes mes émotions subjectives.
BOUDOU Bénédicte, « Dictionnaire des Essais de Montaigne », Editions Léo Scheer, 2011, 500p.
Qui, après un premier coup de foudre pour les Essais de Montaigne, n’a pas senti poindre un certain découragement face aux difficultés sans nombre qui hérissent le texte : mots inconnus, tournures déroutantes, allusions historiques ou culturelles qui nous échappent ? La langue de Montaigne n’est plus la nôtre, ou plutôt nous nous en sommes éloignés. L’ambition de ce livre, qui s’adresse au public le plus large, n’est pas d’offrir une nouvelle édition des Essais – il en est d’excellentes – mais de donner au lecteur néophyte ou désarmé les moyens de devenir à son tour un véritable « ami de Montaigne ». Il se propose d’être une initiation à la lecture des Essais. Il se compose de deux parties. La première, la plus volumineuse (elle comporte environ 120 entrées thématiques), est une anthologie alphabétique raisonnée des Essais. La seconde est un petit dictionnaire encyclopédique des noms propres, notions, doctrines que le lecteur d’aujourd’hui peut en partie ignorer, mais dont la connaissance est indispensable à la compréhension des textes rassemblés dans la première partie.
BERT Jean-François, « Introduction à Michel Foucault », éd. La Découverte, 2011, 128p.
Michel Foucault aura été en France le plus novateur des maîtres à penser - maître sans programme articulé qui a su pourtant offrir à ses nombreux lecteurs, issus des disciplines les plus variées, une « boîte à outils » qu'il dévoile par fragments (entretiens, cours, articles, livres...).
À plus d'un titre, ses modes d'investigation ont des points communs avec certaines démarches des sciences sociales : sa rupture explicite d'avec la problématique classique de la souveraineté, ses attentions portées aux micromécanismes de la domination, sa façon d'interroger les institutions ou les manières de gouverner... Pourtant, les notions clés qu'il redéfinit tout au long de son parcours (« généalogie », « discipline », « gouvernementalité », « subjectivation »...) n'ont pas fait l'unanimité chez les historiens, les sociologues ou les anthropologues, ou encore les criminologues et les spécialistes du droit. Foucault n'est pas de ceux qui se laissent facilement saisir et l'objectif de cet ouvrage est d'éclairer, dans toute leur richesse et leur diversité, les enjeux de ses travaux pour en faire ressortir l'intérêt actuel pour les sciences sociales et, pourquoi pas, aider à penser différemment l'enfermement, les institutions et la société, le rapport à soi et à la vérité.
« Heidegger – un cours particulier de Luc Ferry. L’oeuvre philosophique expliquée », éd. Frémeaux & Associés, 3 CD
Il est impossible d’entrer vraiment dans la philosophie si l’on ne prend pas le temps de comprendre en profondeur au moins un grand philosophe. Avec la parution d’Etre et Temps, Martin Heidegger a très tôt gagné la réputation d’un penseur insaisissable et complexe. Insaisissable par son lexique, complexe dans ses cheminements. Mais cette difficulté, propre à toute pensée qui refond l’approche usuelle des sujets traitée par une tradition (comme a pu le faire Kant en son temps), ne doit pas être exagérée. Luc Ferry nous en apporte la preuve dans le présent coffret, en retraçant - avec un constant souci d’exigence et de clarté - les principales étapes d’une oeuvre décisive pour penser notre modernité.
Ehrwein Nihan Céline, « Hannah Arendt : une pensée de la crise. La politique aux prises avec la morale et la religion », Labor & Fides, 2011, 400p.
Hannah Arendt fait partie des philosophes les plus commentés en français aujourd’hui. Pourtant, des aspects déterminants de son œuvre restent encore mal connus ou peu interprétés, tels son rapport important à la tradition chrétienne, son dialogue avec les grands penseurs du politique et sa réflexion sur la morale. Dans cette recherche ambitieuse, Céline Ehrwein Nihan aborde ces thématiques présentes chez Hannah Arendt en les inscrivant dans une pensée générale dont la pertinence reste intacte pour analyser les crises des pensées contemporaines et partant celle des sociétés du début du XXIe siècle. Marquée par la difficulté d’articuler aujourd’hui politique, morale et religion, cette crise trouve chez Hannah Arendt, si ce n’est une possibilité de dénouement, du moins les moyens d’être finement identifiée. A l’écart des systèmes de pensée enfermant dans des dialectiques trop formelles, les écrits d’Hannah Arendt offrent une manière d’être systématiquement ouvert à la complexité. Même à l’égard du mal absolu, sur lequel elle revient via son célèbre écrit sur le procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem, Céline Ehrwein Nihan présente les éléments d’une œuvre importante capable de comprendre la crise, de la restituer dans un contexte moral, politique et religieux ouvrant à quelques dépassements possibles.
DESCOLA Philippe, « L'écologie des autres. L'anthropologie et la question de la nature », éd. Quae, 2011 (Sciences en questions)
Philippe Descola se libère ici du dualisme qui, depuis la fin du XIXe siècle, oppose l'anthropologie physique (qui établit l’unité par-delà les variations) à l’anthropologie culturelle ou sociale (qui fait état des variations sur fond d’unité). Il propose une écologie des relations entre humains et non humains. C’est en acceptant de renoncer à son anthropocentrisme que l’anthropologie pourra résoudre les débats toujours recommencés entre déterminismes naturels et déterminismes culturels.
CHEVALLIER Philippe, « Foucault et le christianisme », ENS Éditions, 2011,
Des premiers rites baptismaux à la confession moderne, les références au christianisme sont constantes dans l'œuvre de Michel Foucault. Cette constance s’inscrit dans un questionnement philosophique plus large sur notre actualité : comprendre le rapport que nous avons aujourd’hui à nous-mêmes demande de s’interroger sur les actes de vérité que l’Occident a instaurés depuis les premiers siècles chrétiens. Que faut-il dire et manifester de soi pour être transformé dans son être, pardonné, sauvé, jugé ou guéri ? Ce livre propose une étude critique de l’ensemble des lectures chrétiennes de Foucault, avec une attention particulière portée au cours Du gouvernement des vivants (1979-1980). Ni chronologique ni thématique, le parcours suivi espère retrouver la logique d’un travail à la fois philosophique et historique : quand et comment le christianisme a-t-il été constitué par Foucault en objet de recherche, avec quelles pratiques de lecture et quelles conséquences sur l’interprétation ? Attentif aux mots plus qu’aux choses, le philosophe repère les glissements sémantiques successifs qui annoncent, entre le iie et le ive siècle de notre ère, le passage du monde antique à un univers inédit : celui de la perfection impossible et des fidélités difficiles. Loin de l’image facile d’un christianisme ascétique et intransigeant, Foucault définit l’originalité chrétienne comme la reconnaissance et l’institution paradoxale d’un rapport précaire à la vérité.
Jean-Louis Vieillard-Baron, « Le secret de Bergson », éd. Félin poche, 2013, 240p.
Pour comprendre la pensée de Bergson, on peut lire toutes ses œuvres l’une après l’autre ; on suivra ainsi le parcours de Bergson. Mais on peut saisir de l’intérieur le secret de cette pensée : c’est ce que fait ici l’auteur, spécialiste internationalement reconnu de Bergson, qui prépare une édition de ses œuvres en deux volumes (Pochothèque). Le secret de Bergson est à la fois la double vie du moi et l’unité de la philosophie. Notre vie personnelle va bien au-delà de ce que nous croyons, et la philosophie est bien au-dessus des philosophies que nous lisons. Notre moi, comme notre présent, se dédouble en vie immédiate, actualité éphémère, et longue durée, présent qui est déjà souvenir, vie spirituelle. De même la vraie philosophie, c’est l’inspiration de l’esprit philosophique, toujours la même et toujours renouvelée ; il faut dépasser la lettre des systèmes philosophiques pour retrouver l’unité de cet esprit philosophique ; nous retrouvons ainsi Socrate, qui n’a rien écrit.
page spéciale Socrate - Platon - Aristote
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