Philosopher

Ressources pédagogiques pour l'enseignement de la religion protestante au niveau secondaire

 


KAHN Axel, « Raisonnable et humain ? », éd. Nil / Pocket, 2004

À sa mort, Jean Kahn a laissé une lettre à son fils avec cette ultime injonction : « Sois raisonnable et humain ! » Que signifie être raisonnable, quelle est la source de la raison ? Comment pourrait-on ne pas être humain quand on est un homme, et comment devrait-on l’être ? L’homme possède tous les pouvoirs – ou presque. Y compris désormais celui de modifier son génome. Fort de cette omnipotence, comment peut-il déterminer ce qu’il convient de faire tout en restant « raisonnable et humain » ? Axel Kahn s’arme de tous les outils théoriques – génétique, neurobiologie, métaphysique, philosophie – pour confronter les actes de l’homme au précepte de son père. Dans une brillante approche pluridisciplinaire, il s’interroge sur l’homme, son environnement et le monde animal, la vie et la mort, le déterminisme et la liberté, le progrès et la raison.


DESSAIN Béatrice, « Philosophie et histoire des religions », éd. De Boeck, 2009, 224p. (Démarches de pensée)

Cet ouvrage se propose d’initier à la réflexion philosophique et de sensibiliser l’étudiant du 1er cycle  à l’histoire des religions.

La première partie situe la philosophie dans l’ensemble des savoirs constitués, puis passe en revue les différents champs philosophiques (éthique, métaphysique, épistémologie, anthropologie, logique) dans une perspective historique. Elle se décline en une série de leçons qui mettent l’accent sur la compréhension  du vocabulaire de base et sur l’acquisition d’une démarche analytique apte à favoriser la compréhension du contenu. Charpentées selon un plan identique, les leçons présentent, d’une part, la matière proprement dite en s’appuyant sur de courts extraits de philosophes réputés et, d’autre part, des questions ouvertes et un QCM facilitant l’étude de la matière et de ses prolongements.

La seconde partie aborde l’histoire des religions avec une approche scientifique et non confessionnelle. Cette approche consiste à décrire et à situer dans leurs contextes respectifs des phénomènes religieux.


DUBUISSON Daniel, « Les sagesses de l'homme : Bouddhisme, paganisme, spiritualité chrétienne », PU Septentrion, 2004,  262 p.

Trop souvent, les sagesses ont été considérées, au mieux comme les dociles servantes des religions, le plus souvent comme de prudentes et médiocres manières de vivre. La présente étude, qui s'appuie sur une enquête comparative inédite (bouddhisme, yoga, spiritualité chrétienne et paganisme antique), remet en cause cette conception erronée et restitue enfin aux sagesses leur fascinante et vigoureuse personnalité. En effet, par leur refus de tout merveilleux, par leur éthique résolue, par leur intransigeance autant que par l'efficacité de leurs " techniques mentales ", elles méritent sans doute d'être tenues pour l'une des grandes conquêtes de l'humanité. Grâce à elles, au regard lucide qu'elles les invitaient à porter sur eux-mêmes et sur leur condition, les hommes découvrirent les moyens d'aguerrir et de fortifier leur personnalité. L'on vérifiera que " sagesses " et " religions " s'opposent en tous points. Le sage n'est pas le disciple d'un quelconque homo religiosus obsédé par l'au-delà, immergé dans un flux sacré et fasciné par les dieux. Afin de lui permettre d'affronter la mort et les souffrances de cette vie, ce sage admirable a simplement appris à l'homme le redoutable honneur d'acquiescer. Mais dans cet acquiescement réside peut-être le plus haut témoignage d'humanité qu'il soit possible d'imaginer. En ce sens, son enseignement reste aussi indispensable qu'actuel.


FERRY Luc, RENAUT Alain, « Philosopher à 18 ans », éd. Grasset, 1999, 314p.


L'enseignement de la philosophie est-il en "crise" ? A l'agrégation, concours suprême de recrutement des professeurs, la moyenne à l'écrit n'atteint pas les 5/20 malgré de longues années d'études après le bac. Lors de la dernière session, sur 1400 copies de la première épreuve... 6 seulement ont obtenu plus de 12/20 ! Ces données brutes sont d'autant plus navrantes que les finalités de la philosophie et de son enseignement sont plus légitimes que jamais : en un temps où la vitesse de la communication l'emporte si souvent sur la patience du raisonnement, comment ne pas maintenir, et même développer, dès l'adolescence, l'idéal de penser sa vie par soi-même ? N'est-ce pas là la condition même de l'accession à la citoyenneté dès l'âge de dix-huit ans ? Que faire, dans ces conditions, pour que la philosophie cesse d'être la discipline maudite, celle qui fait peur, non par l'audace des pensées auxquelles elle donne accès, mais par la dureté de la sélection qu'elle risque de pratiques plus ou moins arbitrairement ?


STEFFENS Martin, DULAU Pierre, FORMET Thierry, « Une journée de philosophie. Les grandes notions vues à travers le quotidien », éd. Ellipses, 2010, 192p.


De façon générale, nous n’attendons de notre quotidien qu’une seule chose : nous libérer de lui. On ne s’embarrasse de la vie quotidienne que parce qu’elle est la promesse d’une autre vie, plus vraie, plus forte : vacances, fêtes, heureux imprévus. Ce livre fait le pari inverse : c’est parce que nous n’habitons pas assez notre quotidien qu’il nous fait fuir. Il est donc urgent de rendre aux gestes de la vie quotidienne toute leur portée philosophique, existentielle, symbolique... Faire que le trajet pendulaire redevienne un voyage extraordinaire, ou que la toilette matinale raconte à nouveau l’aventure de notre humanité. Car la vie est quotidienne d’abord : tâchons de la vivre pleinement. C’est à un patient exercice d’étonnement et d’émerveillement, de questionnement et de soupçon que les auteurs de ce livre, tous trois professeurs de philosophie, ont voulu se plier. Ce livre s’adresse à ceux et celles qui, par là, trouveront une entrée simple et originale au cœur des thématiques qui intéressent la philosophie. À chaque moment de la journée (« Le réveil », « Le petit-déjeuner », « Le trajet ») sont associées une ou plusieurs notions du programme de Terminale (« La conscience », « La culture », « L’existence »), ce qui permet à l’élève, à l’étudiant ou au professeur de philosophie de consolider sa culture philosophique à partir de l’analyse précise et accessible d’exemples empruntés à la vie quotidienne.


SMITH Robert Rowland, « Petit Déjeuner avec Socrate. Une philosophie de la vie quotidienne », Seuil, 2011,


Imaginez que votre journée est rythmée par les conseils de quelques-uns des plus grands penseurs de l’histoire : au saut du lit, vous vous réveillez, croyez-vous. Mais comment être certains que vous ne rêvez pas ? Descartes vous aide à répondre à cette question. En route pour votre lieu de travail, vous luttez pour trouver une place assise dans le métro : Hobbes vous prête main forte et se livre à quelques considérations sur « la guerre de tous contre tous ». Marx, quant à lui, ne sera pas avare de ses conseils quand, une fois au bureau, vous chercherez à mettre fin à votre condition d’esclave salarié. Et s’il vous prend l’envie de faire du shopping, Lacan vous expliquera ce qu’est le narcissisme alors que vous vous admirez dans le miroir d’une cabine d’essayage. Une journée ordinaire et très particulière, en compagnie d’éminents personnages, au terme de laquelle vous aurez beaucoup appris. Et vos petits déjeuners ne seront plus jamais les mêmes…


DUVAL Jean-François, « Et vous, faites-vous semblant d'exister ? », PUF, 2010, 216p.

Avec humour, sensibilité et fantaisie, Et vous, faites-vous semblant d’exister ? témoigne que la richesse de la vie dépend du regard posé sa grande vertu est, à travers mille et un détails du quotidien le plus banal, de faire comprendre que nous disposons tous du pouvoir de le sublimer et de lui donner les couleurs de la fable. Dans un style aussi limpide que séduisant, Jean-François Duval pose un regard sensible sur les infinies variations du quotidien, et restitue à nos yeux cette magie de l’ordinaire qu’Emerson résumait superbement en disant « une journée est une étoffe plus belle que n’importe quelle mousseline ». Denis Grozdanovitch l’écrit dans sa préface : « Derrière l’apparente désinvolture du style souriant, un poète méditatif et un philosophe pétri de curiosité ne cesse ici de soulever les épineuses problématiques que génèrent inéluctablement les petits riens de l’existence quotidienne. Nous apprendrons par exemple qu’il n’existe aucun lieu mieux approprié qu’un bon canapé pour découvrir que le centre est partout et la circonférence nulle part, que les pigeons sont de prodigieux petits nietzschéens qui peuvent éventuellement vous apprendre à penser contre vous-même, que les femmes intelligentes posent rarement les questions pointues avant onze heures du soir, qu’il est crucial de ne pas « oublier de vivre » et de réaliser une bonne fois pour toutes que demain ne nous apportera rien qu’aujourd’hui ne nous ait déjà offert, et enfin — et surtout — qu’en matière littéraire l’essentiel n’est pas de dire quelque chose mais de savoir faire vibrer la langue et par là même la vie tout entière ! » L’ouvrage se clôt par un petit texte à part, « Sur la route avec Marylou », où l’auteur retrouve au fin fond des États-Unis la plus mignonne des protagonistes de Sur la route de Jack Kerouac.


Préface de Denis Grozdanovitch
1. Ploc
2. La ville où il pleut cent vingt jours par an
3. Mon chien et le paradoxe de Zénon
4. Les temps retrouvés
5. Déluge
6. Chercheur de bois
7. Arches de Noé
8. À toute !
9. Odyssée
10. Et vous, faites-vous semblant d’exister ?
11. Tu m’étonnes
12. Que croâââ-je ?
13. Mythologies
14. On va dire
15. La crise et le Chat botté
16. Mr Sénèque et Dr Prozac
17. Un stoïcien sur la chaise gynéco
18. D’éternels Robinsons
19. La Peur
20. Vestiges et empreintes
21. Divines panoplies
22. Hommage au dieu pigeon
23. L’effroyable dragon vert
24. Graal
25. Ève
26. Madame, votre sein est un don
27. Une histoire sidérante
28. Et si l’univers était un microclimat ?
29. Les Inexistants et nous
30. Voulez-vous d’un monde parfait ?
31. Presque un chef-d’œuvre
32. Joie de l’érudition
33. Les forgerons de l’humanité
34. Une trompette de Jéricho
35. La musique des parquets
36. Avez-vous jamais failli mourir ?
37. N’as-tu point vécu aujourd’hui ?
38. Un goût de théâtre
39. Avec le temps, je me décante
40. Caresse du reflet
41. Et maintenant qu’on me laisse seul !
42. Faire vibrer la langue

Sur la route avec Marylou



CHRETIEN Jean-Louis, « Reconnaissances philosophiques », éd. du Cerf, 2010, 320p. 

S'engager à jamais, est-ce amoindrir sa liberté, ou la porter à sa plus haute puissance ? Qu'est-ce que le style d'un philosophe ou d'un mystique nous manifeste de l'expérience de la pensée ? En quoi la pensée requiert-elle nécessairement la traduction, que ce soit d'une langue à l'autre, ou d'une dimension de la parole à une autre ? La beauté de la nature doit-elle être comprise à partir du concept d'art ? Comment les œuvres d'art vivent-elles, et meurent-elles, à travers les générations ? La tradition biblique a-t-elle quelque chose à nous apprendre sur la puissance de la musique ? Y a-t-il plus de bonheur dans la durée que dans un instant de plénitude ? Ces questions, irréductiblement diverses, mais non pas divergentes, sont ici abordées à travers un dialogue avec Plotin ou les Pères de l'Église, comme avec Kant ou la phénoménologie française du siècle dernier (Merleau-Ponty, Sartre, Levinas, Michel Henry), et des penseurs moins connus ainsi que Joseph Joubert ou Louis Chardon. Ces quatorze études (dont trois inédites) s'échelonnent sur une trentaine d'années et recoupent les questions centrales de l'auteur. Elles forment des reconnaissances, au sens à la fois d'explorations et d'actes de gratitude, car même des pensées qui nous sont étrangères, voire adverses, nous découvrent notre propre voie et nous aident, par une fraternité indélibérée, à y cheminer.


DEVILLAIRS Laurence, « Brèves de philo : La sagesse secrète des phrases toutes faites », Seuil / points, 2010, 121p. (Le goût des mots)

"Le temps guérit de tout", "L'erreur est humaine", "Personne n'est irremplaçable". Elles sont nombreuses, ces phrases toutes faites et passe-partout qu'on prononce sans y penser. Laurence Devillairs démontre avec humour que ces formules de sagesse populaire recèlent souvent de véritables leçons de philosophie. Vous croyez farouchement que " Quand on veut on peut " ? Vous êtes stoïcien ! Le proverbe " L'argent ne fait pas le bonheur " vous fait bondir ? Vous partagez l'opinion d'Aristote pour qui " le bonheur ne saurait se passer de biens extérieurs "... Serions-nous donc philosophes sans le savoir ?


MAFFESOLI Michel, « La passion de l'ordinaire. Miettes sociologiques », CNRS éd., 2011, 220p.

Voici rassemblés, en un volume que l’on lira comme une chronique jubilatoire du quotidien, quelques textes essentiels du théoricien de la postmodernité. Une échappée belle dans l’univers des concepts maffesoliens, et une invitation à céder à l’hédonisme irrépressible qui constitue le fond d’une pensée en mouvement, irradiant bien au-delà des frontières de l’Hexagone. Rituels et croyances collectives, plaisir, désir, fête, rêve, transmutation des valeurs, logiques de domination, féminisation du monde, effondrement des idéologies, pratiques musicales, sexuelles, consommatoires : Michel Maffesoli nous montre qu’au creux des apparences, le lien social se niche dans les fibres de l’émotionnel et que, sous nos yeux, dans le grouillement du présent, s’ébauche un nouveau modèle d’être-ensemble.

BRANDOM Robert, « Rendre explicite, I. Raisonnement, représentation et engagement discursif. Traduit de l'anglais par Anne-Gaëlle Argy, Gilles Bouttier, Élise Domenach, Goufrane Mansour, Sabine Plaud, Bertrand Rouge, Ludovic Soutif, Isabelle Thomas-Fogiel — Sous la direction d'Isabelle Thomas-Fogiel », éd. du Cerf, 2010, 512p.

"Nous" se dit de diverses manières. Nous peut être toi et moi. Nous peut être tout ce qui parle ou tout ce qui bouge, tout ce qui a l'esprit préoccupé ou tout ce qui est sujet à préoccupation. Comme ces frontières sont élastiques, une tâche de démarcation nous incombe : il nous faut dire "qui" ou "ce que" nous sommes, il nous faut nous distinguer des autres sortes d'objets ou d'organismes que nous trouvons dans notre monde. [... ] En effet, ce que nous sommes est façonné autant que trouvé, décidé aussi bien que découvert. Cette sorte de chose que nous sommes dépend en partie de ce pour quoi nous nous prenons. Une des manières caractéristiques que nous avons de nous développer et de faire de nous ce que nous sommes consiste à exprimer, à explorer et à tenter de rendre claire notre compréhension de ce que nous sommes.


PUTNAM Hilary, « La Philosophie juive comme guide de vie », éd. du Cerf, 2011, 160p.

 

La Philosophie juive comme guide de vie est le dernier livre publié par Hilary Putnam, figure majeure de la philosophie américaine contemporaine. Plus connu pour ses contributions décisives à divers domaines de la philosophie analytique (philosophie de l'esprit, philosophie du langage, philosophie des sciences, éthique, etc.), Hilary Putnam a également développé une réflexion sur la religion juive. Ce livre nous la présente et nous fait découvrir une facette plus intime de cet auteur qui reste cependant ici plus que jamais un philosophe. Ce livre s'inscrit ainsi dans la suite du dernier grand ouvrage que Putnam a consacré à l'éthique (« Ethics without Ontology », 2004). Se réclamant de l'héritage de Pierre Hadot, il nous donne à voir, dans la pensée de plusieurs philosophes juifs et de Wittgenstein en particulier, une conception forte de la philosophie comme guide de vie. Il met en lumière cette conception commune de la philosophie qui traverse l'œuvre de ces philosophes et donne ainsi sur leur pensée un éclairage insoupçonné. En effet, si le lecteur français connaît bien l'œuvre d'Emmanuel Levinas, il connaît peut-être moins celles de Martin Buber et de Franz Rosenzweig. Les textes de Putnam sont une invitation à les redécouvrir. Ce fil conduit aussi Putnam à rapprocher Wittgenstein de Rosenzweig, d'un geste inattendu qui s'avère très fructueux. D'une œuvre à l'autre, c'est une réflexion à la fois très personnelle et très cohérente que nous propose Putnam. Il trouve dans la philosophie juive l'exemple d'une philosophie qui retrouve son rôle principiel : nous apprendre à vivre.


Thierry Hoquet, « Cyborg philosophie. Penser contre les dualismes », Seuil, 2011, 368p. (L'Ordre philosophique)


Cyborg hante la culture contemporaine, au cinéma (Robocop, Terminator) ou dans les mangas. Il s’incarne dans les sportifs dopés, dans les prothèses médicales et dans les fantasmes d’« humanité augmentée », voire immortelle. Mais Cyborg est aussi ? et surtout ? une figure philosophique. Cet hybride d’organisme et de machine bouleverse en effet les dichotomies fondamentales de notre pensée : nature/artifice, humain/non-humain nature/culture, masculin/féminin, normal/pathologique, etc. À partir d’une lecture personnelle des travaux de Georges Canguilhem et de Donna Haraway, Thierry Hoquet explore l’énigme de cette figure : Cyborg est-il un instrument susceptible de nous conduire vers une humanité libérée des dualismes, colombe platonicienne rêvant d’un ciel sans air où elle pourrait voler plus librement ? Ou marque-t-il au contraire notre asservissement à un système technique de contrôle et d’oppression, incarnation d’une humanité perdue dans le cliquetis mécanique de l’acier ?

Penser philosophiquement Cyborg, c’est réfléchir sur les rapports entre la machine et l’organisme et sur la possibilité de les composer. C’est aussi penser la différence des sexes en lien avec la nature et la technique et, peut-être, ouvrir la voie à une autre manière d’articuler le masculin et le féminin. On l’a compris : Cyborg vient troubler la philosophie ? il décrit notre condition et ses insolubles contradictions.


WESTERHOFF Dominique Kunz et ATALLAH Marc (dir.), « L’homme-machine et ses avatars. Entre science, philosophie et littérature XVIIe -XXIe siècles », Vrin, « Pour demain ». 320 p.


Dans le contexte de la révolution galiléenne, Descartes a fondé une anthropologie mécaniste qui n’a cessé de se redéfinir au fil des découvertes scientifiques et des controverses qu’elle a suscitées : après l’Homme-Machine, est venu l’Homme Électrique, puis l’Homme Cybernétique. Ces avatars signalent la constante réévaluation, la mesure toujours reprise d’une métaphore originaire, à la fois féconde et insuffisante, heuristique et limitée. Au carrefour des sciences humaines, des sciences et de l’ingénierie, il s’agit d’historiciser cette construction culturelle au long cours, jusqu’à la robotique bio-inspirée et à l’hybridation contemporaine du corps et de la technologie. L’approche littéraire en éclaire, elle, toute la dimension imaginaire : de l’automate parleur au cyborg, l’innovation scientifique est indissociable, sinon indiscernable, d’une saillance de la fiction. Fable philosophique, poésie scientifique, roman libertin, conte fantastique, théâtre satirique, roman social ou science-fiction : ces différents genres font ainsi valoir la compétence de la littérature pour penser la culture de l’homme-machine, et pour faire émerger le mécanique, le non-mécanique, ou l’anti-mécanique, comme autant de procès d’humanisation opérés par la pratique symbolique



ZAGURY-ORLY Raphael, « Questionner encore », éd. Galilée, 2011, 160p.

Ouvrons le questionnement à ce qui est en jeu dès notre titre, à ce qui vient suppléer le questionner en exigeant qu’il se dise encore. Or le mot encore, loin de simplement signifier un recommencement ou une répétition, nous interpelle en indiquant le surcroît, le surplus, le reste à venir. Questionner encore indique non seulement prendre sur soi ce que l’histoire de la philosophie a thématisé quant à la question, mais encore cela même qui ne saurait entièrement souscrire à cette thématisation. En ce sens, tout laisse penser qu’il faudrait entendre, dans et par le sens et l’essence de la question, autre chose que ce qui s’y promet, voire l’autrement de ce qu’elle promet. En somme, il s’agit d’entendre dans la question une certaine supplémentarité du questionner qui ne cesse d’exprimer selon des modalités encore inconnues et imprévues le « sens » et l’« essence » de la question. Comme si, dans la question, s’entendait plus encore que ce que son nom appelle. Plus encore que sa résolution, c’est sans doute que la question appelle à un tout autre ordre du penser. Cet autre ordre du penser est toujours à déceler à la fois dans l’histoire de la philosophie, et comme cela même qui la met en mouvement, la sollicite, la requiert depuis un ailleurs qu’en elle, un ailleurs qu’en ses stratégies et ses calculs, qu’en ses concepts et ses mots. Comme si l’autre ordre du penser, pour n’être sur-nommé ici que stratégiquement, était tout à la fois ce qui demeurait inscrit dans le fond même de la philosophie, et y faisait retour sous les mots s’inscrivant dans la chaîne de la « différence », de l’« altérité », etc., n’y souscrivant pourtant jamais une fois pour toutes.

I. La Question
De la question critique à l'hyper-critique. Derrida entre Kant et Hegel
La loi de la question. Heidegger et Derrida

II. La Révélation

Approches de la révélation. Kant et Levinas

Khôra et l’événement aporétique de la révélation. Pour une nouvelle structure générale de l’expérience


III. Déconstructions

Il nous aura précédé – le spectre… Hegel « avec » Derrida

Le tombeau du propre. Derrida et Levinas


NANCY Jean-Luc et BARRAU Aurélien, « Dans quels mondes vivons-nous ? », éd. Galilée, 2011, 168p.


« Dans quel monde vivons-nous ? » : le plus souvent, dans cette question, le point d’interrogation vaut autant qu’un point d’exclamation. Elle sonne à la fois sur le mode de la révolte et sur celui de la résignation. Dans l’usage ainsi fait du mot – ou de l’idée – de « monde » se cache la valeur la plus forte qu’on puisse lui attacher : celle du cosmos, ensemble harmonieux des corps célestes dont les orbes portent les rapports de l’ordre universel, c’est-à-dire tourné vers une unité intégrale. C’est le sens et le balancement de cet ordre et de cet un qui se trouvent donc implicitement interrogés par cette question.

Il se trouve qu’aujourd’hui l’expérience – tant scientifique qu’existentielle – du monde déjoue la postulation « cosmique » dans laquelle la pensée semblait inévitablement devoir se déployer. D’une part, le monde-cosmos est éclaté ou désuni ; d’autre part, l’idée même de « monde » (un, ensemble) ne répond plus ni à l’investigation physique ni à l’interrogation métaphysique : « plurivers » ou « multivers » sont à l’ordre du jour des physiciens tandis que « multiplicité » et « multitude » traversent les sociologies autant que les ontologies.

En un temps où nous disons simultanément que le monde est toujours plus « globalisé » (donc unifié) et que nos modes de vie, de culture sont toujours plus hétérogènes, il faut remettre en chantier cette question : nous continuons à nous considérer comme vivant dans un monde alors qu’il n’est plus certain que nous puissions user encore de ces termes.

Nous ne sommes plus ni « dans » ni « devant » le monde, mais celui-ci dérobe et déporte de manière vertigineuse la consistance de sa réalité « en soi ». Et peut-être ne vivons-nous pas plus dans un monde ou dans plusieurs mondes que le ou les mondes ne se déploient, divergent ou se recoupent en nous et par nous.


FENEUILLE Serge, « Paroles de Sagesse », éd. CNRS, 2012, 240p.

« Eloigne de toi la convoitise, la colère, la cupidité. Efforce-toi de dominer ton désir, de contrôler tes actes et tes paroles, de respecter autrui… »

Ces préceptes de vie nous viennent du plus ancien de la civilisation égyptienne. Les Sages des bords du Nil les ont prodigués durant trois mille ans, depuis l’Ancien Empire jusqu’à l’époque ptolémaïque. Conseils du sage au pharaon pour bien gouverner, du père à son fils pour vivre dignement, du Maître au disciple pour s’instruire, ces Paroles de Sagesse nous révèlent l’universalité d’une éthique fondée sur la conscience de la responsabilité personnelle et les commandements des dieux. Une sagesse millénaire qui trouve de profonds échos aujourd’hui encore. En les rendant accessibles au lecteur contemporain, Serge Feneuille a restitué toute la poésie et la richesse de ces textes vénérables transmis par les scribes et les papyrus. Des Sagesses qui constituent un des trésors de l’humanité pensante.


FERT Jean-Marc, « Apprendre à penser complexe. Tome 1. Se relier au monde », L’Harmattan / Odin éditions, 2012, 148p.

"Il faut substituer une pensée qui relie à une pensée qui disjoint", comme le disent Stéphane Hessel et Edgar Morin. Nous voyons très souvent la complexité du monde comme angoissante, même menaçante. L'auteur veut nous la montrer comme une source intarissable de joie et vivre et de libération. La suite de ce volume, consacré à la complexité du monde, porte sur la complexité humaine.


DUBOST Matthieu, « Philosopher avec les proverbes », éd. Ellipses, 2013, 176p.

Comment réussir sa vie ? Comment se faire de bons amis ? Comment chasser la tristesse ? Autant d’interrogations auxquelles chacun doit répondre pour être heureux, autant de questions que pose la vie quotidienne et auxquelles les proverbes répondent. En effet, quand on prend le temps de les écouter et de les interroger, ils sont autant de solutions à nos difficultés. Derrière leur apparente simplicité transparaît souvent toute une série de méditations patientes et d’invitations à vivre mieux. C’est à déployer cette richesse que cet ouvrage invite tout lecteur, dans un langage aussi accessible que celui des proverbes eux-mêmes.

LAURENDEAU Pierre, « La liberté, c’est notre destin ! La philosophie antique au coeur des débats actuels », Québec, PU Laval, 2013, 114p.

Pourquoi les propos des philosophes de l’Antiquité grecque et latine, de même qu’asiatique, sont-ils toujours aussi actuels ? C’est en lisant douze extraits de ces penseurs sur la nature, la connaissance, la cité, la morale et le sens de la vie que vous le découvrirez. Mais précisons tout de suite au moins une chose : ces penseurs n’ont cessé de réfléchir à la liberté en lien avec les nécessités de la vie, ce qui demeure un des grands défis du XXIe siècle.



VERNON Mark, “Le podcast de Platon. La vie du 21e siècle vue par Platon et ses amis”, Les Éditions de l'Opportun, 2011

Et si Platon était notre meilleur allié pour vivre heureux dans notre société actuelle ? C’est à cette question étonnante que répond Mark Vernon en dépoussiérant les textes antiques essentiels et en exhumant toute leur modernité et leur utilité. Les « amis » de Platon, connus ou moins connus, n’ont pas toujours été bien compris et pourtant... Aristote, Épicure, Diogène ou encore Pythagore ont, en leur temps, philosophé sur notre quotidien… Quelques exemples ? Sextus nous parle des dangers des régimes alimentaires. Diotime décrypte la société de consommation. Hipparchia, féministe avant l’heure, analyse le grand amour… Les anciens avaient cerné nos angoisses existentielles et leur sagesse est d’une aide précieuse dans le tumulte de notre modernité. Podcastez donc ces pages sans modération ! Platon et ses « amis » savent vous aider à développer votre esprit critique face à la surinformation ambiante, vous apaiser dans le monde des gadgets et vous donner envie de profiter des petits plaisirs de la vie…


METIVIER Francis, "Zapping philo. Petites leçons de philosophie tirées de l'actualité », Le Passeur éditeur, 2013, 240 p.

Un peu de sagesse dans un monde de fous. Zapping Philo invite Socrate, Descartes, Rousseau et les grands philosophes de l’Antiquité à nos jours à porter un regard sur l’actualité récente. Sous le regard de nos grands penseurs et avec les clés qu’ils nous offrent, les « événements » apparaissent sous un éclairage moins partial, moins précipité et plus stimulant. Du recul dans la tempête ! Loin du survol superficiel du monde contemporain ou de la télévision, Zapping Philo permet de mieux saisir, grâce à la philosophie, l’essence des sujets qui occupent les médias, des plus sérieux aux plus incongrus, de l’affaire Kerviel à The Hobbit, de la guerre des chefs de l’UMP à Splash, du mariage homosexuel à la viande de cheval. Suivant l’ordre chronologique des philosophes, le livre présente chaque fait d’actualité sous le prisme d’un grand concept. Il offre ainsi des rencontres inattendues : Heidegger et Nabila, Épicure et les météorites de l’Oural, Rousseau et Koh Lanta, Socrate et le groupe Pussy Riot…


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