Le travail

Ressources pédagogiques pour l'enseignement de la religion protestante au niveau secondaire

 

FARRON Pierre, « Dis pourquoi tu travailles ? Sens du travail entre théologie et sciences humaines », éd. Ouverture, 2013, 255p.

De plus en plus de gens s'épuisent ou s'abîment la santé au travail. Mais pourquoi se donne-t-on tant de mal au travail ? Et pourquoi le chômage de longue durée a-t-il souvent des effets dévastateurs chez les personnes qui le vivent ? Par rapport à ces questions, les sciences humaines apportent un éclairage nécessaire mais insuffisant. Elles ne sont guère outillées pour aborder le problème de la perte de sens, très souvent ressentie par les personnes qui souffrent de leur travail ou de son absence. Or le besoin de sens est fondamental pour l'être humain. Notre société sépare travail et sens. Cet ouvrage cherche à dépasser ce clivage présent aussi bien dans les spiritualités chrétiennes que dans les sciences humaines. Proche du terrain, l'auteur propose une réflexion novatrice, destinée à un large public, sur le sens du travail à l'aide de plusieurs sources en dialogue : sciences humaines, histoire, lecture renouvelée de textes bibliques.


ELLUL J., « Pour qui, pour quoi travaillons-nous ? », éd. La Table Ronde, 2013, 253p.

 Jacques Ellul n’a jamais consacré un ouvrage spécifiquement au travail. Pour autant, on trouve, dispersées dans l’ensemble de son oeuvre, de nombreuses et fréquentes considérations sur ce thème. Une lecture transversale, à la fois thématique et chronologique, de l’oeuvre de Jacques Ellul montre une évolution intéressante de la manière dont est abordé ce thème dans les médias, la littérature ou le cinéma, qui n’est certainement pas sans rapport avec l’importance grandissante donnée au travail, à la fois dans les préoccupations des sociétés modernes et, sans doute conséquemment, dans la recherche sociologique et économique. L’édition de l’ensemble de ces textes, rassemblés et mis en perspective, permettra une lecture renouvelée de l’oeuvre de Jacques Ellul.


BIKIALO Stéphane, ENGELIBERT Jean-Paul (éd), « Dire le travail. Fiction et témoignage depuis 1980 », PU Rennes, 2013, 315p.

Depuis les années quatre-vingt, la littérature a retrouvé un intérêt pour le travail qu'elle avait perdu depuis des décennies. Effet d’un « retour au réel » qui pousse les écrivains contemporains sur les voies du témoignage, de la mémoire, de l’enquête et de l’entretien : autant de pratiques qui suscitent des formes d’écriture autant qu’elles constituent des rapports au monde social. Aussi les œuvres qui en émergent n’ont-elles rien à voir avec une résurgence du naturalisme ou de l’engagement. Le monde des ouvriers, des employés et des cadres, observé, décrit, raconté ou fictionné pour lui-même, n’est pas un objet comme un autre, mais un de ceux qui ont le plus contribué à renouveler les formes narratives depuis trente ans en France et ailleurs dans le monde. Entre autres raisons parce que c’est un objet de langage : dans un monde où « l’entreprise » a imposé ses normes à la langue, le roman, comme la poésie, doit inventer les formes qui rendent toute sa puissance critique à la pensée.


Nathanaël Dupré la Tour, « Au seuil du monde », éd. Le Félin, 2013, 160p.

Un cadre d’entreprise se perdant dans l’économie de l’information : son esprit occupé par la profusion des images et des messages qui viennent se percuter en lui. Son quotidien rythmé par des tableurs qui comptent son temps, mesurent heure par heure la rentabilité de sa vie.  Et posé à l’orée d’une forêt champenoise, un monastère bénédictin ; sa Règle, son silence, son recueillement. L’espace laissé libre pour une vie spirituelle qui pénètre de part en part la relation aux autres et le travail. La valeur donnée à l’attention au présent, à la Grâce du temps reçu. Ce livre est le carnet de route d’allers-retours au seuil du monde, de ce cheminement vers un lieu où s’offrent à chacun une autre façon d’être, un autre cadre de vie.


Bénédicte Vidaillet, « Évaluez-moi ! Évaluation au travail : les ressorts d'une fascination », Seuil, 2013, 224p.

L’évaluation a fait l’objet de nombreuses critiques de spécialistes du travail, ses méfaits sont connus. Pourquoi alors continue-t-elle de se développer dans tous les secteurs d’activité ? Pourquoi la plupart des personnes qui travaillent soutiennent-elles des pratiques qui finissent par leur nuire ? Cet essai passionnant propose une réponse : nous voulons être évalués. S’appuyant sur de nombreuses situations concrètes, Bénédicte Vidaillet montre que l'évaluation promet de résoudre les problématiques qui se posent à chacun de nous au travail. Ainsi semble-t-elle offrir une reconnaissance nécessaire à notre équilibre psychique quand l’actuelle logique de performance ne nous signifie que notre insuffisance ; ou nourrir notre motivation en proposant sans cesse de nouveaux défis ; ou évacuer la confrontation à l’autre, en remplaçant le conflit par la compétition. Mais l’évaluation fonctionne comme un piège : loin de les résoudre, elle ne fait qu’alimenter les besoins auxquels elle prétend répondre. En montrant sur quels ressorts psychiques l’évaluation joue pour nous séduire alors qu’elle contribue grandement à détruire notre désir de travailler et notre relation à l’autre, cet essai tranchant et fouillé donne aux salariés les moyens de cesser de s’y plier.


Pierre-Yves Gomez, « Le travail invisible. Enquête sur une disparition », Fr. Bourin éd., 2013, 260p.

Voilà trente ans que l’on nous fait la promesse d’une société où l’on ne travaillerait plus. Une société ludique, des loisirs sans fin, des subventions faciles, de l’oisiveté aristocratique, une société dont la devise serait « du pain et des jeux ». L’esprit de rente est l’opium du peuple. Un puissant narcotique pour gouverner une société indolente où des magiciens divertissent les travailleurs et les font disparaître. Pendant ce temps, les nouveaux capitaines du monde ont imposé leurs cartes, leurs mesures et leurs desseins grâce à un savoir mystérieux et terriblement efficace, « la finance ». Ils nous ont fait croire qu’on pouvait créer de la valeur à partir de rien. Et le piège spéculatif s’est refermé sur nous.
Mais la solution se profile déjà. La crise montre que les travailleurs aspirent à être reconnus comme des sujets et non de simples opérateurs. Dans la vraie vie, le travail peut être pénible et fatiguant, mais il est aussi stimulant et enrichissant. Dans la vraie vie, le travail est vivant.
Véritable thriller économique, cet essai déroule la logique fascinante qui nous a conduits à cette situation absurde. Il plaide pour une économie du travail vivant, seul vrai projet politique sur lequel repose notre avenir. Un livre indispensable pour comprendre ce qui ronge nos sociétés mais aussi ce qui, déjà, les renouvelle.