Approches du phénomène religieux

Ressources pédagogiques pour l'enseignement de la religion protestante au niveau secondaire

 

FERRY L. et GAUCHET M., « Le religieux après la religion », Grasset / Poche, (2004) 2007, 140p.


Ce dialogue entre Marcel Gauchet et Luc Ferry nous plonge dans cette contradiction : alors que les intégrismes et fondamentalismes font retentir leurs sirènes, églises et dogmes semblent dépérir. Les religions déclinent, le fait religieux résiste. Pour Marcel Gauchet, les sociétés contemporaines ont instauré le triomphe d'un homme sans Dieu qui évolue dans un absolu d'ici-bas, un univers désenchanté. La Révolution française a placé l'homme comme acteur de son destin, au centre de son histoire. Dès lors, divin et sacré s'estompent. En revanche, pour Luc Ferry, la philosophie moderne s'enracine dans un terreau chrétien laïcisé, humanisé, rationalisé. Le religieux réinvestit le discours humaniste, fait ressurgir un au-delà de l'humain. Serait-ce une nouvelle sphère du sacré... ?



VIALLET Ludovic, “Religio, religare. Huit études d'histoire médiévale”, PU Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2009

Comment faire communauté ? Les contributions rassemblées dans ce volume nous rappellent le rôle essentiel et structurant des croyances et pratiques chrétiennes dans le dense tissage de la société des 13e-15e siècles, que l'on ne peut comprendre qu'en scrutant les points où se croisent la verticalité de l'intercession spirituelle et l'horizontalité des liens interpersonnels.



“Archives de sciences sociales des religions”, éd. Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, en ligne

Archives de sciences sociales des religions est une revue fondée sous l’égide du CNRS et créée en 1956, aujourd’hui publiée par les Éditions de l’EHESS. Les Archives se donnent pour objectif de promouvoir une perspective comparative, élargie à toutes les religions vivantes ou mortes, de favoriser une coopération de toutes les sciences sociales aux fins d’éclairer les facettes multiples du phénomène religieux et d’accueillir l’exposé des développements théoriques de la recherche. La revue est bilingue (français-anglais) et parfois trilingue (espagnol).

La revue est accessible en texte intégral sur Revues.org, avec un délai de restriction de trois ans. Les numéros antérieurs à 2000 sont en ligne en texte intégral sur Persée.



ALBERT Jean-Pierre, « Des lieux où souffle l’Esprit » dans “Archives de sciences sociales des religions”, n°111, 2000,  p. 111-123

Qu’est-ce qu’un lieu saint ? Comment comprendre sa valorisation dans le contexte du catholicisme ? Après un examen critique de deux théories souvent utilisées pour rendre compte de la sacralité d’un site (phénoménologie des religions et anthropologie du symbolique d’inspiration structuraliste), l’auteur propose trois orientations interprétatives reposant sur une attention aux singularités et anomalies classificatoires introduites dans l’aménagement de l’espace, aux témoignages réifiés de la présence d’une lignée croyante, à la polarité, qui traverse tout le champ religieux chrétien, entre culte sacerdotal et valorisation d’une dimension « prophétique » de la présence du surnaturel.



ATRAN Scott, « Au nom du Seigneur. La religion au crible de l’évolution », éd. Odile Jacob, 2009, 432p.

Comment expliquer le poids culturel de la religion à travers l’histoire ? Pourquoi les idées surnaturelles sont-elles aussi répandues dans toutes les cultures ? Que nous apprennent la biologie, la psychologie, l’anthropologie et les sciences cognitives sur les différences et les similitudes entre les groupes religieux ? Et comment se fait-il que les explications religieuses des phénomènes naturels influent plus sur notre imaginaire collectif que les connaissances scientifiques ?


ANGENOT Marc, « En quoi sommes-nous encore pieux ? Sur l'état présent des croyances en Occident suivi de la réplique de l'avocat du diable par Georges A. Le Bel », PU Laval, 2008, 136p.

Je me propose de développer une réflexion sur l’état actuel des croyances dans les sociétés d’Europe et d’Amérique du Nord, ci-devant chrétiennes, qui semblent avoir abouti à un état de dé-divinisation, de désacralisation, de déréliction et d’anomie, resté notamment dissimulé au XXe siècle par les bruyantes religions de salut politique. Il est utile à mon sens de poser à la société d’aujourd’hui une grande ­question qui fut celle de Nietzsche : En quoi sommes-nous encore pieux ?


GENRE Ermanno, “Le culte chrétien. Une perspective protestante”, Labor & Fides, 2008, 256p. (Pratiques, n° 23)

A l'heure du pluralisme religieux, de la sécularisation et de la globalisation, quel est le sens aujourd'hui du culte chrétien ? Les diversités entre le culte catholique, protestant ou le rite orthodoxe sont-elles inconciliables ou peuvent-elles être considérées comme participant d'une même foi ? Et à l'ère de la civilisation médiatique, quel sens y a-t-il à perpétuer des cérémonies de facture encore classique ? S'appuyant sur la théologie anglophone, germanophone et francophone, cet ouvrage nous donne plusieurs clés pour comprendre le sens du culte chrétien à la lumière de l'art et des sciences humaines, en ancrant la pratique du culte dans une réflextion véritablement biblique. Ermanno Genre est professeur de théologie pratique à la Faculté vaudoise de Rome. Il est l'auteur de "La relation d'aide" (Labor et Fides, 1997)


CHAILLOT Christine (dir), « L'Église orthodoxe en Europe orientale au XXe siècle », éd. du Cerf, 2009, 416p.

On sait que la plupart des pays d'Europe orientale sont majoritairement de tradition chrétienne orthodoxe. Mais a-t-on toujours une connaissance historique du passé et même du présent de ces Églises orthodoxes ? C'est le but de ce livre : introduire à cette histoire, écrite pour un grand public, chrétien ou non chrétien. À la suite de la révolution de 1917 en Russie, le communisme se répandit dans la majorité des pays de l'Europe orientale. En 1953, à la mort de Staline, la division entre Europe de l'Est et de l'Ouest était totale. À partir de la « perestroïka », dès la fin des années 1980, les changements politiques ont permis que l'Église orthodoxe se développe à nouveau en Europe orientale. Dans le contexte de l'Union européenne à partir de 1993, ces communautés orthodoxes vont participer à l'élaboration de l'Europe à venir. Certaines Églises orthodoxes ont déjà des représentations auprès de l'Union européenne à Bruxelles : les patriarcats de Constantinople, de Russie et de Roumanie, ainsi que l'Église de Grèce et celle de Chypre. De nos jours, l'Europe se diversifie religieusement, y compris dans le cadre chrétien. Un nombre croissant de chrétiens orthodoxes viennent travailler et s'établir en Europe occidentale. Connaître l'histoire des communautés orthodoxes de l'Europe orientale au XXe siècle ne peut qu'aider à préparer l'avenir de cette nouvelle Europe encore en gestation, dans un esprit de dialogue informé.


ZIZEK Slavoj, THERON François, « Fragile Absolu. Pourquoi l’héritage chrétien vaut-il d’être défendu ? », Flammarion, 2008.

Le cœur subversif de l'héritage chrétien est bien trop précieux pour être abandonné aux intégrismes et à la multitude des spiritualismes New Age. Christianisme et marxisme doivent combattre main dans la main, agripper le principe de charité, et défendre cette Altérité utopique dont toute position révolutionnaire devrait s'inspirer. Zizek met en place une discussion théologique qui confronte le Décalogue avec les droits de l'homme. Il retrace la genèse de l'Absolu, tant sur le plan philosophique (Schelling, Hegel, ou Heidegger) que théologique (saint Paul) et psychanalytique (Freud), à la lumière du paganisme, du néopaganisme, du judaïsme et du christianisme. Puis il démontre la vocation révolutionnaire de l'agapè paulinien qui tend moins à suspendre la Loi que son cercle vicieux, induit par le désir de transgression. Et si le pari chrétien n'était pas la rédemption, mais cette forme de " haine " prescrite par le Christ quand il appelle l'homme à se " débrancher " de la communauté ? Et si le dépassement de cette Loi même plaidait pour son abandon ? Un essai qui relance, dans une perspective passionnante, les enjeux ontologiques et anthropologiques de la religion.


AZRIA Régine, HERVIEU-LEGER Danièle, « Dictionnaire des faits religieux », PUF, 2010, 1360p. (Quadriges dico poches)

Ce dictionnaire propose la première approche collective libre de toute emprise confessionnelle sur les faits religieux. Son objet, prétendu « indéfinissable », s’y trouve traité au cœur même de sa complexité à travers la pluridisciplinarité de ses contributeurs dialoguant par dessus les frontières disciplinaires et culturelles : sociologues, anthropologues, historiens, philosophes, politologues conversent autant sur l’enracinement ou l’exportation des religions que sur des sujets que tout un chacun se pose (secte, intégrisme…), afin d’aider le lecteur à se configurer sa définition des faits religieux. Au questionnement sur les fondements de toute autorité religieuse et de ses institutions, ce dictionnaire montre que le lexique religieux du vocabulaire courant véhicule des préconceptions et des représentations implicites que le travail critique des sciences sociales se donne précisément pour tâche de décrypter. Faire état des débats en cours ou passés en montrant en quoi le passage par les sciences sociales peut aider à la compréhension du monde dans lequel nous vivons et comment le détour donne sens, profondeur et intelligibilité aux faits du présent, tracer des pistes nouvelles, éventuellement proposer des éléments de prospective : tels sont quelques-uns des nombreux objectifs visés par ce Dictionnaire des faits religieux dont les index offrent un fil d’Ariane dans le dédale d’une matière à définition multiple et croisée. Tout chercheur-lecteur trouvera ainsi les éléments de sa compréhension et sa définition du « fait religieux »… toujours pluriel.

LUCA N., « Les sectes », PUF / Que sais-je ?, 2011, 128p.

Le phénomène sectaire n’est pas nouveau. Il suscite depuis toujours des réactions aussi passionnées que variées de l’individu, de la société comme des États.

Un regard historique, sociologique et anthropologique sur le fonctionnement interne de ces groupes porteurs de valeurs apparemment religieuses, sur leurs types de dérives possibles mais aussi sur la diversité des réponses politiques aux sectes, permet à l’ouvrage d’analyser en quoi et comment ces organes sont en rupture avec l’ordre social.


SANCHEZ P., « Les croyances collectives », PUF / Que sais-je ?, 2009, 128p.

Comment expliquer, malgré les multiples démentis apportés par les faits, que des croyants s’obstinent à attendre une fin du monde… qui tarde à venir ? Comment est-il possible de croire qu’un chant, qu’une danse, certes scrupuleusement réalisés, s’avèrent capables de produire une pluie bienfaitrice et attendue par toute une communauté ? Pour quelles raisons des individus, scolarisés et éduqués dans un monde dominé par la science et la technique, accordent-ils un crédit à l’astrologie ?
La production de croyances collectives est un fait universel. Cet ouvrage fait la synthèse des recherches menées en sciences sociales pour tenter d’analyser avec rationalité cet irrationnel collectif, et décrypter les raisons ou les causes profondes de la remarquable persistance de ces superstitions partagées.


MARGEL Serge, « Superstition. L’anthropologie du religieux en terre de chrétienté », éd. Galilée, 2005, 184p.

Comment repenser aujourd’hui l’histoire de l’Occident chrétien en considérant côte à côte le discours apologétique de la vera religio et le discours anthropologique des sciences humaines ? Autrement dit, comment penser la possibilité d’une anthropologie religieuse du christianisme ?
À vrai dire, cette question est double. D’un côté, quel est le statut du religieux dans nos sociétés contemporaines ? De l’autre, quel est le destin du christianisme en modernité ? En somme, il s’agirait de questionner le rôle du christianisme dans la définition moderne du phénomène religieux, donc dans le discours des sciences humaines. Dans quelle mesure, en se retirant progressivement de la société, le christianisme a-t-il pu en même temps révéler les fondements politiques du phénomène religieux et permettre l’accomplissement d’une autonomie politique, une démocratie d’État, libre de toute autorité religieuse ? L’hypothèse générale serait la suivante : d’une part, l’institution chrétienne, en modernité, se retire de la société de la même manière que le christianisme naissant s’est démarqué des autres religions, juive et païenne. C’est une seule et même logique institutionnelle qui se joue ici. Une logique de la séparation, qui à la fois distingue le religieux du politique, et analyse, critique, voire déconstruit les déterminations “subjectives”, individuelles et collectives, de toute institution sociale. Et, d’autre part, cette logique se fonde sur une opposition radicale entre religion et superstition, entre un culte intérieur, “en esprit”, une relation à Dieu instaurée par Dieu lui-même, et un faux culte offert aux démons, une idolâtrie. Toute institution sociale et humaine devenant par là même une forme de superstition, une falsification, un péril, un danger qui menace les fondements de toute autorité.
L’histoire de l’Occident chrétien pourrait alors se penser comme une longue histoire de la superstition. C’est non seulement en termes de superstition que toute religion aura défini la “religion de l’autre”, mais c’est surtout en ces termes que le discours apologétique du christianisme (où la religion s’oppose à la superstition, comme une institution divine s’oppose aux institutions sociales) s’est déplacé en discours anthropologique des sciences humaines (où la religion et la superstition proviennent des mêmes sources subjectives). Décrire ce déplacement du discours, des premiers Pères de l’Église aux représentants majeurs de la modernité, c’est non seulement définir une nouvelle configuration entre politique et religion dans nos sociétés contemporaines, mais c’est encore et surtout s’interroger sur les nouveaux phénomènes religieux que produisent ces sociétés. Phénomènes plus du tout religieux et plus religieux que jamais, au seuil des frontières entre la religion et la superstition.

CIERL lance un nouvel outil autour des religions et de la laïcité. (article tiré du journal «La Libre», jeudi 9/02/2012, p. 6)

«Voilà ce qui s’appelle tomber à pic, même si au Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité (CIERL), on n’est pas particulièrement heureux de cet "apparentement terrible" comme dirait le "Canard Enchaîné" : alors que l’ULB est un peu groggy après les incidents de mardi soir, les Prs Jean-Philippe Schreiber et Cécile Vanderpelen ont officiellement porté sur les fonts baptismaux, mercredi, l’Observatoire des religions et de la laïcité (Orela), un portail Internet qui propose une revue de presse quotidienne mais aussi, sinon surtout, une série d’analyses sur des questions actuelles touchant d’une manière ou d’une autre aux religions ou à la laïcité. "Tous les jours vers midi, nous diffusons une revue de presse faite à partir d’une quinzaine de sources qui comptent sur l’actualité des religions et de la laïcité", explique Jean-Philippe Schreiber. "Mais à côté de ce rendez-vous quotidien, nous proposons aussi une série d’analyses originales sur des faits ou des phénomènes que nous confions à des experts académiques ou scientifiques du CIERL ou de grandes universités étrangères, choisis pour la qualité et la pertinence de leur approche. Si nous y favorisons les formats de textes journalistiques, il s’agit bel et bien d’analyses académiques avec une prise de distance et une mise en perspective qui iront souvent à l’encontre des idées reçues. Cela peut aller d’une contribution d’un historien des origines du christianisme à une étude sur le patrimoine de l’Eglise orthodoxe en Grèce en passant par l’idée d’introduire une initiation à la philosophie à l’école à côté des cours de religion ou de morale."

Mais l’Orela nourrit encore d’autres ambitions : "Avec le recours aux spécialistes de l’ULB et d’ailleurs, nous voudrions également fournir un rapport annuel sur l’état des religions dans l’Union européenne et dans le monde".

En attendant, l’Observatoire proposera bientôt une banque de données journalistique assez fabuleuse de 100 000 articles relevés par le CIERL depuis 30 ans. Sans parler d’un "dictionnaire des idées reçues". L’une d’elles est déjà en ligne à la faveur de l’affaire DSK. Contrairement à ce que l’on pense, le puritanisme américain n’est pas (plus) ce qu’on croit qu’il est Bref, un nouvel outil destiné au grand public mais qui ravira aussi les spécialistes en quête de données».

http://www.o-re-la.org/