narratologie

Ressources pédagogiques pour l'enseignement de la religion protestante au niveau secondaire

 



RICŒUR Paul, « Temps et récit I. L'intrigue et le récit historique ; II. La configuration dans le récit de fiction », éd. Seuil, 1983-1985


I. L'intrigue et le récit historique

Temps et Récit explore, après La Métaphore vive, le phénomène central de l'innovation sémantique. Avec la métaphore, celle-ci consistait à produire une nouvelle pertinence de sens par le moyen d'une attribution impertinente. Avec le récit, l'innovation consiste dans l'invention d'une intrigue : des buts, des causes, des hasards, relevant à des titres divers du champ pratique, sont alors rassemblés dans l'unité temporelle d'une action totale et complète. La question philosophique posée par ce travail de composition narrative est celui des rapports entre le temps du récit et celui de la vie et de l'action affective. Plusieurs disciplines sont convoquées à la barre de ce grand débat entre temps et récit, principalement la phénoménologie du temps, l'historiographie, et la théorie littéraire du récit de fiction.

Temps et Récit 1 met en place, dans une première partie, la thèse de Paul Ricœur, qui se précise tout au long des trois tomes, selon laquelle le récit comporte trois rapports «mimétiques» : au temps agi et vécu, au temps propre de la mise en intrigue, au temps de la lecture. Dans une 2e partie, l'ouvrage met ce schéma à l'épreuve sur l'histoire.

II. La configuration dans le récit de fiction

Temps et Récit explore, après La Métaphore vive, le phénomène central de l'innovation sémantique. Avec la métaphore, celle-ci consistait à produire une nouvelle pertinence de sens par le moyen d'une attribution impertinente. Avec le récit, l'innovation consiste dans l'invention d'une intrigue : des buts, des causes, des hasards, relevant à des titres divers du champ pratique, sont alors rassemblés dans l'unité temporelle d'une action totale et complète. La question philosophique posée par ce travail de composition narrative est celui des rapports entre le temps du récit et celui de la vie et de l'action affective. Plusieurs disciplines sont convoquées à la barre de ce grand débat entre temps et récit, principalement la phénoménologie du temps, l'historiographie, et la théorie littéraire du récit de fiction.

Temps et Récit 2 est consacré à mettre à l'épreuve la théorie de la narrativité exposée dans la première partie de Temps et Récit, dans la région non plus du récit historique mais, cette fois, du récit de fiction.


GENETTE G. , « Discours du récit », éd. du Seuil / Points, (1983) 2007


Ce volume réunit deux « essais de méthode » : Discours du récit, contenu en 1972 dans Figures III, et Nouveau discours du récit, publié en 1983. Le second présente une mise à jour théorique du premier, à la lumière des commentaires qu’il a suscités, et des avancées de la recherche qui en sont résultées.

Élaborés à partir d’une étude rigoureuse du régime narratif de la Recherche du temps perdu, ces deux ouvrages complémentaires sont aujourd’hui largement considérés comme fondateurs d’une des disciplines majeures de la poétique : la narratologie, ou analyse structurale des formes et des procédés du récit, particulièrement dans le champ de la fiction littéraire.


MONTALBETTI Chr., « La fiction », GFlammarion, 2001, 254p.  (Corpus)


Noël est une fiction. Don Quichotte aussi, nous serons tous aisément d’accords sur ce sujet. Un être de fiction qui confondait la fiction et le réel… Voilà qui se complique : car qu’est-ce qu’un être de fiction ? Et quel crédit accordons-nous à l’existence de la route Don Quichotte, en Espagne, parcourue chaque année par des milliers de touristes ? Ou, d’un point de vue scientifique : quel est le statut de l’énoncé de fiction ?

Voici un petit ouvrage bien utile pour nous aider à trouver notre réponse. La nôtre en effet, car son auteur, très intelligemment, n’a pas voulu décider et a fait le choix de présenter toutes les solutions théoriques en concurrence. Bien pratique par exemple dans le débat contemporain autour des œuvres sulfureuses que la littérature française consacre et dont on se demande parfois si elles sont bien fréquentables. Pour les sophistes grecs, tout était fiction. Par la suite le jugement devint plus complexe : la notion d’intention rendait compte d’un calcul de l’auteur à travers son œuvre, autorisant de la juger sur des critères non littéraires. Mais cette notion ne parut plus bientôt assez claire pour caractériser les énoncés de fiction. Y-a-t-il un sens à chercher une quelconque trace de vérité dans la fiction, une vérité de son message ?

Au parcours théorique, l’auteur a ajouté la présentation des principaux textes qui ont fondé ce débat et se sont répondus au cours des siècles, de Platon à Schaeffer. En y ajoutant un glossaire des principales notions et une bibliographie des plus complète, il a réussi là un tour de force qui rend ce débat accessible au plus grand nombre sans jamais concéder à la facilité.



REUTER Yves, « L’analyse du récit », 2e éd., éd. Armand Colin, 2009, 128p. (coll. 128)

L'approche narratologique présente deux caractéristiques : elle permet l'analyse des différents types de récits en tant qu'objets linguistiques, indépendamment de leur production et de leur réception ; mais aussi met en lumière les formes et les principes de composition communs. Cet ouvrage décrit les concepts de base et les outils descriptifs permettant l'étude des grands niveaux d'organisation du récit : la fiction, la narration et la mise en texte. Afin d'éclairer leur champ d'application, les notions sont illustrées de nombreux exemples extraits d'oeuvres littéraires variées.



PAPO Eliane, « Typologie de quatre registres de discours » dans la revue « Semen », 02. De Saussure aux média, 1985, mis en ligne le 12 juin 2007. URL : http://semen.revues.org/document3859.html


HUSTON Nancy, « L’espèce fabulatrice », Actes Sud / Babel, 2008, 199p.

Pourquoi et comment l'histoire de l'individu et celle du roman s'entrelacent-elles dans ce noeud qu'est la fiction ? Voilà la question à laquelle répond Nancy Huston dans cet ouvrage mené avec une joyeuse impertinence et une grande liberté d'esprit. "Pour nous autres humains, la fiction est aussi réelle que le sol sur lequel nous marchons. Elle est ce sol. Notre soutien dans le monde. (...) La conscience humaine est une machine fabuleuse et intrinsèquement fabulatrice." Grande lectrice, la romancière évoque les pouvoirs du roman et célèbre la diversité que la littérature peut introduire au coeur de l'individu en ouvrant sans cesse la porte à de nouvelles identifications. Au fil de thèmes qui lui sont chers - l'identité, le temps, la mémoire, le langage, le sens -, elle mène une réflexion inédite et captivante. Et c'est avec un enthousiasme communicatif qu'elle démontre magistralement que nous sommes tous des êtres de fiction.



de La SALLE Bruno et JOLIVET Michel (dir), « Pourquoi faut-il se raconter des histoires ? », 2 tomes, éd. Autrement, 2005-2006

Pourquoi avons-nous tant envie de raconter ou d'entendre raconter des histoires, courtes ou interminables, drôles ou effrayantes, que nous connaissons par cœur ou dont nous ignorons tout ? À quelles aspirations, à quelles nécessités, à quelles obligations répondons-nous en cédant à ces paroles conteuses ? Serait-ce une réponse à notre besoin de rencontrer, de dialoguer, de réfléchir, de méditer, de rêver, de chercher en commun ; une réponse à notre besoin de nous situer dans le temps, de nous relier au passé et à l'avenir, de nous libérer du contingent, de nous exprimer dans une langue accessible à tous avec dignité ? Après que les conteurs traditionnels ont presque complètement disparu de notre monde, de nouveaux conteurs sont apparus ces dernières années, de plus en plus nombreux, attirant de plus en plus de monde lors de leurs performances. Ce sont, entre autres, Mimi Barthélémy, Nacer Khemir, Ben Zimet, Évelyne Cevin, Muriel Bloch, Abbi Patrix, Hassane Kouyaté, Gérard Potier, Lucien Gourong, Manfeï Obin, Bruno de La Salle... Ce sont eux qui s'interrogent avec leur association MondOral, et avec eux, pour leur prêter leurs oreilles et leurs réflexions, des personnalités venues de tous horizons, parmi lesquelles Michel Zink, Boris Cyrulnik, Catherine Dolto, Régis Boyer, Patrick Ben Soussan, André Miquel, Jacques Roubaud, Jean-Claude Carrière, Mohamed Kacimi, Pierre Péju, Rufus, Henri Meschonnic, André Benedetto, Claude Sicre, Jacques Lacarrière, Gilles Lapouge... 46 intervenants qui se sont rencontrés le 19 octobre 2004 au Théâtre du Rond-Point à Paris lors d'une journée mémorable où raconter et réfléchir allaient ensemble. Ils ont confectionné pour vous un bouquet de plus de 100 histoires et témoignages que vous trouverez dans cet ouvrage, et qui ne demandent qu'à s'envoler plus loin avec vous.


FAYE Jean-Pierre, « L'Expérience narrative et ses transformations », éd. Hermann, 2010, 380p.

Toute sa vie, Jean-Pierre Faye, spécialiste des pensées de Nietzsche et de Heidegger, s’est consacré à l’étude de la philosophie allemande, notamment à travers le thème du langage et de ses effets sur le réel. Mais par-delà ses analyses scientifiques, Jean-Pierre Faye s’illustre par sa propre philosophie, forte et originale, qui montre comment l’histoire, en se narrant, se fait et comment le réel est le produit des discours que l’on tient sur lui. Raconter un événement, en faire la genèse, c’est contribuer à cet événement. Dans ce dernier ouvrage, le philosophe s’intéresse essentiellement à ce que toute narration d’un événement transforme dans l’événement lui-même. L’expérience narrative est ce qui enveloppe chaque moment, ce qui devient événement. Expérience et récit sont conjugués dans la même fonction histoire. La question a été posée : est-ce que Ernst Jünger, pendant la Guerre mondiale, a entendu le récit lui apprenant la Conférence de Wannsee qui programmait la Solution finale ? Est-ce que cela aurait modifié son « expérience du combat » ? A-t-il eu connaissance du Cours d’hiver 1933-34 où son ami Heidegger exigeait « l’extermination totale » de « l’Asiatique » ?


THIOUNE Birahim, « Univers et personnages dans le roman au XXe s. », L’Harmattan, 2010, 88p.


Une tendance au renouvellement de la conscience, née au début du XXe s., est bien perceptible dans la présentation du personnage romanesque dès la fin des années 20. Si dans le roman laïc l'influence provient des conceptions athéistes concernant le religion et la foi, dans le nouveau roman chrétien, c'est dans le rapport des écrivains au spirituel que vient l'éclairage. En somme, le personnage romanesque véhicule, dans sa foisonnante diversité, des positions représentatives de la tradition catholique, de l'athéisme ambiant ou d'une certaine idée d'un Dieu "inaccessible".


TADIE Alexis, « Repenser la fiction », Hermann éd., 2011

Ce livre vise à déplacer les débats autour de la littérature et de la connaissance, en les abordant sous l’angle de la théorie de la fiction. On montrera dans ce livre que le rapport du roman au monde et au savoir peut être abordé à partir d’une réflexion à la fois historique et théorique sur le concept de fiction. Plus précisément, la théorie ici proposée considère que la fiction est en particulier caractérisée par une hésitation du lecteur face au texte, par une négociation permanente des aspects référentiels et non référentiels du texte. Plutôt que de considérer la fiction comme un « monde » à part, caractérisé par le « faire-semblant », ce livre explore, au contraire, les rapports complexes que peuvent entretenir vérité et fiction. Les exemples seront principalement tirés du roman anglais et français. On partira d’une réflexion historique sur le concept de fiction, en particulier sur une exploration de la nature de la fiction aux XVIIe et XVIIIe siècles. On analysera, en particulier, les discours théoriques sur la fiction, dans toutes ses dimensions (conte philosophique, roman, fable). On cherchera, ensuite, à saisir les principes de construction de la fiction, à partir notamment des rapports entre fiction et histoire, fiction et allégorie, fiction et vérité. On se penchera, dans un troisième temps, sur les usages de la fiction, en se concentrant notamment sur le rôle du lecteur dans la définition et l’usage de la fiction. Et, enfin, on essaiera d’interpréter ces principes dans le cadre d’une réflexion philosophique sur le concept de fiction, en proposant d’appréhender la fiction comme une expérience de pensée.


MASSON Jean-Yves et PARIZET Sylvie (dir), « Les Écrivains face à la Bible. Herméneutique et création », éd. du Cerf, 2011, 272p.

Plus qu'aucune autre œuvre, le texte biblique est reçu à travers un « filtre », celui des diverses traditions religieuses qui en ont assuré la diffusion. Mais comment l'imaginaire des écrivains fonctionne-t-il, lorsqu'il les conduit à faire appel à des réminiscences, conscientes ou inconscientes, de la Bible ? Jusqu'à quel point les poèmes, pièces ou romans ainsi créés sont-ils marqués par des siècles de commentaires exégétiques ? Le parcours proposé nous invite à examiner les œuvres d'écrivains de diverses confessions, à travers toute l'Europe, mais aussi dans les Caraïbes ou en Amérique du Sud. Outre de célèbres « phares » du XIXe siècle (Blake, Pouchkine, Rimbaud, Dickens,) et du XXe siècle (Claudel, Thomas Mann, Nelly Sachs, Paul Celan), ce livre s'intéresse aussi à la création plus contemporaine, avec des études sur quelques auteurs majeurs d'aujourd'hui comme l'Argentin Juan Gelman ou le romancier israélien d'origine russe Leonid Guirchovitch. Grâce à la richesse des œuvres abordées, c'est la nature des enjeux propres à la littérature moderne qui se trouve ainsi examinée sous un jour nouveau.


CANEROT Marie-Françoise, Michèle Raclot, “Julien Green. Littérature et spiritualité”, L’Harmattan, 2009, 182p.

Ces textes mettent en valeur la richesse du rapport de Julien Green à la foi chrétienne faite de sensibilité mystique, d'expérience de la vie intérieure, et de culture religieuse. Son sens du divin fait de cet écrivain un "élévateur d'âmes". Il y eut en lui dès l'enfance une rencontre de l'extase mystique, sous l'aspect d'un amour et d'un bonheur indicibles dont l'expérience fut vraiment fondatrice, et dont la sublime poésie ne lui a plus jamais permis de se satisfaire des contingences de la vie humaine. La dimension spirituelle de son oeuvre est fondamentale.


DARMON Jean-Charles, « Philosophies de la Fable. Poésie et pensée dans l'oeuvre de La Fontaine », Hermann  éd., 2011,

On a voulu, en cet essai, s’interroger sur les passages reliant poésie, fable et philosophie dans le devenir singulier de l’œuvre de La Fontaine. Sous les images amusantes et gaies du « Fablier » diffusées par toute une tradition, surgissent alors des paysages plus sombres et plus secrets, l’appropriation de la fable ayant lieu ici sur fond de crises diffuses affectant le statut même de l’imagination poétique et les pouvoirs de la parole. Entre « Clymène », comédie insolite des débuts, qui offre le spectacle de l’ennui des Muses pressentant l’usure, voire la mort d’une certaine poésie lyrique, et, à l’autre bout du labyrinthe, les fables du plaisir pur et de l’évidence reconquise, que purent apporter certaines formes de pensée à l’activité poétique de La Fontaine, en cette longue lutte avec l’ennui qui menace désormais le lyrisme ? Il apparaît alors qu’en cette trajectoire complexe des variations philosophiques d’une grande subtilité ont pu aider La Fontaine à inventer certaines réponses fabuleusement vivaces, donnant à l’antique genre de l’apologue un potentiel heuristique, éthique et esthétique sans précédent.
À l’occasion d’une nouvelle édition, enrichie, du présent ouvrage, on s’est attaché à réexaminer de ce point de vue la vitalité déconcertante des petites expériences de pensée proposées par la Fable dans le « Jardin imparfait » de Jean de La Fontaine. Expériences qui nous situent aux antipodes des leçons de morale plus ou moins conformistes que l’on a cru si souvent y trouver ; exercices de lecture qui peuvent constituer autant d’antidotes puissants à ce prêt-à-penser en matière de morale que Nietzsche nommait la « moraline ».

REZZOUK Aurélie, TSIMBIDY Myriam, « La jeunesse au miroir. Les pouvoirs du personnage », L’Harmattan, 2012, 278p.

Le personnage de fiction ne cesse de fasciner les lecteurs ; miroir magique, déformant, grossissant, autant de reflets de soi et d'images de l'Autre. Des chercheurs et des enseignants ont étudié les jeux d'identification et de distanciation programmés par les récits de fiction en interrogeant les diverses représentations du "méchant", du héros, de l'adolescent(e), des parents... dans des genres aussi divers que l'album, le roman, le théâtre, la bande dessinée, le journal...


BOURIAU Christophe , « Le « Comme si » Kant, Vaihinger et le fictionalisme », éd. du Cerf, 2013, 256p.

Dans l’expérience esthétique, nous éprouvons des émotions au sujet de personnages que nous savons fictionnels. Mais ne faut-il pas croire que quelque chose est réellement arrivé à une personne pour que cela nous émeuve ? On trouve une contradiction du même type dans l’expérience religieuse de certains chrétiens : ils disent être émus par Jésus et par ses paroles sans pourtant penser qu’il est réellement le Fils de Dieu. Un autre paradoxe, lié lui aussi à l’usage de fictions, concerne la théorie de la connaissance : comment parvenons-nous à atteindre des résultats corrects tout en utilisant des fictions dans nos raisonnements ? L’auteur entend manifester la pertinence du « faire comme si », attitude thématisée la première fois par Kant et développée en détail par le néokantien Hans Vaihinger dans sa « Philosophie du comme si » (1911), pour élucider ce type de paradoxe. L’« approche par le comme si » de Vaihinger, dont Christophe Bouriau examine les sources et la postérité, établit une médiation entre plusieurs aspects de la philosophie de Kant et certains courants actuels de la philosophie analytique, qu’on regroupe sous le nom de « fictionalisme ».

LANG Luc, « Délit de fiction: La littérature, pourquoi ? », Folio, 2011, 192p.

Jamais notre quotidien n'a été à ce point saturé d'histoires : qui, raconte sa vie sur un trottoir, qui, sur un plateau de télévision, qui, dans le journal, qui, dans un livre, qui, sur un blog. Jamais notre monde ne s'est rendu autant disponible à l'écoute des histoires de chacun, leur assurant par la technologie une diffusion qui peut être immédiatement planétaire. Or ces histoires-là, courtes, longues, fragmentaires, sont "vraies", puisqu'elles sont immédiatement identifiées à la réalité du "sujet" qui les raconte. L'adéquation du vécu au narré constitue l'identité de l'auteur en même temps qu'elle le constitue et l'"authentifie" comme sujet. Pourquoi faut-il, dès lors, marginaliser et faire taire la littérature en la parquant dans l'espace exclu et réservé de la "fiction", alors qu'elle est précisément l'invention la plus haute et la plus exigeante d'une forme écrite de l'action et du temps humain ? Probablement parce que la littérature s'attache, au travers des histoires imaginées, inventées, extraites ou non de la réalité, à penser les questions fondamentales dont les "histoires vraies" font l'économie. La littérature est une force imprévisible de propositions inattendues quant à la question du sujet, et il est toujours plus urgent de la cerner dans cet espace livresque de la "fiction", que l'on parcourt en ses heures perdues de loisir et de distraction, où l'on s'accorde précisément à perdre son temps avec ce qui n'est que... littérature.