L’argent et son pouvoir

Ressources pédagogiques pour l'enseignement de la religion protestante au niveau secondaire

 


DUPONT-BEURIER Pierre-François, Brigitte LABBÉ, « La richesse et la pauvreté », éd. Milan, 2010, 56p. (Gouter philo)

Les êtres humains les plus pauvres du monde sont des enfants de 10 ans qui vivent dans des petits villages en Afrique. Ils ne vont jamais à l’école, leurs journées sont occupées à aller chercher de l’eau et de la nourriture. Pour cela, les filles marchent deux heures par jour, en portant sur la tête des sacs très lourds. Le reste du temps, elles écrasent avec un grand bâton des feuilles de manioc, elles pilent ce manioc pour en faire de la semoule et la cuire. Quand elles auront 12 ou 13 ans, elles porteront leur premier bébé sur le dos et elles auront beaucoup de bébés, jusqu’à leur mort, vers l’âge de 35 ans. Quand on vit cette pauvreté, la richesse, on sait ce que c’est : avoir assez d’argent pour manger à sa faim, boire à sa soif, se soigner, apprendre à lire et à écrire, ne pas être obligé de lutter pour survivre.



MARGUERAT Daniel, « Parlons argent. Economistes, psychologues et théologiens s’interrogent », Labor & Fides, 2006, 130p.

Parler d’argent, c’est briser un tabou. Aujourd’hui, les salaires des patrons sont dévoilés. Symbole de réussite, l’argent garde plus que jamais son pouvoir de fascination. Que permet-il? De quel besoin de sécurité est-il le refuge? Comment repérer, dans notre histoire personnelle, les consignes de dépense ou d’économie? Ce livre rassemble l’avis de psychologues, médecins, économistes, biblistes et théologiens afin de permettre une clarification de notre rapport, trouble et profond, avec l’argent.




VOUGA Fr., “Evangile et vie quotidienne”, Labor & Fides




NOUIS Antoine, « L’argent » dans « Les cahiers du caté » / « Les livret du catéchète », éd. Olivetan, 2008-2009, Tome 3, p. 78-89

A partir de son expérience, Antoine Nouis nous livre ici un catéchisme pour adolescents et jeunes qui repose sur l’équilibre entre apprentissage et interprétation. Les apprentissages de la Bible, de son contenu, de son arrière-plan historique et de ses styles littéraires est le préalable nécessaire à toute démarche d’interprétation. Mais le but ultime consiste, avec les écourants du texte, à rendre actuelle une parole ancienne, à leur faire découvrir ce que l’Esprit dit aux Eglises. Chaque chapitre s’ouvre sur des textes de prière, puis la présentation du thème se clôt par des documents, des témoignages, des pièces à jouer. De nombreuses illustrations permettent de rebondir sur les thèmes abordés.

Tome 3 La vie de la foi : l’humain dans la Bible, le péché, le pardon, la vie nouvelle, la loi, la sexualité, l’argent, le pouvoir, signe et sacrement, le baptême, la cène, l’Église.


LIENHARD Fritz, e.a., « En compagnie de beaucoup d’autres (Ac 15,35). guide théologique contemporain», éd. Les Bergers & Les Mages, 1997


Y a-t-il un usage chrétien de l’argent ? p. 167-172

Foi et économie : quel rapport ? p. 222-225



SIMONNOT Philippe, "Le marché de Dieu. Économie du judaïsme, du christianisme et de l'islam", Gallimard / Denoël, 2008, 336p. (MÉDIATIONS)

Pour la première fois, les textes fondateurs du judaïsme, du christianisme et de l'islam sont lus par un économiste. Une lecture enrichie par un recours aux découvertes les plus récentes des historiens et des archéologues qui permet de rendre compte de la construction et de l'évolution des trois grands monothéismes.

C'est en effet un authentique marché que Dieu aurait conclu avec Abraham, le père fondateur revendiqué par ces trois religions. D'où la constitution de la Terre promise, aujourd'hui encore âprement disputée. Paradoxe : le monothéisme tend à la destruction de la concurrence sur le marché des religions, puisqu'il implique la croyance à un dieu unique, exclusif de tous les autres, donc un monopole.

Ainsi s'est trouvée facilitée la perception des dîmes, dons et offrandes, ces « impôts volontaires » qui financent le quotidien des religieux et leurs investissements parfois somptueux. Est alors apparu le risque que ce monopole religieux, comme tout monopole, abuse de sa position : échappant à la concurrence, il augmente les « prix » de son « produit » alors même que la qualité de ses « services » se dégrade... jusqu'à ce qu'une religion concurrente réussisse à entrer sur le « marché ».

L'histoire des croyances se retrouve en fin de compte singulièrement éclairée par cette lecture du phénomène religieux du point de vue de l'économiste.


KALBERG Stephen, "Les valeurs, les idées et les intérêts. Introduction à la sociologie de Max Weber", éd. La Découverte, 2010


Connaît-on vraiment Max Weber, universellement considéré comme le sociologue par excellence ? Pas si sûr. En France, les traductions de son œuvre, parfois discutables, se succèdent sans grande cohérence ni continuité, chez des éditeurs dispersés et chaque école se dispute son héritage, si bien qu’on trouve sur le marché des Weber individualiste méthodologique ou holiste, libéral ou antilibéral, néomarxiste ou anti-marxiste etc. Statufié, canonisé, enfermé dans le seul débat académique sur le rapport entre l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Weber n’apparaît plus guère vivant et actuel.
À rebours de ces lectures unilatérales, ce livre dégage de manière synthétique les règles de la méthode sociologique wébérienne et montre comment celle-ci atteste de la force des idées et des valeurs dans l’Histoire et la vie sociale (versant « idéaliste »), pour autant qu’elles sont portées par des groupes sociaux en conflit qui poursuivent, chacun, un type d’intérêt particulier (versant « matérialiste »). Il démontre, ainsi, la puissance et l’actualité de cette démarche appliquée à l’étude des sociétés contemporaines.
Une introduction en profondeur, simple et accessible, à la sociologie de Max Weber, par Stephen Kalberg, reconnu comme son meilleur connaisseur actuel.


COHEN Gerald-Allan, « Si tu es pour l'égalité, pourquoi es-tu si riche ? », éd. Hermann, 2010, 384p. (L'Avocat du diable)

Fondateur du « marxisme analytique », Gerald Allan Cohen était l’un des plus influents philosophes politiques contemporains. Entre réflexion philosophique et autobiographie intellectuelle, « Si tu es pour l’égalité, pourquoi es-tu si riche ? » évoque son parcours, de son enfance dans une famille juive communiste de Montréal, à ses années d’enseignement à Oxford. Mais cet essai brillant constitue un dialogue avec les grandes pensées politiques de l’égalité, qui concilie, comme le note Philippe van Parijs dans sa postface, « rigueur intellectuelle sans complaisance et engagement ferme au service d’une conception résolument égalitaire de la justice sociale ». Contre Karl Marx, Cohen affirme qu’aucun sens de l’histoire n’assure l’évolution de nos sociétés vers l’égalité, et qu’il faut donc en penser les conditions et la justification. Contre John Rawls, il affirme qu’il ne suffit pas, pour qu’une société soit juste, que les institutions politiques soient réglées par des principes de justice : il faut aussi qu’un ethos égalitaire guide les actes de chacun. Si nous sommes pour l’égalité, alors nous devons agir en conséquence.


LASIDA Elena, « Le Goût de l'autre », Albin Michel, 2011,


En temps de crise, l’économie est souvent accusée de tous les maux. Mais si au lieu de la diaboliser, nous revisitions son rôle dans la société ? On pense en général qu’elle ne crée que des biens. C’est oublier sa vocation première : créer du lien, comme le montrent les réseaux d’économie solidaire. On pense aussi qu’elle épuise autant les ressources naturelles que les individus et les sociétés. C’est négliger les nouvelles pistes qui sont à notre portée, sources d’une croissance centrée sur le vivre-ensemble. Elena Lasida, qui enseigne l’économie solidaire et le développement durable à l’Institut catholique de Paris, nous présente ici l’économie sous un jour radicalement nouveau. Non pas comme une énième théorie d’inspiration libérale ou sociale, mais comme un véritable projet de vie en commun, à construire à partir (OK) des mille initiatives qui naissent aujourd’hui au sein de la société civile. Elle puise dans les récits bibliques des outils et des notions comme la création, l’alliance, la promesse… qui se révèlent étonnamment pertinents pour réinventer nos modèles et en tirer le meilleur. Un meilleur que, chacun, nous pouvons accueillir et faire vivre au jour le jour.


DAGOGNET François, « L’argent. Philosophie déroutante de la monnaie », éd. Encre marine, 2011


L'argent, un « super-objet », un objet qui n'est pas un objet, qui n'est pas simplement un moyen, mais dont la puissance peut ruiner les plus prospères !  L'auteur n'entre pas dans les débats actuels de politique ou de science monétaire : il entend penser l'argent philosophiquement, s'inspirant des textes magistraux d'Aristote à Condillac, d'Adam Smith à Marx. Il tient l'argent pour un objet qui n'en est pas un ; ce statut déjà l'originalise. De plus, celui qui en manque peut en emprunter (une richesse virtuelle, un avoir étrange qui est à moi sans y être vraiment). Cet ouvrage ne manquera pas de montrer que ce moyen de paiement n'a cessé de s'amenuiser (le papier remplacera le métal, on finira même par se contenter d'une simple signature). Il importe surtout que l'argent s'adosse à un référent, lequel doit même excéder ce qu'il garantit. De nombreux problèmes seront abordés, notamment sur la gratuité (ou le don) sur l'impôt, sur l'usure, sur le commerce, sur le juste prix. Est fondée ici « une science de la richesse » inséparable du travail, à l'opposé de la spéculation.



CANFORA Luciano, « La nature du pouvoir », Les Belles Lettres, 2010, 96p.


La belle mécanique n'a pas fonctionné comme prévu. Le suffrage universel, finalement conquis (plus ou moins tard selon les pays et en Italie presqu'en dernier), a déçu trop souvent ceux qui s'étaient battus pour lui et n'a pas produit les effets espérés. Au contraire, les urnes ont servi à légitimer des équilibres, des classes, un personnel politique presque immuable — et peu importe si ce dernier est diversifié et divisé. Et si le vrai pouvoir était ailleurs ? C'est ce dont il sera question, cher lecteur, dans les pages qui suivent. » Canfora insinue bien plus que de vagues soupçons sur les déguisements du pouvoir : cette domination de quelques-uns — elle n'est d'un seul qu'en apparence — qui ne peut cependant se maintenir qu'à condition de s'assurer un large consensus. Tout en restant, bien entendu, au sens plein de ce mot, une domination.



CLEMENT d’ALEXANDRIE, « Quel riche sera sauvé ? », éd. du Cerf, 2011, 264p.  (Sources chrétiennes, n° 537)

En déclarant qu'il était plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume des cieux qu'à un chameau de passer par le trou d'une aiguille (cf. Mc 10, 25), Jésus n'a-t-il pas voué à la perdition tout détenteur de capitaux ? L'effroi de ses auditeurs n'a pas échappé à Clément d'Alexandrie, ni la détresse spirituelle qui guettait les riches de la ville, quand ils voyaient la distance existant entre leur mode de vie et les exigences de l'Évangile. Mais la parole du Christ avait-elle été bien comprise ? L'auteur des « Stromates » se révèle ici tour à tour exégète, dogmaticien, moraliste et directeur spirituel. Dans l'Alexandrie bigarrée de la fin du IIe siècle, sa pensée de fin lettré allait ouvrir à ses auditeurs et à ses lecteurs des perspectives insoupçonnées sur les richesses de la parole divine. Cette première homélie sur un sujet difficile et controversé devait connaître un grand succès. Après une entrée en matière qui invite chacun à l'espérance, Clément analyse soigneusement le texte évangélique. Il s'élève ensuite à de profondes considérations sur l'amour de Dieu et du prochain, avant de conclure à nouveau par un vibrant appel à l'espérance. Le « Quis dives salvetur » est la première tentative de réflexion chrétienne sur les rapports de la foi et de l'argent. Le « Mamon de l'injustice » y devient un moyen d'accéder aux « tentes éternelles 



« La Parabole des talents (Mt 25,14-30). Études d'histoire de l'exégèse 2 », éd. du Cerf, 2011, 144p.

Après l'épisode apparemment scandaleux de « la sœur-épouse », voici un autre texte biblique étonnant : la parabole des talents (Mt 25, 14-30) ou des mines (Lc 19, 12-27). Lu dans le contexte de trouble économique qui est le nôtre, il peut surprendre ! L'homme aux cinq talents serait-il un trader qui a réussi ? Selon le principe des « Journées bibliques », cinq éclairages sont apportés : l'interprétation de la parabole dans le « De centesima » du Pseudo-Cyprien de Carthage ; son exégèse au moyen âge, c'est-à-dire à un moment où la réflexion sur l'argent connaît un renouveau important ; sa place chez Martin Luther et Jean Calvin, encore à une période de remise en question des structures économiques ; l'interprétation que donne un exégète catholique d'une grande importance au début du XVIIe siècle, Cornelius a Lapide , et enfin un regard sur l'exégèse contemporaine, après le renouvellement apporté à l'étude des paraboles par Jülicher, Dodd et Jeremias. Une note lexicographique sur le mot même de « talents » et son évolution, et une note sur le rapport entre parabole et « mashal » viennent compléter ces cinq points de vue. Ce volume est issu de la deuxième des « Journées bibliques », organisées par le Laboratoire d'études des monothéismes/Institut d'études augustiniennes (CNRS-EPHE Sciences religieuses-Paris IV) et le Groupe de recherches sur les non-conformistes religieux des XVIe et XVIIe siècles et l'histoire des protestantisme (GRENEP, Faculté de théologie protestante de l'université de Strasbourg).

VALIER Jacques, « Brève histoire de la pensée économique d'Aristote à nos jours », éd. Champs Flammarion, rééd. 2009, 240p.


Les débats qui animent la vie économique contemporaine ne peuvent être compris indépendamment de la forme qu'ils ont revêtue dans le passé. Comment, par exemple, appréhender les controverses actuelles sur le libéralisme économique, si l'on ignore que la question de l'interventionnisme de l'État partageait déjà les physiocrates et les mercantilistes, qu'elle devait opposer plus tard les socialistes utopiques et Marx aux thèses d'Adam Smith et de Ricardo, et que, dans Ies années 1930, elle allait rebondir avec la " nouvelle donne " keynésienne? Quand on évoque le communisme, sait-on que Platon en son temps s'est prononcé pour la propriété commune, tandis qu'Aristote était favorable à la propriété privée? L'histoire de la pensée économique est une nécessité, sauf à imaginer que l'économie politique puisse se réduire, comme elle tend malheureusement à le buire aujourd'hui, à des modèles mathématiques dont les soubassements doctrinaux et théoriques demeurent des non-dits. L'auteur fait ici le pari d'un ouvrage bref: Une histoire de la pensée économique qui ne saurait prétendre à l'exhaustivité, mais qui permet à chacun de se faire une vue d'ensemble des grands courants de pensée et de comprendre les filiations, les oppositions, les avancées et les reculs qui jalonnent cette histoire.



COLMANT Bruno, SAMSON Chantal, « Economie européenne : L'influence des religions », éd. Anthemis, 2008, 95p.

II y a cinq siècles, l'Europe fut déchirée par des luttes confessionnelles d'une envergure inconnue et d'une violence terrifiante. À la Réforme diffusée par Luther et Calvin, l'Église catholique répondit par un durcissement ecclésiastique lors du Concile de Trente. Cette polarisation religieuse déclencha des persécutions confessionnelles et des flux migratoires vers des pays aujourd'hui à dominance protestante. Le centre de gravitation financier et mercantile occidental se situe, de nos jours, dans des pays réformés (États-Unis, Royaume-Uni et Allemagne). Longtemps épargnée par la mondialisation, l'Europe latine est désormais immergée dans le capitalisme anglo-saxon, qu'elle peine à appréhender. Nos communautés traversent un profond changement de modèle touchant à la trame de leurs valeurs collectives. Serait-il, dès lors, envisageable qu'un filigrane religieux se dessine derrière le modèle économique anglo-saxon ? Les pratiques pastorales auraient-elles influencé les prédispositions mentales par rapport à l'économie de marché ? L'empreinte catholique aurait-elle entretenu un esprit de défiance par rapport au capitalisme ? Les inventeurs du protestantisme auront-ils été les prophètes de la mondialisation ? Nos communautés latines, pourtant de plus en plus séculières, subiraient-elles aujourd'hui les effets collatéraux de la Réforme, qui les avaient épargnées au XVIe siècle ? Cet essai partage quelques intuitions en ce domaine. Il se concentre sur le rapport de l'économie au temps et sa perception différente dans les contextes catholiques et réformés. On retrouve, dans le rapport au temps, des géométries financières différenciées, inspirées de la repentance catholique ou de la prédestination protestante.


ARISTOPHANE, « Ploutos. Nouvelle traduction et adaptation par M. Host », éd. Fayard / Mille et Une Nuits, 2012, 144p.


Chrémylos revient de Delphes en compagnie d’un vieillard aveugle en haillons : l’oracle lui a recommandé de ramener chez lui le premier qu’il rencontrerait en chemin. Ce vieillard se révèle être Ploutos, le dieu de la richesse, que Zeus, jaloux du bien qu’il peut répandre autour de lui, a rendu aveugle. Chrémylos (la Toussaille) souhaite que Ploutos recouvre la vue afin qu’il ne se rende plus que chez les gens honnêtes, mais celui-ci est épouvanté à l’idée de contrarier Zeus. Chrémylos et son esclave Carion le persuadent enfin qu’il est plus puissant que Zeus. Autour de Chrémylos devenu très riche se constitue une assemblée qui débat : Galère (la Misère) reproche à Ploutos son ingratitude, elle prétend être la source des prospérités mais bien mal récompensée. Ploutos est guéri de sa cécité par Asclépios ; les gens honnêtes et moins honnêtes qui se pressent chez Chrémylos sont enrichis, le monde en est changé ! Ne recevant plus les offrandes, les dieux envoient Hermès se plaindre et crier famine en leur nom, puis ils se mettent au service du nouveau Dieu tout puissant, l’Argent ! La fable est claire, intemporelle, donc contemporaine.

Zeus pourrait-il perdre sa prééminence parmi les dieux de l’Olympe ? La toute-puissance ne serait-elle pas plutôt du côté de Ploutos, le « dieu du fric » ? Le seul que les hommes veulent adorer et auquel ils sacrifient ?

Dans la dernière de onze comédies de lui qui nous sont parvenues, Aristophane met en scène le grand bouleversement que connaît la société qui se soumet à l’Argent. Voici une pièce méconnue, merveille de fantaisie et de satire vigoureuse, qui trouve un écho étonnant dans l’actualité de la mondialisation et de ses crises financières.


WEBER Max, « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », Pocket Agora, 1989


Max Weber décrit le grand bouleversement des Temps modernes, la transformation dans les mentalités du rapport à l'argent et à la fortune. Aux consciences médiévales marquées par la parole évangélique selon laquelle "il est plus aisé pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer dans le royaume de Dieu" (Marc, X, 25), le protestantisme affirme que l'homme est sur terre pour se livrer à des oeuvres terrestres, et que le succès de ses entreprises est le signe de la grâce divine. L'essor du capitalisme se fonde sur cette révolution des esprits, engendrée par la tourmente luthérienne. Max Weber est le premier à donner une explication spécifique de l'essor du capitalisme. À travers cette magistrale leçon de sociologie, il éclaire d'un jour nouveau notre civilisation.


Lionel Obadia, « La marchandisation de Dieu. L'économie religieuse », CNRS éd., 2013, 256 pages

Un peu partout dans le monde, les antiques traditions religieuses – bouddhisme, christianisme, islam – comme les « nouvelles religiosités » – mouvances sectaires et spiritualités alternatives –, s’accommodent d’une mondialisation économique qui, pourtant, véhicule des valeurs et des logiques apparemment opposées à celles de la religion.

Hostiles, par principe mais non dans les faits, aux choses de l’argent et au commerce, les religions n’en ont pas moins été des agents particulièrement actifs du développement des systèmes économiques. En retour, ceux-ci ont contribué à façonner les dogmes et les formes des religions.

Mais une révision des rapports entre économie(s) et religion(s) s’impose : depuis les années quatre-vingt-dix, en effet, les analyses et modèles de l’économie politique s’appliquent à la compréhension des nouvelles relations que les individus et les sociétés entretiennent avec le religieux. Lionel Obadia dresse ici un état des lieux inattendu du vaste domaine de ces relations et questionne la pertinence du concept d’économie religieuse – l’économie de la religion et non dans la religion.

Mots clés :

argent - richesse / possession / propriété  - pauvreté - marché - avoir / être - aide humanitaire - générosité publique - réussir (dans) sa vie - valeur - égoïsme & dons - charité / acte gratuit / partage - mécénat - compassion / pitié / culpabilité - indulgences - l’usure - l’aumône - christianisme social - solidarité - berâkhâh - jeux de hasard - sport & argent - les petites mains de la mondialisation - chômage & dettes -


Max Weber


économie - libéralisme - capitalisme - marxisme - consumérisme - matérialisme