Regard théologique
Regard théologique
Ressources pédagogiques pour l'enseignement de la religion protestante au niveau secondaire
La théologie est un discours, qui se veut rationnel, sur des réalités relatives au divin. Elle n’en a pas le monopole. D’autres disciplines, en particulier la philosophie, la psychologie ou la sociologie, peuvent aussi rendre compte de Dieu, des croyances, du fait religieux ou encore de la spiritualité, comprise au sens large. Le discours théologique entre d’ailleurs sou- vent en dialogue avec ces disciplines. Il n’est plus l’apanage des clercs et ne peut certainement pas se confondre avec l’énoncé de la doctrine professée par les religions dans leurs représentations institutionnelles. L’époque moderne avait déjà montré la voie : l’interrogation religieuse a rejoint le questionnement individuel de « Monsieur Tout-le-Monde ».
Il est donc éminemment pertinent de nourrir la réflexion des élèves par un apport théologique. Bon nombre de théologiens ont marqué l’histoire de la pensée protestante. Leur tâche fut et est encore de prendre en compte l’évolution des mentalités, les progrès des sciences et de la technique pour énoncer un discours sur Dieu. Leur travail consiste à intégrer dans leur discours une lecture intelligente des textes bibliques fondateurs et d’en actualiser le message afin qu’il réponde au questionnement fondamental de leurs contemporains.
Cfr la présentation du parcours théologique dans le Programme, p. 147-155
LIENHARD Fritz, e.a., « En compagnie de beaucoup d’autres (Ac 15,35). guide théologique contemporain », éd. Les Bergers & Les Mages, 1997, 353p.
RAINOTTE G. et REIJNEN Anne-Marie, « La théologie protestante confrontée aux défis de la modernité. Séminaire de formation continuée », CF, 23/04/2005, syllabus
MEHL Roger, « Théologie protestante », PUF / Que sais-je ?, 1966, 128p. (n°230)
SCHYNS Matthieu, « Principes de la Théologie protestante », Brx, Presses de la Fac de Théologie protestante, 1977, 296p.
ABEL Olivier, e.a., « Paroles de Pape, paroles protestantes », éd. Les Bergers & Les Mages, 1995, 140p.
Que voulez-vous, les protestants sont différents... Parfois ils sont perçus ainsi mais, le plus souvent, eux-mêmes le ressentent fortement. Ainsi en est-il à chaque fois que se développe une campagne médiatique autour de la sortie d'une Encyclique du Pape. Il faut, une bonne fois, tirer au clair les raisons de cette différence. Ne pas se contenter de protester ou de réagir, mais dire ce qui fait la spécificité d'une réflexion éthique protestante, et la proposer comme une alternative aux encycliques. Cet ouvrage n'est pas une réplique aux Encycliques. Il veut contribuer à un véritable et large dialogue œcuménique, en en décrivant l'espace et en en rappelant le centre, Jésus-Christ.
LACOSTE Jean-Yves, « Histoire de la théologie », éd. du Seuil, 2009
Voici l'histoire de Dieu. Cette histoire est celle d'une discipline, la théologie. Des évangiles aux Père de l'Église, des épîtres de Paul aux Confessions d'Augustin, des ermites orientaux aux hérésies ariennes, de saint Anselme à l'école franciscaine du XIIIe siècle jusqu'à Thomas d'Aquin et ses adversaires - Duns Scot, Ockham -, de la Réforme luthérienne et calviniste à Vatican Il et jusqu'à Joseph Ratzinger, ce sont les écoles, les doctrines, les courants et les contre-courants de la théologie chrétienne qui sont ici restitués et analysés. Le défi était de présenter cette longue histoire en peu de pages et des débats complexes synthétisés en quelques mots clés. Cet ouvrage s'adresse à ceux pour qui la théologie reste une inconnue, une affaire de croyants, la chasse gardée d'érudits. Enfin accessible à tous, la théologie n'est, pas plus que la philosophie, le grec ou le latin, une langue morte.
VON HARNACK Adolf, « Histoire des Dogmes », Le Cerf / Labor & Fides, 1993, 502p.
L’Histoire des dogmes est un grand classique. L’auteur y met au jour la multiplicité des courants théologiques nés de l’Evangile et développés par les « grands » de la théologie orthodoxe, mais aussi par les hérétiques et les schismatiques. Refusant de transformer le christianisme en objet de musée, Harnack a voulu ouvrir un nouvel âge postdogmatique, en redécouvrant la simplicité du christianisme des origines purifié de ses scories.
Adolf von Harnack (1851-1930) est considéré comme le meilleur historien protestant du christianisme antique.
KESHAVJEE Shafique, « Une théologie pour temps de crise. Au carrefour de la raison et de la conviction »,, Labor & Fides, 2010, 232p. (Lieux théologiques, n°41)
La théologie traverse une crise sans précédent. Les bouleversements à l’oeuvre dans certaines facultés protestantes francophones invitent à refonder la théologie sur de nouvelles dynamiques. C’est dans cette perspective que Shafique Keshavjee a conçu cet ouvrage, qui propose de rapprocher la raison et la conviction dans la recherche théologique, afin de résoudre une crise d’identité creusée par les difficultés qu’ont les théologiens à identifier leur domaine d’expression : l’Université seule, avec la tentation de réduire la tradition chrétienne à sa dimension de système religieux équivalent à d’autres; ou l’Eglise seule, avec le risque d’isoler la recherche hors des questionnements académiques et rationnels. Soucieux de sortir de l’impasse, l’auteur discute les positions de Carl-A. Keller et de Pierre Gisel, deux théologiens francophones contemporains qui ont incarné ou incarnent encore les termes du dilemme actuel. Dans une troisième partie, Shafique Keshavjee déploie une réflexion personnelle qui conduit à proposer les grandes lignes d’une théologie «convictionnelle », une troisième voie ambitieuse offrant des moyens réels de sortir de la crise. Shafique Keshavjee est licencié en sciences sociales et politiques, docteur en théologie spécialiste en histoire des religions, et a été pasteur dans l’Eglise réformée. Professeur de théologie oecuménique et de théologie des religions à l’Université de Genève, il a notamment publié au Seuil, « Le Roi, le Sage et le Bouffon », 1998 et « Dieu à l’usage de mes fils », 2000.
FEUILLET Michel, « Vocabulaire du christianisme. La langue d'une religion », PUF / Que sais-je ?, 2004, 128p. (N°3562)
En même temps qu’un corps de doctrine, le christianisme a introduit un ensemble de notions, de termes et de concepts qui se révèlent indispensables à sa compréhension, bien qu’ils soient souvent peu connus. Le christianisme est donc tout autant un langage qu’une religion. Quels sont les termes clés de ce langage, qui permettent d’éclairer une pensée fondatrice pour la civilisation occidentale ? Cet ouvrage, véritable abécédaire de la spiritualité et de l’histoire chrétiennes, en fournit le glossaire précis et exhaustif, et l’un des meilleurs guides.
VAUCHEZ A., e.a., "Christianisme. Dictionnaire des temps, des lieux et des figures", éd. du Seuil, 2010
Un panorama culturel et historique des temps, lieux et figures majeurs du christianisme. Ce « nouveau » dictionnaire offre une perspective historique inédite sur le christianisme : il propose une analyse synthétique et accessible des figures emblématiques, des lieux – géographiques et théologiques – et des temps qui ont fait l’histoire chrétienne. Ces personnages et ces notions ont joué un rôle considérable dans le devenir de cette religion et ont profondément marqué la culture et la civilisation de l’Orient et de l’Occident : le Christ bien sûr, mais aussi Marie, Pierre et les Apôtres, ainsi que les plus grands saints. Le christianisme a suscité l’apparition de types humains et de formes d’action caractéristiques : le pénitent, le converti, le croisé, la mission, l’engagement social et bien d’autres encore. En partant non des définitions dogmatiques mais du vécu des chrétiens, de leurs croyances fondamentales et des symboles dans lesquels ils se sont reconnus au cours des siècles, le présent ouvrage vise à répondre aux attentes du public en mettant à sa disposition des notices à la fois claires et documentées.
LACOSTRE Jean-Yves (dir), « Dictionnaire critique de théologie », PUF, 3e éd., 2007, 1587p.
Pour tout savoir et tout comprendre sur les discours et les doctrines que le christianisme a produit sur Dieu et l'expérience de Dieu. Événements, doctrines, acteurs, théories, Ecoles et courants de pensée, plus de 500 objets-entrées sont expliqués et analysés dans ce dictionnaire. « La théologie s'occupe centralement de phénomènes qui ne sollicitent jamais l'intellection sans solliciter aussi l'adhésion et le travail historique de discernement que ce dictionnaire s'est fixé pour but ne privera personne de la nécessité de se faire soi-même une opinion. Mais on ne croit jamais sans savoir quelque peu. Et si l'on veut se former une opinion droite, autant savoir critiquement que pré-critiquement. » Mots, choses, êtres, idées, formes, sujets : l'ordre alphabétique du dictionnaire et l'ordre critique du savoir laissent les objets théologiques apparaître avec toute la complexité de leur histoire, avec les débats théoriques et les conflits humains qui les ont nourris.
Cette troisième édition est entièrement revue et augmentée de nouvelles entrées : une quarantaine de notices apparaissent, antéchrist, biotechnologies, croix, dévotion, Fénelon, libre théologie, mathématiques, médiation, pluralisme religieux, sophiologie, théonomie…, toutes les bibliographies ont été reprises et mises à jour, des corrélats ont été ajoutés. Ce dictionnaire critique est un dictionnaire vivant, un outil au service de la transmission d’un savoir, la théologie, « somme des discours et des doctrines que le christianisme a organisé sur Dieu et son expérience de Dieu ».
RAINOTTE G. et RADERMACHER G., « Dieu ? La parole aux enfants. Pédagogie pour une spiritualité en mouvement. Dvd pédagogique », production Cineprodoc / Fondation Bersier / Meromedia, 2010, ... min.
Pendant des siècles, les églises chrétiennes ont considéré la sensibilité religieuse des enfants comme une terre vierge sur laquelle il convenait de semer la bonne Parole pour éveiller leur spiritualité et les mener à la foi. Une pédagogie religieuse s'est construite autour d'un apprentissage de réponses à des questions imaginées des adultes, sans penser que les enfants sont parfaitement à même de poser leurs propres questions. Depuis quelques années s'organise progressivement une autre façon d'accompagner les enfants dans leur éveil à la spiritualité. On a observé que les petits enfants développent très tôt une certaine forme de spiritualité. On sait aussi que les enfants sont curieux, presque par nature, et posent souvent des questions parmi les plus fondamentales de l'aventure humaine. Nous vous invitons à partir à la rencontre d'adultes qui ont décidé de prendre l'enfant au sérieux, de le respecter, de partir de ses pourquoi et de ses représentations pour l'aider à construire sa propre spiritualité. Ce DVD rassemble des réflexions de spécialistes de l'enfance et de la pédagogie (récoltées en France, au Québec, en Allemagne, en Autriche et en Suisse) ainsi que plusieurs expériences d'ateliers théologiques avec les enfants. Un documentaire œcuménique pour sensibiliser les enseignants et les catéchètes à une pédagogie pour une spiritualité en mouvement.
site web de présentation : Paroles aux enfants
BRANDT Pierre-Yves (éd.), « Des enfants dessinent Dieu. Oiseaux, mangas, soleils et couleurs... », éd. Labor & Fides, 2010,
Comment les enfants s’imaginent-ils Dieu ? En homme ou en femme ? En ange traditionnel ou en super héros ? La réponse se trouve dans leurs dessins. « Quand je te dis ‹ Dieu ›, qu’imagines-tu ? Peux-tu le dessiner ? » C’est la consigne qu’ont reçue des centaines d’enfants âgés de 6 à 14 ans répartis entre la Suisse, le Japon et la Russie. Ces élèves de classes d’écoles publiques ou suivant un enseignement religieux se sont tous mis à la tâche, crayons de couleurs et feuille de papier en main. Six cents dessins ont été récoltés dont 176 font ici l’objet d’une publication. Pour favoriser une compréhension large de la vision de Dieu chez l’enfant, leurs dessins se succèdent selon un ordre thématique. Les petits Japonais, Suisses et Russes utilisent le soleil, l’oiseau, l’abstraction, l’anthropomorphisme ou la colère pour représenter l’absolu. Chaque dessin est reproduit sur une page, accompagné par ce que dit l’enfant de sa représentation et par une brève interprétation du psychologue des religions. Un livre qui introduit de belle manière à la spiritualité actuelle des enfants.
RADCLIFFE Timothy, « Pourquoi être chrétien ? », Champs Flammarion essais, 2010, 308p.
Qu'apporte vraiment le christianisme aux hommes d'aujourd'hui, dans leur manière d'envisager l'existence humaine et de vivre ? Timothy Radcliffe passe en revue un certain nombre de domaines où les chrétiens devraient "faire la différence", càd garder une certaine distance par rapport à la culture dominante et y inscrire quelque chose d'original. C'est notamment en orientant leur regard et leur vie vers le mystère du Dieu vivant et en faisant de l'Eglise un lieu de liberté, de courage, de joie et d'espérance que les chrétiens témoigneront au mieux de l'originalité et de l'actualité de leur religion. 11 chapitres portant sur l'espérance et sa manifestation dans la vie du chrétien ; la liberté comme apprentissage de la spontanéité ; la joie et son effet apaisant ; le courage, présenté comme la vertu dont l'Eglise a le plus besoin ; le corps et la sexualité ; l'amour et la recherche de la vérité ; l'unité et la communion entre les hommes et la gestion des divisions et des conflits ; le repos en Dieu comme promesse et invitation à être à l'aise, à être "chez soi" en ce monde. Un livre stimulant et exigeant.
ZIZEK Slavoj, « Fragile absolu : Pourquoi l'héritage chrétien vaut-il d'être défendu ? », Champs Flammarion essais, 2010, 308p.
Le coeur subversif de l'héritage chrétien est bien trop précieux pour être abandonné aux intégrismes et à la multitude des spiritualismes New Age. Christianisme et marxisme doivent combattre main dans la main, agripper le principe de charité, et défendre cette Altérité utopique dont toute position révolutionnaire devrait s'inspirer. Zizek met en place une discussion théologique qui confronte le Décalogue avec les droits de l'homme. Il retrace la genèse de l'Absolu, tant sur le plan philosophique (Schelling, Hegel, ou Heidegger) que théologique (saint Paul) et psychanalytique (Freud), à la lumière du paganisme, du néopaganisme, du judaïsme et du christianisme. Puis il démontre la vocation révolutionnaire de l'agapè paulinien qui tend moins à suspendre la Loi que son cercle vicieux, induit par le désir de transgression. Et si le pari chrétien n'était pas la rédemption, mais cette forme de « haine » prescrite par le Christ quand il appelle l'homme à se « débrancher » de la communauté ? Et si le dépassement de cette Loi même plaidait pour son abandon ? Un essai qui relance, dans une perspective passionnante, les enjeux ontologiques et anthropologiques de la religion.
CORBIN Michel, « L'Esprit-Saint chez Basile de Césarée », éd. du Cerf, 2010, 416p. (Initiations aux Pères de l’Eglise)
Quand nous récitons le symbole du premier concile de Constantinople (381) et y confessons notre foi dans le Saint-Esprit de Dieu, nous employons des vocables qui viennent en droite ligne du traité de saint Basile « Sur le Saint-Esprit » (375). Devant des hérésies qui faisaient de l'Esprit un ange supérieur aux autres, ce Père de l'Église d'Orient n'a pas réutilisé à son sujet la notion de consubstantialité, élaborée pour le Fils au concile de Nicée (325), mais parlé plus originellement en méditant la prière liturgique de l'Église. Elle est à la fois de gratitude pour les dons que le Père dispense « par » le Fils « dans » l'Esprit, et de louange pour ce Père « avec » qui, de toute éternité, sont le Fils et l'Esprit. Et, de même qu'elle reconnaît le Fils d'autant plus un avec le Père que la surabondance de sa grâce en manifeste la bonté plus que bonne, de même elle admire que l'Esprit soit d'autant moins séparable du Père et du Fils qu'Il éclaire en nous, comme Hôte plus intime que notre intime, « l'excès de charité » (Ép 2,4) qui Les a poussés à nous sortir de la nuit pour nous conduire en leur intimité. C'est de ce traité qu'il est fait ici lecture, chapitre après chapitre, à seule fin de redire avec son auteur que la confession du Fils et de l'Esprit avec le Père met le croyant dans la joie de voir Dieu passer toute idée de Dieu en se faisant « son » Dieu
CHENO Remi, « L'Esprit-Saint et l'Église. Institutionnalité et pneumatologie — Vers un dépassement des antagonismes ecclésiologiques », éd. du Cerf, 2010, 352p. (Cogitatio Fidei, n° 275)
La grâce divine peut certes se donner au croyant individuel comme un don illuminateur, libérateur ou réconciliateur. Mais, en particulier à travers les actions sacramentelles de la liturgie, elle vient habiter réellement notre histoire et y inscrit comme des « traces instituantes du Royaume ». Comment pourrait-on parler des chemins de la grâce dans notre monde et dans notre histoire sinon comme les chemins chaotiques d'une humanité fragile et pécheresse ? « Traces », et donc des réalités fragiles et fugitives, certes, mais traces pourtant « instituantes », c'est-à-dire portant un fruit, produisant une œuvre. L'approche catholique classique présente le Christ comme le fondateur de l'Église et des institutions qui la structurent ; il est ainsi constitué en principe d'autorité et en source du droit ecclésial, de lui dérivent l'autorité hiérarchique des ministères et l'organisation juridique qui régit son corps. Selon l'approche pneumatologique, ou bien l'Esprit est dévalué comme simple agent envoyé par le Christ au service de l'animation de son Église à travers ses membres et son action gracieuse dans les cœurs, ou bien on met tellement en avant la liberté charismatique qu'elle se retrouve en conflit avec les institutions ecclésiales. Rémi Chéno retrace l'histoire de ces antagonismes, d'origine protestante, entre institution et communion, et les approches de type sociologique qui en ont été tentées. Faisant droit à l'histoire de la théorie institutionnaliste, en particulier chez le juriste Maurice Hauriou, fondateur de l'école institutionnaliste française, ainsi qu'aux recherches d'un fondement théologique du droit institutionnel, en particulier chez le luthérien Hans Dombois, qui dessinent le cadre de sa réflexion, il élabore une théologie de l'institution placée sous le signe eschatologique du Royaume où l'agir gracieux de l'Esprit apparaît comme un processus instituant qui donne au Christ son Corps total, l'Église. Dans cette thèse, résolument novatrice et courageuse, Rémi Chéno cherche à dépasser les fausses dialectiques qui ont envahi le discours ecclésiologique selon le paradigme de l'antagonisme fondation/institution par une théologie de l'institution articulée à une pneumatologie.
HUMANN François-Marie, « La Relation de l'Esprit Saint au Christ. Une relecture d'Yves Congar », éd. du Cerf, 2010, 410p. (Cogitatio Fidei, n°274)
Le regain d'intérêt qu'a connu la théologie trinitaire, au XXe siècle, a porté un fruit particulièrement fécond en christologie grâce à une meilleure compréhension de la place que l'Esprit occupe dans sa relation au Christ. Dans la Trinité, l'ordre Père, Fils, Esprit signifie un rapport de principe entre les trois personnes divines et ne doit pas conduire à donner de l'Esprit une figure appauvrie ou simplifiée, de tierce position. Bien au contraire, le Nouveau Testament souligne la complexité et la richesse du rapport entre le Christ et l'Esprit. Une différence existe entre la situation avant Pâques et le temps à la suite de la résurrection. Avant Pâques, l'Esprit repose sur le Christ, révèle sa filiation divine de manière essentielle, et conduit le Christ dans son désir et son accomplissement de la volonté du Père. Après Pâques, le Christ souffle l'Esprit sur les apôtres, l'Esprit est envoyé par le Père au nom du Fils (voir Jn 14, 26), et par le Fils d'auprès du Père (voir Jn 15, 26). L'étude de la relation de l'Esprit au Christ, parfois nommée christologie pneumatique, doit-elle alors prendre le pas sur le traité classique du Verbe incarné ? En relisant l'œuvre d'Yves Congar (1904-1995), il est possible de donner une réponse originale et qualifiée à cette question, et d'en percevoir aussi les applications concrètes. À travers l'œcuménisme et l'ecclésiologie, Congar a été conduit à penser de manière nouvelle le rapport entre le Christ, l'Esprit et l'Église. On y trouve un principe unificateur qui permet d'interpréter de manière cohérente et organique son œuvre considérable. Jointe aux contributions d'autres théologiens, sa réflexion nous permet de situer la christologie pneumatique, non en rivalité avec le traité du Verbe incarné, ce qui, au fond, n'aurait pas vraiment de sens, mais, plus utilement, de la comprendre comme nécessaire à l'élaboration d'une christologie pleinement trinitaire. Surtout, avec Congar, on peut montrer que la mise en valeur de la place de l'Esprit-Saint dans la vie du Christ favorise une meilleure prise en compte de l'humanité et de l'existence historique de Jésus, propre à nourrir la quête contemporaine d'une authentique vie spirituelle.
ALVAREZ-PEREYRE Frank, ELIACHEFF Aaron, « L'idolâtrie, ou la question de la part », PUF, 2011, 184p.
Des prémisses de l’idolâtrie à son actualité la plus contemporaine. Que nous reste-t-il du mot idolâtrie ? Un culte lié à des objets ou une attitude excessive, ou exclusive, relative à un sujet donné ou vis-à-vis d’un individu, d’une valeur, d’un pays ou bien encore le fait de dire qu’il y a plusieurs dieux ou plusieurs pouvoirs dans le monde. Face à cela, l’attitude raisonnable serait alors celle qui permettrait la sortie de ces idolâtries par la démocratie, le monothéisme, l’athéisme ou les sciences : toutes sortes d’instruments qui permettraient de réguler les extrêmes. Loin de ces compréhensions, la lecture que nous proposons à partir du texte biblique et de ses différents exégètes nous conduit à découvrir comment la tradition talmudique considère l’idolâtrie, son passé, son évolution, jusqu’à son présent dans le quotidien de chacun. Nous analysons ce qui constitue l’idolâtrie en prenant appui sur l’émergence du Peuple juif dont la venue au monde symbolise un passage entre idolâtrie et non idolâtrie, et en suivant les manières dont il manifeste hésitations et résistances face à un « nouveau monde » dénué d’idolâtrie. Pour le judaïsme, l’idolâtrie est la pierre de touche de toute inscription dans le monde, mais elle n’est pas là où on le croit. Idolâtrie et interdit de l’idolâtrie, encore faut-il savoir de quoi l’on parle. Cet ouvrage offre un parcours d’étude où la convocation de différentes voix du Talmud vise à révéler une complexité constitutive qui doit pourtant rester, encore et toujours, l’objet d’une étude non livresque.
TEXIER Yves, « Linceul pourpre ou linceul blanc ? », Editions M-Editer, 2010 (Livre'L)
Linceul pourpre ou linceul blanc ? Sa résurrection étant un phénomène incroyable parce qu’impossible, Renan a rangé Jésus le Christ avec les autres dieux « dans le linceul de pourpre où dorment les dieux morts ». Les Athéniens avaient opposé le même scepticisme à l’apôtre Paul : comment croire des témoins qui déclaraient avoir revu vivant un crucifié qui était bien mort ? Ce serait superstition. L’argument tardif du tombeau trouvé vide, où la vue des linges abandonnés a suscité la foi de Jean, est resté quant à lui sous-estimé. Seule une relecture attentive d’un texte délicat peut conduire le philologue à l’interpréter autrement.
BOURQUIN Gilles, « Théologie de la spiritualité. Une approche protestante de la culture religieuse en postmodernité », Labor & Fides, 2011, 456p. (Lieux théologiques n°43)
La perte d’influence du christianisme traditionnel, notamment protestant, met en évidence l’inadéquation des réponses religieuses qu’il propose à la demande générale de sens. Les besoins spirituels des sociétés postmodernes sont couverts aujourd’hui par des formes religieuses nouvelles qui se démarquent nettement de ce que proposent les Eglises. Faut-il se résoudre à considérer ces dernières comme définitivement dépassées ? Pasteur et docteur en théologie, Gilles Bourquin propose ici une théologie protestante de la spiritualité offrant des instruments permettant au christianisme de recoller avec les attentes spirituelles contemporaines. Sans trahir des héritages mais en les confrontant beaucoup plus directement avec des évolutions de mentalités qui remettent en jeu des notions telles que la grâce, la communauté, la raison et la révélation. Pour l’auteur, les traditions protestantes sont restées trop longtemps arcboutées sur l’altérité de Dieu présupposant une passivité désincarnée de l’homme sur les questions du salut notamment. Renvoyant dos à dos les théologies dialectiques et libérales, l’auteur propose des pistes permettant d’incarner une théologie chrétienne au coeur des attentes contemporaines, là où se font entendre des besoins d’inscrire la vie dans la mystique et l’éthique.
TILLICH Paul, « Substance catholique et principe protestant », Labor & Fides / éd. du Cerf / PU Laval, 1996, 443p.
Avant que les grands dialogues de notre siècle se mettent en route, Paul Tillich a entrepris une réflexion en profondeur sur la nature du catholicisme et celle du protestantisme. Il y voit non pas deux Eglises semblables que certains points doctrinaux sépareraient, mais deux attitudes spirituelles également nécessaires et complémentaires : l’une met l’accent sur l’incarnation de Dieu, qui se rend présent à travers des réalités finies ; l’autre insiste sur la transcendance de Dieu dépassant toutes les réalités qui la signifient et la concrétisent. Si elle ne vit plus l’incarnation, la foi se volatilise ; si elle oublie la transcendance, elle dégénère en idolâtrie.
O’LEARY Joseph Stephen, “L'Art du jugement en théologie », éd. du Cerf, 2011, 384p. (Cogitation Fidei, n°278)
Ce dont il va s'agir ici n'est rien moins que d'apporter une contribution sur les conditions d'intelligibilité de la foi chrétienne à travers un regard sur la formation du discours religieux qui confronte les rationalités mises en œuvre jusqu'à ce jour tout en faisant droit à l'apport possible de nouveaux espaces de rationalité (en l'occurrence, le bouddhisme). En méditant précisément sur la faculté de juger en théologie, ce livre entend remonter en deçà des débats singuliers et même en deçà des discussions de méthodologie et d'herméneutique, y compris les approches qui invoquent l'apophase ou l'expérience religieuse. Il cherche par là à éclairer la manière dont la théologie doit fonctionner en pratique et quelles vertus intellectuelles il faudrait cultiver pour promouvoir cette pratique, en assurant la souplesse et l'ouverture de l'interrogation théologique. O'Leary invoque le paradigme indien (bouddhiste) de vérité conventionnelle et ultime — un thème connu des bouddhologues, mais peu utilisé en théologie. Pourtant, sur le thème de la rationalité de fond de nos croyances chrétiennes, le bouddhisme apparaît comme un réservoir d'idées qui promettent d'« éclaircir la foi chrétienne au sujet de bien des points, par exemple pour tout ce qui concerne la logique du don, du pardon et du sacrifice, mais surtout en permettant une réévaluation du statut et de la fonction du langage ainsi que des dogmes ». Ainsi, l'auteur se situe résolument à l'intérieur d'un espace interreligieux pour aborder, découvrir et formuler ce que lui-même appelle l'« ultime ». Ce dernier, à son tour, doit s'entendre « comme un x algébrique, dont le sens est à déterminer. Ses acceptions possibles sont presque aussi diverses que celles du terme "religion", qui peut dénoter la "rencontre de l'ultime" ». O'Leary développe une vision originale des rapports entre les deux, en considérant les religions comme véhicules conventionnels de l'ultime (pris comme qualité, non comme substance) et la théologie comme travail de jugement sur les conventions héritées, en dialogue avec les signes du temps présent. Un livre exigeant, mais d'une remarquable ouverture d'esprit et d'une singulière discrétion quant à l'expérience religieuse.
HENDRIKSE Klaas, "Croire en un Dieu qui n'existe pas", Labor & Fides, 2011, 240p.
Peut-on être pasteur et athée ? Klaas Hendrikse revendique avec éclat ce paradoxe. Il en fait une condition pour parler avec honnêteté de la foi chrétienne. Son livre est une démonstration qui veut convaincre nombre de déçus des Eglises. Pour l’auteur, celles-ci fonctionnent sur des schémas anachroniques auxquels plus personne n’arrive à s’identifier. A l’origine, Dieu se produit dans les relations humaines et n’a rien à faire avec la création du monde, avec des systèmes de croyances métaphysiques bien éloignées de son terreau judéo-chrétien. Il n’a pas d’existence dans ce contexte, mais il surgit dans toutes les situations où l’expérience humaine dépasse l’ordinaire : dans la douleur, l’émerveillement, dans le cheminement de toute quête humaine vers le dépassement de soi. Renvoyant dos à dos chrétiens traditionnels et athées, ce pasteur propose une nouvelle voie qui tranche avec toutes les tentatives actuelles de profiler les Eglises sur les attentes en matière de spiritualité. Avec humour et tonicité, en évitant tout jargon religieux et théologique, Klaas Hendrikse offre un essai décoiffant permettant de nourrir le débat autour de l’avenir de la foi dans un monde en pleine mutation.
Saint Jean Eudes (17e s.), « Le Baptême. Par Textes choisis et présentés par Paul Milcent », éd. du Cerf, 2011, 140p. (Trésors du Christianisme)
Sacrement de l'identité et de la sainteté chrétiennes, le baptême est présenté ici avec enthousiasme par saint Jean Eudes : toute son action missionnaire, au temps de Richelieu et de Mazarin, a en effet consisté à rappeler aux chrétiens les merveilles de leur baptême et le sérieux de leur engagement. Alliance avec Dieu Trinité, vie nouvelle saisie par le mystère de la naissance, de la mort et de la résurrection de Jésus, le baptême est la marque du chrétien, le cœur de son existence. Les pages de ce livre sont tirées de trois ouvrages de saint Jean Eudes : « La Vie et le Royaume de Jésus dans les âmes chrétiennes » ; « Contrat de l'homme avec Dieu par le saint baptême » ; « Entretiens intérieurs de l'âme chrétienne avec son Dieu
ASSMANN Jan, « Le prix du monothéisme », Aubier, 2007,
En 1997, l'égyptologue Jan Assmann publiait un ouvrage, Moïse l'Égyptien, dont les thèses allaient susciter maintes controverses : en France, en Allemagne, aux États-Unis... plusieurs spécialistes s'insurgèrent contre ce qui leur apparut comme une contribution à la critique de la religion, voire comme une attaque frontale dirigée contre le monothéisme. Au coeur du débat, toujours vivace aujourd'hui, se trouve le concept de «distinction mosaïque» forgé par Jan Assmann : un concept qui, pour certains contradicteurs, prête au monothéisme une intolérance consubstantielle ; qui, pour les autres, entend précisément abolir ce qui distingue le monothéisme. Les plus véhéments allant jusqu'à imputer à l'égyptologue une nostalgie du paganisme, voire un antisémitisme larvé. Par-delà ces derniers griefs, peu sérieux, le débat a été assez nourri pour que Jan Assmann entreprît, dans un nouveau livre, de préciser ou d'amender les concepts utilisés dans le précédent : bel exemple de retour sur elle-même d'une pensée scientifique. Il revient donc ici sur ce qui caractérise le monothéisme : cette distinction mosaïque qui est, non pas la distinction entre un Dieu unique et un fourmillement de divinités, mais bien la distinction entre le vrai et le faux dans la religion, entre le vrai dogme et les croyances erronées ; non pas l'irruption d'une croyance donnée à un moment déterminé, qui suppose un avant et un après, mais une idée régulatrice.
CHANTRE B., (dir), « Les Figures du messie », éd. Le Pommier, 2011, 200p. (Co-Loc)
Créé dans un « Music Hall » à Dublin en 1742, le Messie de Haendel est une œuvre riche dont la plasticité se prête à des interprétations très variées. Le Théâtre du Châtelet a choisi de donner, en mars 2011, cette œuvre dans la réorchestration que Mozart en fit en 1789, avec une mise en scène d’Oleg Kulik et une dramaturgie de Benoît Chantre. Celle-ci s'inspire de la lecture girardienne de la Passion, ce qu’attestait la présence de Michel Serres, intervenu en personne au cœur de la représentation. Le pari de mettre en scène cet oratorio de façon si originale s’est prolongé par un colloque, réuni autour des personnalités de Michel Serres et de René Girard, dans le but de se prononcer sur l’actualité du Messie et de ce qu’il est convenu d’appeler le messianisme. Quelle est cette tradition ? Survit-elle encore à l’échec des messianismes politiques, ces tentatives malheureuses de réaliser ici-bas le « Royaume » de Dieu ? Le religieux lui-même nous parle-t-il encore, après tous ces échecs ? ou bien n’est-il qu’une « enfance », heureusement dépassée, de l’humanité ? Les apports de l’anthropologie, de la sociologie, de la philosophie, de la musicologie, de la théologie et de la littérature aident à préciser ces « figures » du Messie et leur implication dans notre présent.
HURTADO Larry W., « Dieu dans la théologie du Nouveau Testament », éd. du Cerf, 2011, 208p.
Si la recherche contemporaine sur le Nouveau Testament a développé la christologie, elle a porté peu d'attention à « Dieu ». Tel est le constat de départ de L. W. Hurtado. Il se pose donc la question : de qui parle le Nouveau Testament quand il dit « Dieu » ? Car, si les premiers chrétiens se réclament du Dieu unique d'Israël, ils confessent aussi son Fils Jésus Christ et l'Esprit Saint qu'ils associent à « Dieu » dans le culte qu'ils lui rendent. Alors, le Dieu du Nouveau Testament est-il bien le Dieu de l'Ancien Testament ? L'accent mis sur Jésus dans le Nouveau Testament modifie-t-il le discours sur « Dieu » ? Et les références à l'Esprit Saint n'affectent-elles pas la compréhension de qui est « Dieu » ? La théologie trinitaire qui s'est développée ultérieurement ne nous dispense pas de lire de près les textes du Nouveau Testament qui méritent d'être entendus pour eux-mêmes ! Dans la diversité de ses écrits, le Nouveau Testament parle d'une seule voix sur l'essentiel : à la fois la continuité avec les Écritures juives et la grande nouveauté du « Dieu » de Jésus Christ. En suivant l'auteur dans sa minutieuse étude des textes, nous assistons, en effet, à ce qui est une reconfiguration majeure du discours sur « Dieu » et le culte qu'il convient de lui rendre. Les contemporains d'ailleurs ne s'y étaient pas trompés qui avaient qualifié d'« impies » les adeptes de Jésus. C'est une magistrale — et très accessible — leçon d'exégèse que donne ici L. W. Hurtado. C'est aussi une invite à avoir de « Dieu » une vision dynamique, autrement dit à prendre la mesure de la bonne nouvelle chrétienne sur « Dieu ».
LARCHET Jean-Claude, « Personne et nature. La Trinité — Le Christ — L'homme. Contributions aux dialogues inter-orthodoxes et inter-chrétiens contemporains », éd. du Cerf, 2011, 416p.
Les notions de personne (ou d'hypostase) et de nature (ou d'essence) sont des notions de base de la théologie trinitaire, de la christologie, de l'anthropologie et de la spiritualité chrétiennes. Élaborées progressivement et avec peine, tant en elles-mêmes que dans leurs relations, durant les six premiers siècles, elles ont été au cœur des controverses et des dialogues théologiques de toutes les époques. Presque tous les désaccords et tous les accords concernant la foi ont mis en cause leurs définitions, leur déséquilibre ou leur équilibre. Aujourd'hui encore, ces notions restent au cœur des discussions théologiques entre chrétiens en quête d'unité, qu'il s'agisse du dialogue entre orthodoxes et catholiques ou protestants sur la question du « Filioque », du dialogue entre l'Église orthodoxe et les Églises non chalcédoniennes sur la personne et les natures du Christ, ou encore du débat suscité par les théories personnalistes de certains représentants du mouvement néo-orthodoxe grec qui entendent, à tort ou à raison, contrebalancer tant l'essentialisme de la théologie latine que le piétisme de certaines formes de spiritualité orthodoxe. Les études rassemblées dans ce volume constituent des contributions majeures à ces différentes dimensions du dialogue interchrétien et interorthodoxe contemporain, et plusieurs d'entre elles, écrites il y a plusieurs années (mais actualisées pour la présente édition), restent régulièrement citées comme des travaux de référence. Derrière l'aspect critique de ces textes, on trouve en effet un réel approfondissement des concepts mis en jeu et, au-delà de leur caractère engagé et circonstanciel, une réflexion théologique de portée universelle susceptible d'intéresser tous les chrétiens soucieux d'approfondir leur foi.
Erri De Luca, « Première heure », Folio, 2012, 160p.
« Tous les matins, la tête vide et lente, j’accueille les paroles sacrées. Pour moi, les comprendre ce n’est pas les saisir, mais être rejoint par elles, être calme au point de se laisser agiter par elles, dépourvu d’intention au point de recevoir la leur, insipide au point d’être salé par elles. Ainsi, suis-je devenu un hôte chez moi des paroles de l’Écriture sainte. Je restitue en désordre une infime partie du don de pouvoir la fréquenter. »
ASKANI Hans-Christoph, MENDOZA Carlos, MULLER Denis, ANDRONICOS Dimitri (éd.), « Où est la vérité ? La théologie aux défis de la Radical orthodoxie et de la déconstruction », Labor & Fides, 2012, 368p.
Le débat théologique est traversé aujourd’hui par deux dynamiques a priori antagonistes : celle imprimée par les nouveaux apôtres d’une orthodoxie chrétienne combattant le rationalisme pour en relativiser la prétendue toute-puissance en matière religieuse, et celle issue des philosophies de la déconstruction avec lesquelles certains théologiens s’accordent pour l’appliquer radicalement aux traditions chrétiennes. Cet ouvrage collectif rassemblant quinze théologiens et philosophes se prononce sur ces deux dynamiques avec, pour certains, des propositions dessinant une troisième voie. Un texte de l’un des fondateurs de la Radical Orthodoxy, John Milbank, offre une vision de première main de ce mouvement qui combine dans une formule inédite un fort conservatisme doctrinal à un progressisme social incontestable. Globalement, ces débats portent sur la vérité en régime théologique. Est-il légitime de poser aujourd’hui la question en ces termes ? Comment mieux articuler théologie et philosophie, sans rien céder des exigences de la première, tout en participant de manière compréhensible et percutante aux débats intellectuels et culturels de l’heure ?
ROSSLER Andreas, "L'humanisme chrétien de Melanchthon dans la revue "Evangile & Liberté", fév. 2012, p. 18-19
Melanchthon, théologien protestant proche de Luther, l'affirmait déjà (ou confirme l'avis d'Aristote) : la connaissance à l'école se fondera sur des méthodes philosophiques (une expérience commune assurant nos idées ou nous déstabilisant, les principes de la logique) et sur une méthode théologique.
Sylvie Barnay, « La Parole habitée. Les grandes voix du prophétisme », Seuil Points Sagesse, 2012, 304p.
Qui sont les prophètes ? Des témoins du futur ? Des messagers du malheur ? Des veilleurs au souffle inspiré annonçant que la nuit s’achève et que le jour est proche ? Les prophètes sont des êtres à la parole habitée, une parole divine qu’ils portent autant qu’elle les porte. Ils traversent l’histoire, tour à tour médiateurs entre l’homme et Dieu, interprètes du présent ou visionnaires des temps à venir. Ainsi, de Moïse à Etty Hillesum, de Joachim de Flore à Brigitte de Suède, de Nostradamus à Victor Hugo, les grandes voix prophétiques font entendre où est le sens et où va l’humanité. Elles résonnent d’échos différents selon qu’elles veulent bouleverser le monde ou l’interpréter, annoncer la fin des temps ou aider l’homme à avancer vers demain. Cette anthologie commentée rend compte de leur diversité dans l’histoire tout en cernant la figure du prophète.
VAN MEERBEECK Philippe, « Dieu est-il inconscient ? L’adolescent et la question de Dieu », éd. de Boeck, 2012, 207p.
Peut-on encore croire en Dieu dans un monde qui va si mal ? Cette préoccupation reste chère aux jeunes car elle pose la question même du sens de la vie. Pour résister aux sirènes talibanes ou au scénario de la tuerie de Columbine, ce livre approche la quête du vrai qui est au coeur même de l’adolescence : d’où viens-je ? Où vais-je ? Qui suis-je ? Des origines chrétiennes, fondement des droits de l’homme, jusqu’à une réflexion sur la spiritualité dans un monde désenchanté, il se concentre sur la violence, le mal et le pardon. Devenir adulte consiste à faire le deuil du Dieu de l’enfance, à penser la différence des sexes et à désidéaliser les images parentales. Devenir soi-même passe par la rencontre amoureuse. Il s’agit d’une communion et d’une découverte trinitaire qui peuvent, inscrites dans une transmission digne de ce nom, permettre à certains jeunes d’éviter un sacrifice interdit voulu par un dieu pervers.
CROUZET Didier, « Travailler, faire son marché et lire la Bible », éd. Olivetan, 2006, 180p.
Arpenter les rues de notre quotidien, la Bible dans une main, le journal dans l’autre : tel est le projet de ce livre. D’un côté, les récits bibliques, de l’autre les paroles et le vécu de nos contemporains, s’exprimant depuis leur situation sociale ou professionnelle.
PAGAZZI Giovanni Cesare , « Au commencement était le lien. Les sens et le besoin pour dire Jésus », éd. du Cerf, 2012, 160p. (Théologies)
Ce livre est un « essai », c'est-à-dire une limite et, à la fois, un désir. Limite, parce qu'il s'agit d'une « entrée », non d'un repas complet ! Désir : sinon de rassasier, au moins de faire un peu goûter au lecteur « combien le Seigneur est bon » (Ps 34, 9). C'est, en effet, des besoins fondamentaux — de la faim, de la soif, des sens (au nombre desquels il y a justement le goût) — que part ce livre. L'Évangile nous enseigne de fait que le mystère de Jésus et le salut qu'il nous donne n'habitent pas seulement le cœur de sa personne, mais aussi la frange de son manteau, au point qu'on fait tout ce qu'on peut pour le toucher (Mc. 5, 25-34). Jésus est ainsi le lieu sensible où se révèle le toucher réciproque, où se noue le contact définitif entre le Fils de Dieu et le monde.
ARNOLD Matthieu, DAHAN Gilbert et NOBLESSE-ROCHER Annie (dir), « Le Juste vivra de sa foi (Habacuc 2,4). Études d'histoire de l'exégèse 3 », éd. du Cerf, 2012, 146p.
Tant dans la tradition juive que dans la tradition chrétienne, le verset d'Habacuc 2, 4, « Le juste vivra de sa foi », est célèbre et constamment cité. Son utilisation dans les épîtres pauliniennes confirme d'ailleurs son importance.
Du côté chrétien, il vient appuyer les réflexions sur la justification par la foi ; du côté juif, tout en permettant de souligner le rôle fondamental de la foi (« emunah »), il pose le rapport de celle-ci avec la Loi. Cinq étapes de l'histoire de son exégèse sont ici étudiées, depuis la tradition herméneutique du judaïsme ancien jusqu'à l'attention que porte l'exégèse juive contemporaine à l'importance des œuvres, en passant par les Pères grecs et latins, les commentateurs chrétiens du Moyen Âge et enfin Luther et Calvin. Ce parcours impressionnant montre la richesse du verset et l'impact qu'il a eu dans les différentes traditions d'interprétation.
KELLY Thomas R., « La Présence ineffable », rééd., Labor & Fides, (1946), 2012, 144p.
La présence ineffable est celle de Dieu en nous. Hors toutes les institutions religieuses, existe un sanctuaire vers lequel chacun peut faire l’expérience du divin par la pratique de la prière silencieuse. Publié une première fois avec succès par Labor et Fides en 1946, cette série de conférences est reprise ici plus de soixante ans plus tard car leur contenu convient particulièrement bien aux aspirations spirituelles actuelles. Pour l’auteur, issu de la communauté quaker des Etats-Unis, l’expérience mystique ne conduit pas à l’isolement sans être pour autant nécessairement subordonnée à une Eglise. Chacun peut faire l’expérience du divin par un retrait tout intérieur qui le pousse à agir pour les autres sans le souci de trouver dans la vie externe les éléments décisifs de sa spiritualité. Pour Thomas R. Kelly, « la religion n’est pas un devoir à surajouter à tous les autres pour nous compliquer encore la vie ».
EBELING Gerhard, « Répondre de la foi. Réflexions et dialogues », Labor & Fides, 2012, 344p.
Gerhard Ebeling fut un des grands théologiens allemands du XXe s., spécialiste notamment de Luther, de l’herméneutique et de la théologie systématique. Pour le centenaire de sa naissance, ce volume propose l’édition française de douze articles particulièrement représentatifs de son parcours théologique. Une première partie présente quelques thèmes caractéristiques des recherches de l’auteur, en herméneutique (qu’est-ce qu’interpréter ?) et en théologie systématique (comment répondre de la foi aujourd’hui ?). Une deuxième partie évoque quelques-uns des partenaires de dialogue d’Ebeling, Luther, Barth, Heidegger et Buber, avant de conclure par un entretien sur Dietrich Bonhoeffer chez qui il accomplit sa formation pastorale dans l’Allemagne des années 1930.
EMERSON R.W., PICON R., « Discours aux étudiants en théologie de Harvard », éd. nouvelles Cécile Défaut, XXXX, 160p.
suivi de Le dernier repas Emerson, figure fondatrice de la culture américaine, dresse ici un violent réquisitoire contre un christianisme engoncé dans le carcan dogmatique d’un temps révolu. Il lui oppose un hymne à la nature, à la confiance en soi, à l’âme humaine devenue parcelle de Dieu et de l’univers. Publié pour la première fois en français, Le discours aux étudiants en théologie est une pièce maîtresse de l’oeuvre d’Emerson; il peut en être une magnifique introduction. Conférencier, essayiste, poète, prédicateur, Ralph Waldo Emerson nous a laissé une oeuvre riche, singulière et marquante. Il est considéré comme l’une des figures fondatrices de la culture américaine. Ses textes en ont profondément influencé la littérature et la philosophie, de Walt Whitman à Allen Ginsberg, de William James à Stanley Cavell. Le rayonnement d’Emerson traverse l’Atlantique pour marquer de manière durable des auteurs comme Carlyle, Wordsworth ou encore Nietzsche. Emerson a influencé les grandes figures intellectuelles de son temps. Père de ce que l’on appelle déjà de son vivant le « transcendentalism », un mouvement intellectuel et culturel d’hommes et de femmes qui partagent nombre de ses idées, et notamment celle sur le « Dieu en nous » qui est aussi l’âme de la nature et de l’univers, Emerson n’est pourtant pas l’homme d’une école. Il n’aura de cesse d’exhorter ses contemporains à fuir les modèles et à marcher seuls, et fera sa vie durant preuve de l’indépendance de pensée qu’il appelle de ses voeux.
PROCLUS, « Théologie platonicienne. Tome VI : Livre VI. Index général. Texte établi et traduit par L. G. Westerink et H. D. Saffrey », Les Belles Lettres, XXXX, 512p. (70,00€) (Budé, série grecque)
Sixième et dernier volume de la première édition critique et la première traduction française de la Théologie platonicienne de Proclus (410-485). Le projet de Proclus – constituer, au moyen des méthodes scientifiques de la théologie, un corps de doctrines théologiques empruntées aux sources les plus authentiques de la tradition grecque (Platon, Homère, Hésiode, Orphée, les Oracles chaldaïques etc.) – se termine ainsi par l'étude des dieux hypercosmiques (c’est-à-dire les dieux immédiatement transcendants au monde).
PROCLUS, « Trois études sur la Providence. Tome I : Introduction. - 1ere étude : Dix problèmes concernant la Providence. Texte établi et traduit par D. Isaac ; Tome II : 2e étude : Providence, fatalité, liberté ; Tome III : 3e étude : De l'existence du mal », Les Belles Lettres, XXXX, 310p. + 227p. (Budé, série grecque)
Alexandre d'Aphrodise, « Traité du destin », Les Belles Lettres, (1984) 2013, 188p. (Budé, série grecque)
Nulle part dans son oeuvre Aristote n'avait traité de la notion de providence. C’est à Alexandre d’Aphrodise, exégète du corpus aristotélicien qui vécut au III° siècle que nous devons la tentative originale d’aborder la question du destin et de la providence selon les principes et les méthodes du Stagirite. La présente édition, fruit d’un inestimable travail de recherche philologique, riche d’un apparat critique complet, présente un état des lieux des connaissances sur l’auteur et commente ce texte longtemps méconnu où se mêlent les pensées grecques et arabes. La longue introduction fournit une abondante documentation, notamment sur l’identité d’Alexandre d’Aphrodise et propose une liste exhaustive de ses œuvres, assorties à chaque fois d’un bref commentaire, tant pour les écrits en grec que pour ceux dont seule la traduction arabe nous est parvenue. De riches commentaires philosophiques donnent tous les éléments pour comprendre la portée de ce texte aux influences multiples. Cette édition est en outre dotée d’un stemma, d’une bibliographie, d’un index verborum et d’un index nominum.
François-Marie Humann, « Aimer comme Dieu nous aime. Essai de théologie spirituelle », Seuil, 2013, 320p.
La vie chrétienne est l'apprentissage d'un amour : aimer comme Dieu nous aime. Expérience intime, ce pèlerinage suit pourtant des étapes repérables. Comme on gravirait, barreau après barreau, une longue échelle, peut-être imaginez-vous qu’il faut un grand courage pour affronter la route ardue vers ces huit mille mètres de la vie avec Dieu ? Et chemin faisant, vous réfléchissez : à quel degré suis-je ? Quels sont mes progrès ? Que ces sommets sont inaccessibles ! S’il faut parler d’étapes, celles-ci ne sont pourtant pas des « niveaux » successifs, mais différentes façons de se situer par rapport à Dieu. Autour du thème concret de la soif spirituelle, au cœur du livre, sont éclairées des notions telles l'incarnation, l'expérience de la Croix, le don de l'Esprit, la communion des saints, le salut, qui offrent une vision d'ensemble de la foi chrétienne, également illustrée par des figures spirituelles de la tradition. Et sur le chemin qui sépare et unit tout à la fois les hommes de Dieu, sont traitées ces questions qui paraissent sans réponse : Qu'est-ce que Dieu représente pour l'homme ? Comment peut-Il l’accueillir, avec ses failles ? Qu'est-ce qu'une relation vivante à Dieu ? Un texte à la fois pédagogique et sensible, dont le parcours ménage une tension à l'image du chemin spirituel. François-Marie Humann, prieur de l’abbaye de Mondaye (ordre de Prémontré), est docteur en théologie et enseignant. Il a publié La relation de l’Esprit-Saint au Christ (Cerf, 2010).
VOUGA Fr., « Transmettre la foi - La seconde lettre à Timothée », éd. Olivetan, 2012, 144p.
Transmettre l’espérance à nos contemporains et aux générations futures, ouvrir une réflexion et un dialogue qui fortifient l’espérance : telle est la recherche qui a guidé la relecture de la lettre de Paul à Timothée.
Cynisme, opportunisme des nantis, inquiétudes face au changement du modèle de société règnent de plus en plus ouvertement. L’Occident semble être habité par un sentiment d’impuissance et de résignation désabusée auxquelles participent des croyants militants. Même dans les églises, l’angoisse de l’avenir tend à conférer une légitimité plus visible aux pronostics sociologiques et statistiques de la déchristianisation qu’à la puissance transformatrice de l’Évangile. Cet ouvrage témoigne d’un appel urgent au courage de la foi et à la fidélité des convictions.
Rédigé comme une sorte de manifeste, il est plus qu’un paisible commentaire de la seconde épître à Timothée. Les auteurs interprète la préoccupation fondamentale de l’auteur de la lettre et qui est devenue la leur : définir une stratégie spirituelle de fidélité vivante à la parole créatrice et libératrice de l’Évangile.