Mythe : Tintin
Mythe : Tintin
Ressources pédagogiques pour l'enseignement de la religion protestante au niveau secondaire
MALBRUNOT Laurent, « Spielberg et Hergé : Quand deux univers se rencontrent », Pascal Galodé Editions, 2011, 290 p.
Ce livre se veut tout d'abord un portrait croisé d'Hergé et de Spielberg. Hergé y est présenté avec son histoire compliquée, ses doutes, ses succès, ses deux mariages, et surtout son fabuleux coup de crayon pour ses héros dans Tintin ; Spielberg est présenté avec l'histoire de ses années de galère, son manque de père, ses gigantesques succès d'E T à Jurassic Park, de la Liste de Schindler à la Guerre des Mondes. Avec le renfort d'interviews, d'extraits, d'anecdotes, de résumés sur leurs créations et leurs héros universels (Haddock, Indiana Jones...), le détail de leur rencontre de 1983 manquée à quelques heures près, et le nouveau film sur Tintin en Motion Capture 3D qui est le produit de la nouvelle rencontre entre deux " âmes soeurs "... Dans un second temps, Laurent Malbrunot étudie en détail les thèmes centraux des deux créateurs : le secret des origines, le monde de l'enfance qui transparaît dans chaque oeuvre, les figures du père et de la violence, la place des héros et de l'étranger... Ces deux univers dynamiques et en perpétuelle évolution sont décrits depuis les origines jusqu'aux plus récentes créations, avec une étude approfondie des thèmes de l'enfant abandonné, de l'effondrement d'un monde, de la nécessaire inscription dans l'histoire, avec un attachement tout particulier à la capacité unique qu'ont ces deux créateurs à transmettre beaucoup de leur intimité, tout en touchant à l'universel (de 7 à 77 ans...).
GUASCH Gérard, « Tintin sur le divan » éd. Archipel, 2011, 280p.
Voici Tintin assis devant moi. Je le regarde et l'écoute.
« - Je suis déjà allé chez le psychanalyste, me confie-t-il, chez plusieurs même, mais ils se sont plus intéressés à mon père et à ses histoires de famille qu'à moi. Je viens vous voir pour une autre psychanalyse. »
A ces mots, Milou me lance un coup d'oeil complice et se fend d'un large sourire. « Vous voyez, semble-t-il me dire, nous savons à qui nous avons affaire ».
Nous invitant à pratiquer cette analyse pas à pas avec lui, c'est bien au-delà du cadre confiné d'un cabinet d'analyste que Gérard Guasch nous entraîne. Avec lui, chaque lecteur devient l'analyste de Tintin.
DELISLE Philippe, « Spirou, Tintin et Cie, une littérature catholique ? Années 1930 / Années 1980 », éd. Karthala, 2010, 192p.
On oublie fréquemment que la bande dessinée belge d'expression française, terreau de l'école dite " franco-belge ", s'est épanouie dans un environnement chrétien. Les deux " pères fondateurs ", Hergé et Jijé, ont publié leurs premières séries avec des bulles dans des journaux catholiques. Certes, les deux périodiques spécialisés qui, après 1945, s'imposent sur le marché belge, puis conquièrent le public hexagonal, à savoir Spirou et Tintin, ne sont pas des supports confessionnels. Mais ils sont nés dans des milieux catholiques, et se sont appuyés, au moins à l'origine, sur des réseaux de diffusion chrétiens. La production franco-belge de " l'âge d'or ", c'est-à-dire celle des années 1930-1950, est donc imprégnée, à des degrés divers, de références catholiques. C'est l'époque des grandes biographies " chrétiennes ", comme le Don Bosco de Jijé. Nombre de fictions font par ailleurs intervenir des figures catholiques : pieux chevalier, scout débrouillard, ou encore missionnaire conquérant. Qu'on songe au Chevalier blanc, à la Patrouille des Castors, à Tintin au Congo ! A travers la bande dessinée franco-belge " classique ", perce finalement tout un imaginaire catholique ", imaginaire qui reste pour l'essentiel en phase avec un discours ecclésiastique de reconquête. Les années 1960-1970 sont marquées par un mouvement de " laïcisation " de la bande dessinée franco-belge, avec l'affirmation du journal français Pilote. Mais cette rupture ne doit pas dissimuler certaines permanences. Scouts et pieux chevaliers continuent à s'illustrer dans les pages de Spirou et de Tintin. Les figures chrétiennes de " l'âge d'or " seront d'ailleurs de nouveau convoquées au cours des années 1980, sous le mode parodique, par des dessinateurs comme Chaland...
DELISLE Philippe, « De Tintin au Congo à Odilon Verjus. Le missionnaire, héros de la BD belge », éd. Karthala, 2011, 216p.
La figure du missionnaire catholique aventureux et « civilisateur » est beaucoup plus répandue qu’on ne pourrait le croire au sein de la bande dessinée belge d expression française. Elle tient une place éminente dans Tintin au Congo, qui se présente tout autant comme un éloge de l’évangélisation que comme une apologie de la colonisation. Mais beaucoup d’autres héros de papier croisent au cours de leurs exploits un sympathique prêtre barbu en soutane blanche : Tif et Tondu, Blondin et Cirage, Tiger Joe, Marc Dacier, Stany Derval, ou encore M. Tric. En outre, un nombre non négligeable de bandes dessinées « historiques » mettent au premier plan des missionnaires : grandes biographies en images comme le Charles de Foucauld de Jijé, ou brefs récits complets, comme ces deux « Histoires de l Oncle Paul » consacrées au jésuite De Smet, « apôtre des Peaux-Rouges ». Loin de se réduire à un élément du décor dans des aventures lointaines, le missionnaire apparaît comme un formidable révélateur des racines de la bande dessinée belge francophone. Cette dernière est née dans un environnement catholique, et elle entend privilégier les grandes aventures « exotiques », tout en cultivant une dimension didactique. Elle ne pouvait donc faire l’impasse sur le missionnaire, personnage mis en avant par tout un discours et une imagerie de « propagande », et présenté comme un explorateur intrépide, mais aussi comme un héros « utile », puisqu’il voue son existence au Salut des autres... Le vent de liberté et de « laïcité » qui souffle, à partir de la fin des années 1960, sur la bande dessinée belge aboutit à un certain effacement du missionnaire. Mais cette figure était trop ancrée dans l’histoire du genre pour s’évanouir complètement. Au cours des années 1980, des « maîtres » comme Jijé et Hausman apparaîtront dans certaines bandes dessinées sous les traits d un « ouvrier apostolique ». Mieux, une série humoristique centrée sur un bouillant missionnaire sera lancée au milieu des années 1990 : « Odilon Verjus »...
LOMBARD Philippe, « Tintin, Hergé et le cinéma », éd. Democratic books, 2011, 199p.
Films fixes, poupées animées image par image, dessins animés, films avec acteurs et aujourd'hui "motion capture" en 3D, Tintin aura tout expérimenté. Dès les premiers albums, la cinéphilie d'Hergé transparaissait au détour de nombreuses références ou par le choix du langage visuel. Pas étonnant que des cinéastes tels que Alain Resnais, Roman Polanski, Jean-Pierre Jeunet, Bruno Podalydès, Peter Jackson et bien sûr Steven Spielberg soient des lecteurs passionnés de Tintin et n'hésitent pas y faire allusion dans leurs films. Dans son essai, Philippe Lombard aborde toutes les facettes de la relation originelle et admirative qu'Hergé entretient durant toute sa vie avec le cinéma. Il pose un regard personnel et érudit qui met brillamment en perspective le film tant attendu de Steven Spielberg. Philippe Lombard est journaliste et écrivain. Passionné par le cinéma, la télévision et la bande dessinée franco-belge, il a publié plusieurs ouvrages (Amicalement Vôtre, La Panthère rose, Starsky & Hutch, James Bond, Sean Flynn...).
SADOUL Numa, « Tintin et moi. Entretiens avec Hergé », Champs Arts Flammarion, 2011,
Comprend l'intégralité des entretiens recueillis en 1971 et complétés en 1976, des extraits de la correspondance Numa Sadoul-Hergé, un extrait d'une table ronde dans les studios Hergé en 1972 et une galerie de portraits des principaux personnages des albums de Tintin.
APOSTOLIDES Jean-Marie, « Les métamorphoses de Tintin », Champs Arts Flammarion, 2011,
Présentation du travail de recherche effectué pendant plus de vingt ans par J.-M. Apostolidès sur le personnage de Tintin : quelles pouvaient être ses origines, sa famille, ses opinions politiques... en utilisant les ressources de la critique littéraire, de la sémantique ou de la psychanalyse.
TISSERON Serge, « Tintin chez le psychanalyste », éd. Aubier, 2000, 191p.
L'auteur analyse les aventures de Tintin comme une immense fresque qui parle d'autre chose que ce qu'elle raconte, et qu'il faut décrypter.
TISSERON Serge, « Tintin et le secret d’Hergé », éd. Hors Collection, 2009, 169p.
Quatre-vingts ans après la création du reporter à la houppette, l'oeuvre maîtresse de Hergé, Les Aventures de Tintin, ne cesse de captiver un public toujours renouvelé. La notoriété des principaux héros de la «famille hergéienne» n'est plus à faire. Mais qui sait ce que ces personnages peuvent encore révéler à leurs lecteurs ? Eternel enfant sans défaut mais aussi sans famille, «Tintin» est-il son prénom, son nom ou son surnom ? Pourquoi les Dupond et Dupont, qui, de l'aveu même de Hergé, représentent son père et son oncle, et que l'on prend pour des jumeaux, ne portent-ils pas le même nom ? Pourquoi Hergé associe-t-il avec tant d'insistance chaque apparition de la Castafiore – son unique héroïne – avec l'« air des bijoux » du Faust de Gounod ? Pourquoi l'ancêtre du capitaine Haddock, le chevalier de Hadoque, a-t-il reçu des mains de Louis XIV le château de Moulinsart, dont le blason est un dauphin couronné ? Serait-il un fils bâtard du Roi-Soleil ? Serge Tisseron a confronté les multiples questions soulevées par les personnages des Aventures de Tintin aux récentes découvertes des biographes de Hergé. Elevé dès sa plus tendre enfance sous le poids d'un secret de famille énigmatique, Hergé a laissé dans son oeuvre de nombreuses traces inconscientes de ses interrogations. En relevant aujourd'hui ces traces dans les vignettes des albums, Serge Tisseron nous propose une passionnante redécouverte de l'oeuvre de Hergé.
DAVID Michel, «Une psychanalyse amusante : Tintin à la lumière de Lacan», éd. Desclée de Brouwer, 1994, 247p.
La " psychanalyse amusante " est le terme même utilisé par Lacan lors de son premier Séminaire. Boutade certes, mais chargée de sens, que relève Michel David, lacanien convaincu et tintinophile averti. Les Aventures de Tintin décryptées à la lumière de la pensée de Lacan prennent ici une dimension psychologique qui a le mérite d'éclairer à la fois les concepts lacaniens et l'écriture d'Hergé. Au-delà des vingt-quatre aventures qui enchantent, et que l'on redécouvre avec plaisir, vers quelle véritable énigme Tintin nous entraîne-t-il ? Qui est cet étonnant Capitaine Haddock si haut en couleurs ? Quelle image La Castafiore, diva au comportement hermétique, véhicule-t-elle ? Et, le Professeur Tournesol, en apprenti sorcier, que laisse-t-il entendre exactement du monde et des hommes de science ? De 1929 à 1983, l'histoire mondiale, les tendances socio-politiques ponctuent la recherche de Michel David, jusqu'au dernier coup de crayon d'Hergé. Et du premier Séminaire au dernier écrit de Lacan, la matière abondante convie à de singulières aventures au pays de l'inconscient.
BONFAND A. et MARION J-L., « Hergé : Tintin le Terrible ou l’alphabet des richesses », Hachette Pluriel, 2006, 139p.
Loin des procès souvent intentés à Hergé, qui font de Tintin un porte-parole de diverses idéologies, à distance des interprétations trop "savantes" des différents albums, ce court essai propose une méditation sur l'étrange fascination qu'exercent les aventures de Tintin sur leurs lecteurs. Tintin n'impose pas d'abord une vision du monde, mais propose une expérience, celle d'un individu qui aborde le monde à partir d'une exigence éthique : le monde se joue en termes de vérité et de mensonge, de fidélité et de trahison, d'amitié et de haine, de bien et de mal. Un alphabet de quelques thèmes obligés des aventures de Tintin (d' "amitié" à "yeti", en passant par "mirage" et "Karaboudjan") vient confirmer cette lecture. Des extraits de la correspondance d'Hergé apportent des précisions et témoignent de la cordialité de l'auteur envers ses correspondants.
CRUBEZY E. et SENEGAS N., « Hergé archéologue », éd. Errance, 2011, 217p.
Alors qu’il réinhume la momie d’une jeune chamane, Kyys, quelque part en Iakoutie, Eric Crubézy est frappé de la similitude de sa situation avec celle des savants de l’expédition Sanders-Hardmuth, qui eux, osèrent rapporter en Occident la momie de Rascar Capac. Ce thème bien connu, celui des Sept boules de cristal, sert de base à la réflexion de l’auteur. Dans un cas, celui imaginé par Hergé, les savants « volent » les restes (et le payent très cher). C’est ainsi que les archéologues opéraient autrefois. Dans l’autre cas, aujourd’hui, les chercheurs réinhument la momie une fois celle-ci étudiée. Différence de traitement. Respect et sauvegarde de l’objet dans l’un, respect de la culture et des rites dans l’autre. A partir de ce thème, Eric Crubézy, en tintinophile averti qu’il est, réinvestit l’oeuvre d’Hergé et tente de cerner sa vision de l’archéologie. Les cigares du Pharaon, Les sept boules de cristal, Le Temple du Soleil, mais aussi Le secret de la Licorne, Le Trésor de Rackham le Rouge sont bien sûrs analysés. Si l’archéologie évoque l’exotisme et l’aventure, les archéologues ne se sont guère souciés de Tintin jusqu’à présent. Poursuivis par des clichés de rêveurs reconstituant un passé à partir de bribes, d’aventuriers pilleurs d’épaves ou de tombeaux, de découvreurs de pyramides ou de cités perdues, ils ont regardé de loin, de très loin l’oeuvre, n’y voyant qu’une reprise de clichés ou mieux l’occasion de s’ouvrir aux cultures. Et pourtant, si l’oeuvre reflète l’évolution du monde ne révélerait-elle pas celle de l’archéologie ? Mieux, si elle introduit du sacré dans le profane, de l’humain dans la science et si Tintin a su accepter d’écouter Tchang, alors ne pourrait-elle pas être sujet de réflexion pour ces archéologues qui attribuent tout geste intelligible au cultuel ou au sacré ou pour les autres dont les explications matérialistes éliminent tout fait étrange, tout détail qui échappe à une logique concrète ? En retour, la vision qu’ont nos contemporains de l’archéologie n’est-elle pas inspirée en partie de Tintin ? Mais Tintin, en nous montrant que le contemporain c’est l’occidental mais c’est aussi l’autre, l’autochtone, celui de là-bas mais aussi celui d’ici, ne pourrait-il pas nous offrir une réflexion sur l’archéologie vue par les autres, les Chiquito d’Amérique, les faucheurs de Sibérie, les religieux de chez nous ? L’archéologue de demain à la charnière d’univers différents pourrait alors lire le passé comme un objet de science mais lui donner un avenir, le gérer dans un univers de valeur différent.