L’être en rupture
L’être en rupture
Ressources pédagogiques pour l'enseignement de la religion protestante au niveau secondaire
DUPONT-BEURIER Pierre-François, LABBÉ Brigitte, « Le rêve et la réalité », éd. Milan, 2009, 56p. (Goûter philo)
« Non, non ! hurle Lucie en se débattant dans tous les sens. Au secours, au secours ! » Lucie tape des poings, elle donne des coups de pied et n’arrête pas de hurler : « Non, non ! » Le matin, en se réveillant, Lucie ne se souvient pas que, pendant la nuit, son papa est venu lui parler tout doucement pour la rassurer, qu’il lui a même chanté une petite chanson jusqu’à ce qu’elle retrouve son calme et dorme paisiblement. Mais Lucie se souvient parfaitement de tout le reste : elle jouait avec Ylès et Laura quand soudain Arthur est arrivé et l’a capturée. Il l’a attachée à l’arbre qui est au milieu de la cour de récréation. Elle hurlait, elle gigotait dans tous les sens pour essayer de se libérer et elle ne comprenait pas pourquoi ses amis montaient en classe au lieu de lui venir en aide. Comme elle se sentait seule et triste ! Quelques secondes après son réveil, Lucie s’est rendu compte que cette histoire avec Arthur, Ylès, Laura et les autres n’est jamais arrivée. Ou plutôt : que cette histoire s’est entièrement déroulée pendant le sommeil de la nuit. Incroyable : pendant la moitié de la vie on dort sans être capable de faire la différence entre le rêve et la réalité ! Il a fallu attendre que Lucie se réveille complètement pour que sa peur et sa tristesse s’envolent ; il lui a fallu attendre qu’elle se réveille complètement pour être sûre que tout cela est dans un rêve, pour être sûre que toute cette histoire est en dehors de la réalité.
LABBÉ Brigitte, PUECH Michel, « Pour de vrai, pour de faux », éd. Milan, 2008, 56p. (Goûter philo)
un « Goûter Philo » pour réfléchir sur ce que sont, philosophiquement, ces deux notions.
JELIAZKOVA-ROUSSEL Madeleine, ROUSSEL François-Gabriel, « Dans le labyrinthe des réalités. La réalité du réel, au temps du virtuel », L’Harmattan, 2009, 270p. (Ouverture Philosophique)
La réalité n'est pas ce que l'on croit, et l'apparition du virtuel, tant sur Internet que dans l'économie ou dans notre vie, n'a fait que confirmer l'idée selon laquelle "la réalité n'est plus réelle" : elle est au contraire le résultat de constructions de l'esprit, individuelles autant que sociales. Cette analyse s'applique à tous les domaines qui démontrent que notre conception du monde dépend des outils que nous nous sommes donnés d'appréhender.
ROSSET Clément, Le réel et son double », Gallimard / Folio, (1976) 1993, 144p. (n°220)
Rien de plus fragile que la faculté humaine d'admettre la réalité, d'accepter sans réserves l'impérieuse prérogative du réel. Cette faculté se trouve si souvent prise en défaut qu'il semble raisonnable d'imaginer qu'elle n'implique pas la reconnaissance d'un droit imprescriptible - celui du réel à être perçu - mais figure plutôt une sorte de tolérance, conditionnelle et provisoire. Le réel n'est généralement admis que sous certaines conditions et seulement jusqu'à un certain point : s'il abuse et se montre déplaisant, la tolérance est suspendue. Un arrêt de perception met alors la conscience à l'abri de tout spectacle indésirable. Quant au réel, s'il insiste et tient absolument à être perçu, il pourra toujours aller se faire voir ailleurs. Cet essai vise à illustrer le lien entre l'illusion et le double, à montrer que la structure fondamentale de l'illusion n'est autre que la structure paradoxale du double. Paradoxale, car la notion de double implique en elle-même un paradoxe : d'être à la fois elle-même et l'autre.
ERNY Pierre, « Les chrétiens et le rêve dans l’Antiquité », L'Harmattan, 2006, 292 p.
L'auteur est parti d'un constat : si dans l'Antiquité, théologiens et pasteurs ont abondamment traité du rêve, ceux d'aujourd'hui sont devenus singulièrement muets à ce sujet. Mais le présent ouvrage s'en tiendra à la manière dont les chrétiens ont vécu et pensé cette expérience universelle qu'est celle des songes au cours des sept premiers siècles, une période où l'on assiste à une réflexion tendant à intégrer deux héritages fortement hétérogènes, celui venant du monde de la Bible et celui issu de l'Antiquité proche-orientale et méditerranéenne.
LE HEUZEY Marie-France (Dc), “Jeux dangereux. Quand l’enfant prend des risques”, éd. O. Jacob, 2009, 160p.
Prendre des risques fait partie du développement normal de l’enfant, cela lui permet de gagner en assurance et en autonomie. Mais il arrive que l’enfant, poussé par le besoin de se mettre à l’épreuve ou de soulager une souffrance cachée, ou parfois juste pour s’amuser, se retrouve en situation de danger. Jeux dangereux, sports à risque, pratiques sexuelles non protégées, consommation d’alcool ou de drogues, scarifications, anorexie, conduites suicidaires…
GLARDON Thérèse, “Ces crises qui nous font naître. Jonas, Mefibosheth, Elie et les fille de Tselofhad”, Labor & Fides, 2009, 200p. (Petite Bibliothèque de Spiritualité)
Cet ouvrage propose une lecture de quatre récits de l’Ancien Testament dans lesquels les personnages sont confrontés à une crise manifeste. A sa manière, la Bible hébraïque raconte comment Jonas, Mefibosheth, Elie et les filles de Tselofhad vivent un moment charnière de leur existence, qui va les faire naître à une autre réalité et ainsi à eux-mêmes. Sur l’arrière-plan d’une analyse rigoureuse et au travers de l’approche symbolique de ces textes de l’Ancien Testament, Thérèse Glardon montre comment la Bible réussit à nous parler quand nous traversons nous-mêmes des moments critiques. Après avoir replacé les textes dans leur contexte, l’auteure les laisse s’incarner dans les questionnements existentiels de tout un chacun. Comment émerger de la crise ? En travaillant sur soi à la recherche du sens de ce qui nous arrive – telle est l’une des clés que cet ouvrage nous propose une véritable spiritualité de la crise. Les personnages bibliques présentés, qui prennent maintenant chair devant nous, naissent à eux-mêmes en accueillant la naissance de Dieu en eux. Après des études d’hébreu à Bordeaux, Paris et Jérusalem, Thérèse Glardon a été maître d’enseignement durant 10 ans à la Faculté de théologie de l’Université de Lausanne. Elle a suivi une formation en psychologie et à l’intégration psycho-spirituelle.
MEIRIEU Philippe, « Repères pour un monde sans repères », éd. DDB, 2002, 288p.
Bien malin serait celui ou celle qui prétendrait aujourd’hui savoir comment réagir aux situations nouvelles auxquelles tout parent, tout éducateur, se trouve confronté : emprise de la télévision, nouveaux comportements sexuels, banalisation de la toxicomanie et des conduites à risque, effacement des traditions et des repères, effondrement des catéchismes de toutes sortes qui nous permettaient de juger et d’agir à coup sûr, sans état d’âme et en toute certitude de bien faire. Ni livre de cours, ni livre de recettes, ces pages sont plutôt un livre de bord pour les parents d’aujourd’hui. Un livre d’or à compléter au fur et à mesure. Un livre à questions et à réponses. Un livre pour penser et sourire. Pour relativiser et revenir à l’essentiel. Un livre d’heures à lire par tous les bouts, pour accompagner la vie, tous les jours. La vie à lire… à livre ouvert.
Philippe Meirieu, marié, père de quatre enfants, est spécialiste des questions éducatives. Il a enseigné à tous les niveaux de l’institution scolaire, participé à plusieurs réformes de l’Ecole et travaille aujourd’hui à la formation des enseignants. Auteur de très nombreux ouvrages de pédagogie mais aussi d’essais et de contes pour enfants, il a toujours articulé les questions d’éducation avec les problèmes de société et la dimension éthique. Chroniqueur à l’hebdomadaire La Vie, il s’adresse aujourd’hui aux parents et, plus généralement, à tous les éducateurs pour leur faire partager ses expériences et sa réflexion.
Philippe Meirieu, marié, père de quatre enfants, est spécialiste des questions éducatives. Il a enseigné à tous les niveaux de l'institution scolaire, participé à plusieurs réformes de l'École et travaille aujourd'hui à la formation des enseignants. Auteur de très nombreux ouvrages de pédagogie mais aussi d'essais et de contes pour enfants, il a toujours articulé les questions d'éducation avec les problèmes de société et la dimension éthique. Chroniqueur à l'hebdomadaire La Vie, il s'adresse aujourd'hui aux parents et, plus généralement, à tous les éducateurs pour leur faire partager ses expériences et sa réflexion.
PERETTI-WATEL Patrick, « Principe de prévention. Culte de la santé et ses dérives », éd. du Seuil, 2009
Notre société est de plus en plus obsédée par le risque, qu’il soit d’origine sanitaire, médical ou technologique. Mais la prévention libère-t-elle de la souffrance ou constitue-t-elle au contraire une nouvelle aliénation ?
La santé est devenue notre bien le plus précieux. Les recommandations qui saturent l’espace public viennent nous le rappeler quotidiennement : « Fumer tue », « évitez de grignoter entre les repas », « lavez-vous les mains fréquemment », etc. Car, pour faire reculer le plus possible la maladie et la mort, il faut traquer le risque partout où il existe. La prévention des excès alimentaires, du tabagisme, de la consommation d’alcool et de drogues s’efforce d’atteindre cet idéal de sécurité totale. Mais la « mise en risque » du monde ne va pas sans dysfonctionnements. Le culte de la santé disqualifie ceux qui transgressent les conseils des experts. Il enserre les individus dans de nouveaux carcans moraux. Enfin, il est l’allié des industries agroalimentaires et pharmaceutiques, à qui il ouvre des marchés lucratifs. Conçue pour protéger les citoyens, les enfants, les personnes vulnérables, la prévention doit aujourd’hui être réinventée, sous peine de perdre son âme.
BENASAYAG Miguel, “La santé à tout prix. Médecine et biopouvoir”, Bayard, 2008, 144 pages
« La santé à tout prix ! », voilà la nouvelle sagesse qui semble diriger nos vies. Les conseils, toujours plus nombreux et précis, envahissent les ondes de nos radios, les rayonnages de produits censés améliorer notre santé fleurissent dans nos supermarchés, les examens médicaux pour vérifier que « tout va bien » se multiplient sans que l’on puisse imaginer un terme à cette accumulation. L’état de chacun de nos organes est devenu le centre de nos préoccupations.
Simple effet d’un individualisme croissant, symptôme d’un pays riche, conséquence d’une technique médicale en progrès constant… Tout cela à la fois, et pas seulement.
Miguel Benasayag travaille dans le monde médical depuis trente ans, mais c’est également en philosophe qu’il nous alerte ici : un biopouvoir s’articule avec la médecine pour créer des normes sociales et rendre certaines attitudes obligatoires.
Aujourd’hui, des territoires aussi cruciaux que la prise en charge du handicap, de la maladie d’Alzheimer, du cancer, la psychiatrie ou les soins palliatifs révèlent à l’analyse un modèle d’homme auquel il nous faut résister. Homme des compétences, agrégat d’organes que la médecine peut toujours perfectionner, sans prendre en compte l’unification interne de l’organisme ni ses liens avec l’extérieur. Sommes-nous vraiment certains de nous reconnaître dans ce portrait que le bio-pouvoir nous impose tant que nous restons passifs ?
CARO Guy, « De l’alcoolisme au savoir-boire », L’Harmattan, 2006, 275p. (Questions contemporaines)
Depuis l'antiquité et à travers le monde, les manières de boire des êtres humains ont toujours été d'une grande diversité. Les problèmes d'alcool et l'alcoolisme qui touchent certains d'entre eux sont complexes et parfois difficiles à comprendre et à soigner. Ce livre, au coeur d'un éternel débat de société, propose une approche novatrice entre la santé publique, la viticulture et l'éducation. Bref, au coeur d'un éternel débat de société, un livre politique. Hors des sentiers battus. A boire et à manger ? A déguster et à discuter.
STREEL Emmanuel, « Le cannabis en questions. Santé mentale, dépendance, fertilité et autres domaines reconsidérés », éd. De Boeck, XXXX (Comprendre)
Une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n’est une maison ! Cette citation empruntée à Henri Poincaré résume parfaitement la situation actuelle en ce qui concerne la soi-disant connaissance du phénomène cannabis. Aujourd’hui, la majorité des experts, influencés par leurs croyances ou convictions, ne prennent que peu de recul scientifique et se contentent d’accumuler des résultats de recherches afin de soutenir des hypothèses souvent improbables. De ce fait, le vrai, le faux, les hypothèses et l’approximatif se mélangent allégrement dans l’esprit des gens. Certains pensent que le cannabis rend fou, qu’il est responsable de la violence dans les cités, qu’il est la cause principale des accidents de la route, qu’il entraîne systématiquement vers d’autres drogues, que tous les consommateurs sont dépendants et bien d’autres choses encore. Toutes ces affirmations inexactes contribuent à pointer du doigt le cannabis. Cependant le problème est bien plus large. Le cannabis est le symptôme d’une société qui désinforme et nous fait oublier l’essentiel ; les problèmes d’une société ne sont pas imputables à une seule cause (le cannabis) mais le fruit de dysfonctionnements préventifs, législatifs, thérapeutiques et éducatifs.
Le but de ce livre consiste à rappeler qu’il est dangereux d’affirmer ce que nous sommes encore en train d’essayer de comprendre. Nous devons inciter à la réflexion et non imposer des points de vue. Le cannabis n’échappe pas à cette règle. Ainsi, au cours des chapitres qui composent ce livre, nous allons remettre en questions de manière constructive une série de conceptions telles que le lien entre cannabis et maladie mentale, la dépendance, l’influence du cannabis sur la fertilité, l’apport du cannabis dans le traitement de l’obésité, ainsi que les méthodes permettant de prendre en charge les patients qui le souhaitent.
Ce livre s’adresse à ceux qui s’intéressent au phénomène cannabis et recherchent une information juste et sensée. Il est le reflet de ce désir d’inciter à la réflexion, de se remettre en question et d’essayer de construire un savoir réel en ce qui concerne le phénomène cannabis.
ROSENZWEIG Michel, « Drogues et civilisations. Une alliance ancestrale. De la guerre à la pacification », éd. De Boeck, XXX, (Comprendre)
Cet ouvrage tente d'expliquer les fondements épistémologiques, anthropologiques, historiques et juridiques déterminant encore aujourd'hui nos pratiques sociales, politiques et thérapeutiques en matière de drogues. La question de la drogue est en réalité plus aujourd'hui une question d’anthropologie culturelle définitivement inscrite dans la dynamique géopolitique de l’offre et de la demande qu’une problématique prioritairement clinique, contrairement à ce que l’on continue à prétendre et ce, sans minimiser la réelle souffrance d'une partie des consommateurs qui précisément se soignent eux-mêmes souvent inadéquatement sans le savoir.
De l’expérience contrôlée à la dépendance nocive pour l’individu, il y a non seulement une question de dosage et d’usage, mais surtout une affaire de motivations, de rencontres et de relations et plus encore une affaire de lien que l’on entretient avec les drogues (liens distants ou passionnels, liens utilitaires occasionnels ou nécessaires, liens avec soi-même ou avec les autres, etc.). Enfin, ces liens sont déterminés par des représentations et des contextes dans lesquels les drogues circulent et les individus vivent et évoluent avec leurs désirs et leurs pulsions.
L’effacement des frontières entre drogues et médicaments nous montre bien aujourd’hui que le remède peut ou peut ne pas se transformer en poison parfois redoutable, quel que soit le nom qu’on lui attribue.
Entre les deux se trouve un espace individuel où la subjectivité rencontre les tensions inhérentes au quadruple impératif de la nouvelle modernité : productivité, consommation, autonomie et responsabilité. Une mission quasi impossible à atteindre qui débouche forcément sur un malaise.
C'est au creux de cet espace que notre choix individuel et notre éthique résident à l'époque de risque zéro, de l'euphorie perpétuelle obligatoire et du bonheur sous ordonnance.
RETAILLAUD - BAJAC Emmanuelle, «Paradis artificiels : la fin de la tolérance» dans L'Histoire n° 266 - 06/2002
La Belle Époque fut aussi celle des paradis artificiels. L'opium, la cocaïne, l'héroïne suscitèrent alors un véritable engouement. Au point d'inquiéter médecins et politiques. En 1916, ils firent voter une grande loi de prohibition.
Dossier « le suicide » dans la revue L’Histoire, n°189, juin 1995
BAUDELOT Christian, ESTABLET Roger, « Suicide. L’envers de notre monde », éd. du Seuil, 2006, 268p.
L'impact de la société sur un acte aussi individuel que le suicide est peut-être l'énigme majeure à laquelle les sociologues, depuis Durkheim, ont été confrontés. Pourquoi les hommes se tuent-ils plus que les femmes ? Les jeunes moins que les vieux ? Les urbains plus que les ruraux ? Les catholiques moins que les protestants ? Pourquoi le dimanche moins que le lundi ? Et l'été plus que l'hiver ? En temps de paix plus qu'en temps de guerre ? Nous disposons, aujourd'hui, sur toutes ces questions, d'informations sérieuses à l'échelle de la planète. Et c'est dérangeant pour l'esprit. La croissance du taux de suicide avec l'âge pouvait passer pour un fait de nature : vieillir amène son lot de soucis. Mais l'idée est trop courte. Depuis les chocs pétroliers, le suicide des jeunes augmente et celui de leurs aînés se maintient ou diminue. C'est sans doute le constat le plus grave que dresse ce livre. Le suicide accompagne les mouvements de la société. Il est en hausse lors des crises économiques, en baisse pendant les guerres. Il a crû avec le développement industriel du XIXe siècle, mais diminué avec l'expansion économique du XXe. L'enquête, toutefois, souligne combien les modèles souffrent d'énormes exceptions. Ainsi l'Inde, la Chine, la Russie sont-elles les seules nations qui réagirent au XXe siècle comme les pays occidentaux au XIXe siècle. Ainsi les Chinoises échappent-elles à la norme en se suicidant plus que les hommes. Ainsi le Japon est-il l'unique pays qui connaît - jusqu'en 1995 - une baisse du suicide à tous les âges. Stéréotypes, s'abstenir. L'étude du suicide permet de découvrir la face cachée de la planète, la force des héritages et la fragilité des apparences. Le déclin relatif du suicide au XXe siècle contredit une vision catastrophiste selon laquelle le développement économique n'aboutirait qu'à des formes exaspérées de l'individualisme, laissant chacun seul devant son destin. Christian Baudelot et Roger Establet nous offrent la synthèse d'une masse extraordinaire de données. Ils poussent la sociologie dans ses derniers retranchements, jusqu'aux portes du mystère.
VIGARELLO Georges, « Du jeu ancien au show sportif. La naissance d'un mythe », éd. du Seuil, 2002
Jamais les héros de l'Olympie moderne n'ont été si glorifiés. Mais jamais ils n'ont été si épuisés de courir après la performance, transformés en hommes-sandwichs de la publicité contemporaine. Pour répondre à ce paradoxe et comprendre la situation très actuelle du sport. Georges Vigarello mobilise la réflexion historienne en analysant le passage du «jeu» dans les sociétés d'Ancien Régime à l'invention du sport au XIXe siècle. De ce statut du jeu ancien à la fois pari et défi, volé aux temps sociaux de labeur et de culte, il ne reste presque plus rien quand il se métamorphose en compétitions institutionnalisées outre-Manche d'abord et, un peu plus tard, en France. Trouvant son autonomie, le sport engendre dès la fin du XIXe siècle une véritable contre-société calquant ses modèles méritocratiques et démocratiques sur ceux de notre société. Il se donne en miroir idéal. Il crée un mythe d'autant plus important que tendent à s'effacer par ailleurs transcendances et idéaux. Le sport «donne à croire». Il convient parfaitement aux exigences de l'image, du spectacle, de l'événement. Mais ses enjeux mêmes le soumettent à de nouvelles pressions : celles de l'argent, celles des médias. Ils favorisent dopage, trucages, malversations.
Ce qui conduit à penser sans doute d'autres rapports entre le sport et la puissance publique. Ce qui conduit aussi à une attention toute particulière aux pratiques naissantes aujourd'hui
LAGREE Jacqueline, « Le Médecin, le malade et le philosophe », éd. Bayard, 2002, 219p.
CANNARD Christine, « Le développement de l'adolescent. L'adolescent à la recherche de son identité », éd. De Boeck, 2010, (Ouvertures psychologiques)
Connaître l'adolescent pour mieux le comprendre et l'accompagner dans sa recherche identitaire. Une synthèse des connaissances actuelles disponibles sur le développement physique, physiologique, cognitif, psychique et social des adolescents ordinaires. Des recherches orientées sur des incidences, plus ou moins graves et plus ou moins visibles, de la métamorphose pubertaire sur la vie psychologique et sociale de l'adolescent. Un ouvrage permettant au lecteur de :
- porter un regard et un jugement critique sur le comportement de l'adolescent, la relation adulte-adolescent et les relations entre adolescents, au-delà de tout préjugé ou sentiment de fatalité.
- repérer les informations nécessaires à la compréhension des difficultés passagères ressenties par un adolescent dans son processus de construction identitaire, pour s'y préparer ou s'y adapter.
Des sources modernes illustrant les considérations théoriques : témoignages d'adolescents postés sur des blogs ou forums, vignettes cinématographiques. Un appareil pédagogique spécialement conçu pour l'étudiant. Dans chaque chapitre: un sommaire, un résumé, des questions pour mieux retenir et pour mieux réfléchir, une sélection bibliographique pour aller plus loin. En fin d'ouvrage: une bibliographie complète, un index des auteurs et des matières, des sujets d'examen avec leurs corrections.
CHILAND Colette, « Changer de sexe. Illusion et réalité », éd. O. Jacob, 2011, 352p.
De tout temps, il y a eu des hommes et des femmes refusant de vivre dans le corps dans lequel ils étaient nés. On est entré dans une ère nouvelle quand les progrès de la chirurgie et de l’hormonologie ont rendu possible une certaine transformation du corps. Toutefois, on ne change pas un homme biologique en femme biologique ou une femme biologique en homme biologique : on change l’apparence et l’état civil. Un homme biologique peut se construire en tant que femme sociale et une femme biologique peut se construire en tant qu’homme social, et vivre alors de manière heureuse.
CHARMET Gustavo P., « Arrogants et fragiles. Les adolescents d’aujourd’hui », Albin Michel, 2011,
Aujourd’hui, Narcisse a remplacé Œdipe : l’adolescent n’est plus aux prises avec le sentiment de culpabilité et la crainte de la punition, il est obsédé par son image, plus ou moins indifférent au monde, et tout entier consacré à la construction de son identité. Ce que l’on peut interpréter comme de l’arrogance n’exclut pas une fragilité propre à cet âge de mutation et au désir de plaire imposé par une société de consommation plus en plus compétitive et dominée par l’image. C’est dans ce mélange de fragilité et d’arrogance que se définit le « nouvel adolescent », cet être en devenir dont la personnalité échappe, la plupart du temps, à des adultes sans autre repère que leur propre adolescence.
PHARO Patrick, « Philosophie pratique de la drogue », éd. du Cerf, 2011, 402p.
Comment devient-on dépendant aux drogues et autres consommations psycho-actives ? Comment essaie-t-on d'en sortir ? Que valent les politiques publiques de la drogue ? Telles sont les questions abordées dans cet ouvrage, traitées à partir de témoignages d'usagers, recueillis à Paris et à New York. Témoins privilégiés des conditions individuelles, sociales et neuropsychiques d'entrée dans un parcours addictif, les anciens usagers revendiquent leur liberté d'avoir consommé, pour leur bien-être, des produits dangereux, tout en rendant compte en détail et sans fard des dégâts personnels qui ont pu en découler. À l'éthique de la drogue succède donc une éthique de la sortie qu'on cherche à garantir par de nouvelles habitudes et de nouveaux engagements. La philosophie pratique de la drogue qui ressort de ces témoignages est libertaire sur un plan individuel, mais collectivement responsable, en termes notamment de prévention, de réduction des dommages et d'accompagnement des usagers. Cette posture implique une reconsidération des politiques publiques répressives mais largement impuissantes devant le phénomène social de l'addiction, qui n'a cessé de croître avec le développement des sociétés marchandes.
TEXIER Dominique, « Adolescences contemporaines », éd. Erès, 2011, 360p.
vec cet abécédaire où les mots liés au monde de l'adolescence croisent au hasard de l'ordre alphabétique ceux de notre époque, Dominique Texier donne à penser les adolescences plurielles comme autant de froissements, plis, replis, à l'image de la texture discontinue du parcours des jeunes à cet âge de la vie. Elle montre comment les discours sociaux, dominés par l'impératif de l'économique et de la jouissance consommatrice, produisent la figure de l'adolescent contemporain et l'installent dans un entre-deux de plus en plus long et consensuel. Les nouvelles modalités d'organisation des liens intersubjectifs (SMS, chat, mail, réseaux sociaux, contractualisation des relations...) interrogent la manière dont les jeunes cherchent, malgré tout, dans ce monde sans limites, des repères susceptibles de structurer leur être en devenir. La rencontre heurtée avec l'altérité qui surgit, de façon brutale et toujours inattendue, autant imprévisible qu'inexorable, nécessite de leur part un acte créatif, au cœur même de la langue, avec les mots qui les bordent, avec les mots qu'ils ont cueillis sur des chemins de traverse, découpés dans le tissu social contemporain, peu hospitalier à leur singularité et leurs différences. Les adolescents d'aujourd'hui demandent encore à pouvoir désirer le monde et goûter les mots, cet abécédaire en témoigne.
TEBOUL Roger, « Deviens adulte ! L'adolescent entre désir et filiation », Armand Colin éd., 2011, 320p. (Psycho)
Naître à soi-même plutôt que naître du couple de ses parents est le credo de ce début de XXIe siècle. L’injonction faite à l’adolescent de devenir un sujet désirant vient contredire l’idée même de filiation. Les enfants sont aujourd’hui conçus, dans l’immense majorité des cas, parce que les parents les ont désirés ; ou, sinon, l’absence de désir devient un problème. Qu’est-ce que ces désirs ont pu organiser dans la vie psychique de l’adolescent dont il doit se défaire ? Comment chaque individu qui compose la famille se détermine-t-il, le parent qui transmet comme l’adolescent qui s’affilie ? Entre sa famille et les institutions qui le gouvernent, l’adolescent est contraint, pour devenir un individu à part entière, de s’émanciper tout en se soumettant aux lois sociales. La naissance d’un adulte n’est plus une affaire collective mais la seule affaire de l’adolescent, « coaché » par sa famille, l’école, la justice ou la psychiatrie. Alors, « fils de » ou « fille de », un archaïsme ? Un nouveau paradoxe ? À partir de son expérience de pédopsychiatre avec des adolescents en souffrance, l’auteur nous livre une réflexion inédite sur les enjeux actuels de l’adolescence dont celui qui consiste, pour la société, à considérer ce passage d’un point de vue très psychologique, c’est-à-dire individuel.
KLEIN A. (éd), « Les sensations de santé. Pour une épistémologie des pratiques corporelles du sujet de santé », PU Nancy, 2011
Les pratiques corporelles faisant appel à la sensorialité, au vécu sensible et mettant en jeu les sensations se multiplient dans notre société occidentale contemporaine. Sophrologie, kinésiologie, taï chi, qigong, yoga, réflexologie, ostéopathie, shiatsu, eutonie, gélothérapie, massothérapie, relaxation proposent de développer le bien-être, voire pour certaines de participer directement à l'amélioration de la santé. Résultats d'une représentation contemporaine de la santé comme ressenti positif, comme bien-être, voire comme mieux-être, ces nouvelles pratiques de santé interrogent directement la médecine et la société elle-même en questionnant notre représentation de l’Homme. Quelles sont donc ces nouvelles pratiques de santé axées sur la sensation qui émerge dans notre société ? Qu’est-ce que signifie le développement de ces pratiques ? Que nous apprennent-elles sur notre mode de vie, sur notre monde social et sur nous-mêmes ? De quelles manières modifient-elles notre représentation de la santé ? Quelle est l’influence de ces pratiques sociales et individuelles sur la médecine ? Comment se construit finalement notre rapport à la santé, donc à nous-mêmes, au monde et aux autres, avec cet accent mis sur les sensations ? C’est à ces questions que tente de répondre ce volume consacré aux « sensations de santé ». Rassemblant les contributions de philosophes, d’historiens, de psychologues, d’anthropologues, de sociologues, de praticiens de la santé et de médecins, cet ouvrage entend proposer un espace de problématisation des questions contemporaines de santé autour de la sensation. Les sensations de santé se dévoilent comme une interrogation pluridisciplinaire sur l’être humain et sa vie contemporaine.
CORTHIER Gérard, « Bonnes bactéries et bonne santé ! », éd. Quae, 2011 (Carnets de sciences)
Et si pour vivre nous avions absolument besoin des bactéries ? Cette communauté bactérienne qui nous habite, où peut-elle se multiplier sans nous rendre malade ? Savez-vous qu'elle nous aide à nous nourrir en transformant tout ce que nous n’avons pas digéré ? Bien sûr, elle se laisse aller en produisant des gaz odorants, mais sans elle pas de système immunitaire capable de résister aux infections, pas de recyclage des résidus alimentaires. Elle sait également produire des vitamines et est même capable d’éliminer certains déchets toxiques. Savez-vous que nos aliments contiennent aussi des bactéries ? Et si ces bactéries ajoutées à notre alimentation pouvaient également avoir un effet positif sur notre santé ? Ce livre est une porte vers ce monde intérieur dont vous n’entendez que les gargouillis mais qui pourtant dialogue avec vous et vous aide à rester en bonne santé.
HALPERN Catherine (dir), « La Santé. enjeu humain, enjeu de société », éd. Sciences Humaines, 2010, 352p.
Qu'est-ce que la santé ? Soigner et être soigné Inégalités de santé et prévention Le système de santé en débat Questions éthiques
La santé nous concerne tous, malades ou bien portants, patients et soignants. Elle n’est pas qu’une question médicale. Elle interroge notre société, notre culture, notre politique, nos principes éthiques. En ce sens, les sciences humaines sont sollicitées sans cesse pour montrer toutes les facettes de ce champ immense. Ce livre donne la parole aux spécialistes de diverses disciplines : historiens, sociologues, économistes de la santé, psychologues, médecins, infirmiers, ergonomes… Il s’adresse aux particuliers, aux étudiants, comme aux professionnels désireux de nourrir leur réflexion sur un domaine en perpétuel changement. Prévention, soins, patients, soignants, pratiques, éthiques, histoire politique, économie... Ce livre offre un état des lieux sur la santé aujourd'hui. C'est un outil de référence pour tous.
JOBIN Guy, « Sida, rites, hospitalité. Aux croisements de la spiritualité et de la santé », PU Laval, 2011, 330p.
-Quels rapports au sens la maladie soulève-t-elle ? Quels liens les personnes touchées par le VIH/sida établissent-elles entre la perception de leur maladie et leur appartenance religieuse ou leur démarche spirituelle ? Comment des médecins gèrent-ils la présence de manifestations religieuses dans la relation thérapeutique ? En quoi le rite est-il bon pour la santé, bon pour le salut ? Quel lien la spiritualité et le bien-être entretiennent-ils ? Quels enjeux spécifiques rencontre-t-on dans le monde de l’itinérance ou dans celui de la jeunesse, dans la fréquentation des lieux de pèlerinage québécois ou du vodou haïtien ? Accompagner par le toucher ? Accompagner par l’Internet ? Voilà quelques-unes des pistes explorées par des chercheurs et des praticiens d’horizons variés que vous propose ici la Chaire Religion, spiritualité et santé. On trouvera trois genres de textes : des réflexions théoriques précisant les concepts, des recherches de terrain sur la rencontre des traditions religieuses et spirituelles avec la médecine technoscientifique ou traditionnelle et, enfin, des comptes-rendus de pratiques de soin innovatrices ou de prises en charge de personnes en situation de vulnérabilité individuelle et sociale.
LACHANCE Jocelyn, « L'adolescence hypermoderne. Le nouveau rapport au temps des jeunes », PU Laval, 2011, 168p.
Le sentiment de manquer de temps fait désormais partie du quotidien de la plupart d’entre nous, mais qu’en est-il des plus jeunes ? Depuis plusieurs années, les auteurs remarquent la montée du stress chez les adolescents, la tendance chez certains à maximiser leur temps, à vivre dans l’urgence, tout en redoutant l’avenir et en s’intéressant peu au passé... Les technologies de la communication, situées désormais au cœur de la sociabilité juvénile, affecteraient aussi leur rapport au temps en précipitant leur désir d’immédiateté, voire leurs fantasmes d’ubiquité. À partir d’une enquête menée auprès de jeunes de 15 à 19 ans, cet ouvrage révèle le rapport au temps d’une nouvelle génération sommée de répondre à l’injonction d’autonomie dans un monde teinté d’incertitude... Destinés aux chercheurs sur la jeunesse et aux professionnels de l’adolescence, il interroge notre représentation d’une génération souvent stigmatisée par les discours médiatiques.
JEFFREY Denis et LACHANCE Jocelyn (dir), « Codes, corps et rituels dans la culture jeune », PU Laval, 2012, 248p.
Pour comprendre les conduites des jeunes, il faut d’abord savoir comment ils décodent et négocient les contraintes des adultes, comment ils construisent leurs propres codes et leurs propres rituels afin d’affirmer qui ils sont. Même derrière des formes apparentes d’opposition, c’est bien l’envie d’exister et d’être reconnu qui motive leurs comportements. Pour cet ouvrage, nous avons rassemblé des collaborateurs qui proposent plusieurs points de vue sur les conduites juvéniles, mais aussi sur leurs manières particulières d’appréhender la société dans laquelle ils vivent. Malgré la diversité de leurs comportements, tous nos collaborateurs observent chez les jeunes le désir de créer des liens et l’inconditionnelle nécessité de prendre leur place dans le monde.
Georges Vigarello, « Les Métamorphoses du gras. Histoire de l'obésité du Moyen Age au XXe siècle », Seuil, 2013, 384p.
Des cuisses potelées de la Vénus de Botticelli à la dictature contemporaine de la minceur, la signification du gras n’a cessé d’évoluer. La minceur de la féminité : celle de la grâce, du délicat. Longtemps compatibles avec les rondeurs, elle s'est aujourd'hui transformée, gagnant en exigence, en tonicité. La mutation des corps contemporains en a fait un signe majeur d'activité, de mobilité et d'autonomie jusqu'à voir dans l’embonpoint un échec inacceptable de la volonté. En retraçant la genèse d’une obsession toute actuelle, Georges Vigarello élabore avec beaucoup de finesse une histoire des sensibilités à travers les âges. Derrière des portraits de gloutons hauts en couleur et dépréciés, l’inventaire des techniques d’amincissement ou l’autopsie des corps adipeux, il montre que la dictature de l’apparence est fort ancienne ? et multiforme. Une œuvre éclairante et salutaire à l’heure où la question de l’obésité est devenue une question de santé publique.
David Le Breton, « Une Brève Histoire de l'Adolescence », éd. L’œil Neuf, 2013, 144p.
Une approche inattendue de l’adolescence dans la perspective historique . Une analyse pointue de ses mutations contemporaines, prises dans le tourbillon des précarités sociales et familiales.
Sommaire
1. Les « Grandissants »
2. Rites d’initiation des sociétés traditionnelles
3. Adolescences, au fil du temps
4. Émancipation
5. Adolescences liquides
6. Vertiges familiaux
7. Consumérismes
8. La voie du risque
9. Transmettre
David Le Breton, « Signes d’identité. Tatouages, piercings et autres marques corporelles (Métailié),
FILMS
« Afterschool », film de Antonio Campos, 2010
« Thirteen », film de Catherine Hardwicke, 2003
Mots clés :
rupture / déchirure / chute / échec - équilibre / bien être / douceur de vivre - alcool / drogues / tabac - addictions / servitudes - responsabilité - pas de mal à se faire du bien - santé - paradis - droits - risque - XXIe siècle : tout et tout de suite / performance
anthropologie biblique - relier - Alliance
tomber pour mieux repartir - estime de soi - se découvrir - équilibre mental - idées noires - mécanismes de dépendance - tics et TOC - fugue / dépression / suicide
réalité / rêve / virtuel - angoisse / souffrance / insignifiance - jouer (avec) sa vie (sens) - ennui - individu (Sémites <> Grecs) - étonnement / émerveillement / fascination
sexe, drogue and rock’n roll - spiritualité